Pollution de l'air : les grandes villes peuvent mieux faire, selon un nouveau rapport
Paris, Grenoble et Strasbourg sont les grandes villes les plus actives dans la lutte contre la pollution de l'air due aux transports, selon un classement établi par Greenpeace, le réseau action climat (RAC) et l'Unicef France. Montpellier, Nice et Marseille ferment la marche.
"Aucune des grandes agglomérations françaises ne va aujourd’hui assez loin pour protéger efficacement ses habitant-es de la pollution de l’air" : c'est la conclusion sans ambages que livrent Greenpeace, le réseau action climat (RAC) et l'Unicef France, agence onusienne de protection de l'enfance, dans un rapport publié ce 10 décembre.
Les trois organisations ont établi un classement des 12 principales agglomérations françaises afin d'évaluer leur action contre la pollution de l'air à l'échelon métropolitain. Elles ont compilé les politiques engagées sur 17 points, répartis en six "enjeux clé", assortis chacun d'un "coefficient" d'importance : mise en place de zones à faibles émissions (ZFE) et sortie des véhicules polluants, réduction de la place de la voiture, aides financières à la transition des modes de déplacement, développement du vélo, des transports en commun, mesures spécifiques pour les enfants.
"En bonne voie", "encore timides" ou "en retard"
Résultat "il n'y a aucune ville exemplaire", relève Lorelei Limousin, du RAC, mais certaines font plus d'efforts que d'autres et se classent "en bonne voie", meilleure catégorie du classement, avec en tête Paris, Grenoble puis Strasbourg. Suivent, classées comme "encore timides", Lyon, Nantes, Bordeaux et Lille à égalité, Rennes puis Toulouse. Fermant la marche, "en retard", viennent Montpellier, Nice et enfin Marseille.
Aucune des 12 n'arrive à actionner tous les leviers à la fois, même si Paris, Grenoble et Lyon n'ont aucun thème "en retard".
A quelques mois des municipales, les organisations espèrent "interpeller les candidats" et "informer les électeurs" sur ces questions, souligne Sarah Fayolle, chargée de campagne transports chez Greenpeace. "Les villes ont les compétences et accumuler du retard au lieu d'accélérer la transition serait irresponsable" en matière de lutte contre le réchauffement climatique, souligne Lorelei Limousin.
La France fait d'ailleurs l'objet d'une procédure judiciaire de l'Union européenne pour dépassement des normes en matière de pollution de l'air, causée notamment par les émissions dues au transport routier. Sur ce point, "très peu d'agglomérations avancent vers une sortie du diesel ou assument l'ambition d'une sortie du tout voiture", relève Sarah Fayolle.
Paris bien placée grâce à sa ZFE
Seule la capitale, dont la politique sur ce point de la maire Anne Hidalgo a été très contestée, est ainsi notée "en bonne voie" sur les deux thématiques "sortie des véhicules polluants" et "réduction de la place de la voiture", Strasbourg l'étant pour la première et Grenoble pour la seconde. Paris se distingue par sa ZFE, déjà opérationnelle sur une partie du territoire métropolitain (49 communes du Grand Paris ont rejoint le dispositif). L’objectif fixé dans cette ZFE est une sortie complète du diesel en 2024 et une sortie de l’essence en 2030.
Seules Grenoble, Strasbourg et Nantes sont "en bonne voie" en matière de mesures particulières pour les enfants, avec notamment des "rues scolaires" autour des écoles, fermées aux heures de passage d'élèves ou le développement de "vélo-bus" ou "pédi-bus" pour accompagner les enfants.
Le retard marseillais
En bas de classement, la cité phocéenne n'obtient un score "encore timide" que pour les aides à la transition, se classant "en retard" pour tous les autres chapitres, que ce soit l’abandon du tout-voiture, le développement du vélo, l’offre et l’usage des transports en commun, ou la protection des enfants face à la pollution de l’air. Une bonne nouvelle à noter cependant, selon les promoteurs de l'étude : "la métropole marseillaise travaille actuellement sur un projet de zone à faibles émissions pour limiter la circulation des véhicules polluants dans la ville, mais dont l’ambition reste floue à ce stade".
D’autres agglomérations, comme Lyon et Nantes, se démarquent positivement sur certains enjeux (alternatives à la voiture, aides à la transition ou protection des enfants), mais sont jugées encore trop timides notamment sur la sortie des véhicules polluants et la réduction de la place de la voiture dans l’espace public. "Un grand nombre d’agglomérations restent trop en retrait sur l’ensemble des thématiques considérées : c’est le cas de Lille, Bordeaux, Rennes ou Toulouse. Montpellier et Nice sont même très en retard, ce qui les rapproche de Marseille en toute fin de classement", souligne le rapport.
Sur les six thématiques étudiées, une trentaine de recommandations aux élus sont présentées à la fin du document. Elles vont de la mise en place de ZFE à celle de rues fermées à la circulation aux horaires de sortie d'écoles et de crèches en passant par des aides financières à la transition, la généralisation de la baisse de la vitesse à 30 km/h dans l'agglomération, la mise en place d'un réseau express vélo REV) ou encore des couloirs réservés et des priorités de circulation aux carrefours pour les lignes de bus structurantes.