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Pollution de l'air dans la vallée de l'Arve : faute de "baguette magique", Nicolas Hulot propose une méthode de travail

Nicolas Hulot a déployé vendredi 29 septembre au pied du Mont-Blanc sa méthode pour accompagner les initiatives de lutte contre les différentes sources de pollution qui empoisonnent l'air de la vallée de l'Arve (Haute-Savoie).  Les normes légales de dioxyde d'azote (NOX), de particules fines et de benzo(a)pyrène y sont en effet trop souvent dépassées.
Après une matinée d'échanges avec les élus et les associations, le ministre d'Etat de la transition écologique s'est frotté à la cinquantaine de manifestants venus dire leur exaspération après "40 ans d'attente". "Faites-moi confiance, c'est une étape. Je n'arrive pas avec une baguette magique. Si vous en avez une, donnez-la moi!", a demandé Nicolas Hulot, qui était accompagné d'Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et d'Elisabeth Borne, ministre des Transports. Pas d'annonces fracassantes donc, ni "de plan abouti" mais "un plan à coconstruire" avec les collectivités et les citoyens, "d'ici mars 2018" pour passer au crible les politiques locales et les expérimentations. Et "faire de la vallée un cas d'école à dupliquer", selon Nicolas Hulot.
A propos des transports, "le report modal" de la route vers le rail "ne se décrète pas", a reconnu Elisabeth Borne. La ministre n'a pas caché que l'engagement ferme de la France dans le projet Lyon-Turin, réaffirmé par le président Macron lors du sommet franco-italien du 27 septembre, allait aider à débloquer certains sujets frontaliers. Comme l'autoroute ferroviaire des Alpes (AFA), qui passe plus au sud via le tunnel du Mont-Cenis, dont la concession pour une décennie doit être attribuée en 2018. L'ambition serait "de revenir au niveau de trafic fret d'il y a dix ans ", a avancé Elisabeth Borne. Les tenants du rail pour contrer les 550.000 camions qui transitent tous les ans par le tunnel du Mont-Blanc parlent d'une actuelle utilisation à seulement 20% des capacités de l'ouvrage.
Par ailleurs, le sujet de l'interdiction en 2019 des poids lourds de norme Euro 3 en transit pourrait aboutir avec les Italiens lors de la prochaine Commission intergouvernementale de contrôle (CIG). Les habitants reconnaissent une avancée, tout en rappelant que ça ne représente que 4% du trafic.

"Pari sur la sincérité"
 

Quant à la fraude au système antipollution AdBlue sur les camions modernes de classe Euro 5 et 6, une expérimentation de contrôle a démarré et Nicolas Hulot compte "demander à (son homologue du Budget) Gérald Darmanin de saisir les douanes" pour renforcer les contrôles. Pour offrir des alternatives aux transporteurs locaux, une deuxième station de gaz va ouvrir dans la vallée pour permettre à des entreprises d'introduire dans leur flotte des camions roulant au GNV. Une limitation de la vitesse toute l'année et non plus seulement pendant les pics de pollution est aussi à l'étude. Les transports par TER seront aussi accompagnés, et le gouvernement réfléchit à penser "la ligne en global" d'Annemasse, près de Genève, au fond de la vallée.
Alors que le chauffage au bois est pointé du doigt comme le principal émetteur de particules en hiver, l'Etat a en outre annoncé une prolongation du fonds qui aide à remplacer un appareil ancien par un neuf à la combustion performante. Côté rénovation de l'habitat, 7 millions en 5 ans seront disponibles pour les opérations de l'Agence nationale de l'habitat.
Enfin, le Fonds Air-Industrie devrait s'étendre à toute la vallée, pour accompagner les usines qui s'efforcent de réduire leurs émissions.
Les associations ont plutôt goûté cette nouvelle méthode de travail. "Pas de solution miraculeuse, c'est plutôt rassurant. Nicolas Hulot nous a montré une volonté politique", a souligné à l'AFP Simon Mitral de l'Association pour le respect du site du Mont-Blanc (ARSMB). Pour Anne Lassman-Trappier, présidente d'Inspire, "ils ont compris le message clé : agir sur toutes les sources de pollution". "Espérons qu'en mars on n'en aura pas perdu en route", a-t-elle souligné, notant le peu de mention faite du rôle de l'industrie lors de cette journée. "C'est un pari sur la sincérité" de Nicolas Hulot, a estimé Eric Fournier, maire (UDI) de Chamonix. "En mars, on signe, mais sur tout. Nous serons d'une exigence extrême sur les résultats."
 

Paris respire un peu mieux, mais les concentrations de particules et de dioxyde d'azote restent élevées
La qualité de l'air était "en amélioration" à Paris en 2016 mais les concentrations de particules et de dioxyde d'azote "restent problématiques", avec des dépassements "importants des valeurs limites", écrit Airparif, l'organisme de surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France, dans un rapport mis en ligne le 29 septembre, deux jours avant la journée sans voiture organisée ce dimanche 1er octobre dans la capitale.
Concernant les particules PM10 (d'un diamètre inférieur ou égal à 10 microns), la valeur limite journalière (50 microgrammes/m3 à ne pas dépasser plus de 35 jours par an) "est largement respectée en situation de fond", c'est-à-dire loin des axes de circulation, note Airparif. Mais "le nombre de jours de dépassement est plus important qu'en 2015" avec des dépassements de valeurs limites journalières observés "à proximité du trafic routier", précise l'organisme. En 2016, comme l'année précédente, "environ 200.000 personnes" étaient "potentiellement exposées à un dépassement de la valeur limite journalière, soit environ 10% des Parisiens", estime-t-il.
Pour le dioxyde d'azote, émis notamment par les moteurs diesel, la valeur limite annuelle (40 microgramme/m3 en moyenne annuelle) comme la valeur limite horaire (200 microgramme/m3 en moyenne horaire à ne pas dépasser plus de 18 fois par an) ont été dépassées. Pour ce polluant, les dépassements de la valeur limite annuelle ont été relevés au-dessus et au voisinage des grands axes routiers et dans le centre de l'agglomération parisienne. "Les concentrations y sont plus de deux fois supérieures au seuil réglementaire", relève Airparif. Les concentrations sont "généralement plus soutenues" rive droite, "le réseau routier y étant plus dense et constitué d'axes de plus grande importance", ajoute-t-il.
"Les efforts de Paris pour améliorer la qualité de l'air et protéger la santé des citoyens portent leurs fruits", a estimé la mairie de Paris dans un communiqué. Elle "se réjouit de ces résultats" qui, selon elle, "confirment sa stratégie de soutien aux circulations douces et de réduction de la place de la voiture individuelle polluante".

 

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