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Transports / Environnement - Pollution : circulation alternée reconduite en Ile-de-France, Lyon s'y met à son tour

La circulation alternée a été prolongée ce jeudi 8 décembre pour la troisième journée consécutive à Paris et dans sa banlieue, une première, même si l'impact de cette mesure a été amoindri par les automobilistes qui ont peu respecté la consigne visant à réduire un pic de pollution hivernal inédit depuis 10 ans. Lyon et Villeurbanne mettront également ce dispositif en place à partir de vendredi, et ce pour la première fois (lire notre encadré ci-dessous).
La mesure a cependant été peu probante mardi 6 décembre à Paris, car trop peu respectée par les automobilistes, selon un bilan d'Airparif. L'association de surveillance de la qualité de l'air sur la région a estimé que le trafic s'était trouvé réduit de seulement 5 à 10% par rapport à une journée habituelle. En 2014, lors d'une précédente journée de circulation alternée, il avait été réduit de près de 20%, permettant un recul de la pollution de 6 à 10% en moyenne selon les polluants, et jusqu'à 20% en heures de pointe.
Une grande partie de la France souffre depuis plusieurs jours d'un épisode de pollution aux particules. La région lyonnaise mais aussi Grenoble, Rouen, Dunkerque, Calais, Lille, ou encore les zones urbaines des pays de Savoie, sont concernées.
Dans la capitale, "on est sur un épisode record depuis dix ans", a indiqué Karine Léger, porte-parole d'Airparif. Pour ce jeudi, l'organisme de surveillance de la qualité de l'air a encore prévu un "possible dépassement du seuil d'alerte" (soit plus de 80 microgrammes/m3 de particules). Un record a été battu le 1er décembre, avec des concentrations de particules à 146 microgrammes/m3.
A l'origine de cette situation, les émissions issues plus particulièrement du chauffage au bois et du trafic routier, conjuguées à une absence de vent et des températures qui créent un couvercle d'air chaud et maintiennent les particules près du sol. Ce genre de crise prolongée se produit le plus souvent au printemps ou en été, pendant une canicule. En hiver, cela ne dure généralement qu'un jour ou deux. Mais cette fois l'épisode pourrait se maintenir jusqu'en fin de semaine, en raison de l'anticyclone très stable installé sur toute une partie de l'Europe.
Pour la quatrième fois en 20 ans, l'Etat a imposé mardi un dispositif de circulation alternée. Mercredi, c'était au tour des plaques d'immatriculation impaires d'avoir le champ libre, et les transports en commun étaient de nouveau gratuits. Jeudi, ce sera au tour des plaques paires. Pour autant, le dispositif inclut de nombreuses dérogations. Et en début de journée mercredi, le cumul de bouchons sur les routes était de nouveau très important. Depuis mardi la suspension de circulation du RER B entre Paris et Roissy, puis l'interruption mercredi du trafic en gare du Nord, sont venues ajouter aux perturbations, la présidente (LR) de la région, Valérie Pécresse, appelant à suspendre la circulation alternée. Mardi, plus de 10.000 véhicules ont été contrôlés et 4.064 infractions relevées, selon la préfecture de police.
Mais la circulation alternée a ses limites, car elle ne vise pas les véhicules les plus polluants, comme le soulignait un rapport parlementaire début 2016. C'est surtout la pollution de fond qui préoccupe les médecins, celle qui expose encore un Parisien sur deux, tout au long de l'année, à des niveaux supérieurs à la règlementation. Certes la situation s'est améliorée : en 2007, 9 Parisiens sur 10 étaient concernés par cette surexposition. Depuis, des progrès ont été faits notamment du côté des industries.
Pour autant, la pollution de l'air reste à l'origine de 42.000 décès prématurés dans le pays, selon l'OMS, lui coûtant aussi plus de 100 milliards d'euros annuels, selon un rapport sénatorial. Les particules provoquent notamment des affections respiratoires mais aussi des cancers, tout comme le dioxyde d'azote (NO2), qui a aussi connu une poussée cette semaine.

AFP

Circulation alternée : Lyon s'y met pour la première fois, à partir du 9 décembre
Le préfet du Rhône a décidé "par anticipation" la mise en place de la circulation alternée à Lyon et dans la ville voisine de Villeurbanne à partir de vendredi 9 décembre en raison d'un "épisode durable de pollution atmosphérique aux particules fines", a annoncé la préfecture ce 7 décembre. C'est la première fois que cette mesure est appliquée dans l'agglomération lyonnaise. Elle intervient en plein milieu de la traditionnelle Fête des Lumières qui va drainer de jeudi à samedi des centaines de milliers de personnes vers le centre-ville. De surcroît, les transports en commun de l'agglomération sont perturbés depuis plusieurs jours par une grève. Seuls les véhicules avec une plaque d'immatriculation se terminant par un chiffre impair pourront circuler vendredi à partir de 5h00, a précisé la préfecture dans un communiqué.
Le relevé de situation fourni mercredi midi a fait apparaître un taux de 90 microgrammes de particules fines par mètre cube d'air, faisant suite aux 80 observés mardi et aux 76 de lundi, les jours précédents étant à un niveau nettement inférieur.
Le cadre réglementaire actuel prévoit que la circulation alternée en agglomération lyonnaise est déclenchée lorsque le seuil de 80 microgrammes/m3 est atteint ou dépassé quatre jours de suite. Bien que ces conditions ne soient pas réunies mais, compte tenu des prévisions qui indiquent que le seuil de 80 microgrammes/m3 est susceptible d'être de nouveau dépassé ce jeudi, le préfet Michel Delpuech a décidé cette mesure de circulation alternée "par anticipation". Le préfet a rappelé qu'il s'agissait d'un épisode de pollution lié à la combustion. Les industriels ont aussi été invités à réduire leurs émissions. Il a invité également les opérateurs et les particuliers à réduire les sources de chauffage par combustion.
Le préfet a informé de sa décision le sénateur maire de Lyon, Gérard Collomb, en l'invitant à mettre en oeuvre toutes les mesures permettant la gratuité des transports en commun. Le maire de Villeurbanne, Jean-Paul Bret, a également été informé. AFP