Tourisme - Politique d'accueil touristique : pour l'Assemblée, il reste encore de la marge...
Jeanine Dubié, députée (Radical) des Hautes-Pyrénées, et Philippe Le Ray, député (apparenté Les Républicains) du Morbihan, ont remis leur rapport sur "l'évaluation de la politique d'accueil touristique", réalisé au nom du comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques de l'Assemblée. Cette évaluation a pour ambition "de définir les objectifs de la politique d'accueil des touristes en France, de mesurer l'efficacité des leviers publics utilisés et de proposer des mesures d'amélioration".
Atténuer la "perte de repères" des touristes
Si la mobilisation du gouvernement sur le sujet, sous l'égide du ministre des Affaires étrangères, est "unanimement saluée", le bilan apparaît néanmoins mitigé. Les rapporteurs considèrent en effet que "le maintien de la France en tête du classement [des destinations mondiales, ndlr] ne saurait susciter un enthousiasme sans mélange dans la mesure où notre pays perd régulièrement des parts de marché". En outre, "les visiteurs dépensent moins en France que dans d'autres pays à fort potentiel touristique comme l'Espagne ou les Etats-Unis" (même si cette situation est accentuée par le fait que la France est un pays de transit, où certains touristes ne font que passer).
Si le rapport ne s'attarde pas sur les raisons de cette situation - maintes fois documentées -, il se montre en revanche très prolixe sur les propositions, en distinguant orientations générales et mesures spécifiques parfois très concrètes.
Du côté des orientations, on retiendra notamment la nécessité de capitaliser sur une vingtaine de destinations au maximum, la professionnalisation de la stratégie marketing, le renforcement de la sécurité des visiteurs (sur le modèle du plan de sécurisation des touristes à Paris), ou encore la nécessité d'"atténuer la perte de repère et de fluidifier les parcours des touristes, grâce à un environnement plus convivial". Ce dernier point vise notamment la poursuite de la transformation de Roissy ou l'amélioration des gares et des stations de métro.
Le rapport préconise aussi un développement et une diversification de l'offre d'hébergement, avec un enjeu majeur : celui de la modernisation d'un secteur hôtelier aujourd'hui fragilisé.
Encore un effort pour être accueillant...
Le rapport ne pouvait bien sûr ignorer un autre élément plus psychologique : la nécessité de "faire évoluer le regard de la population française" (comprendre "le comportement des Français vis-à-vis des touristes"). Les rapporteurs suggèrent donc d'encourager le bénévolat en mettant en valeur les associations de bénévoles accueillant les touristes par une exposition privilégiée sur les sites internet des offices de tourisme. Plus angélique : il préconise aussi de "susciter la curiosité et l'hospitalité", notamment par des campagnes d'information.
Parmi les 25 propositions très concrètes formulées par le rapport, on retiendra notamment la meilleure orientation des touristes par une signalétique simple et compréhensible sur l'ensemble du territoire (notamment sur les lieux d'arrivée ou de transit), l'amélioration de l'accessibilité des régions aux touristes étrangers (en favorisant les liaisons interrégionales et en étudiant l'ouverture de lignes internationales régulières dans les aéroports régionaux) ou encore la création d'un fonds d'investissement dédié à la rénovation des résidences de tourisme.
Une autre proposition vise à "professionnaliser l'accueil des touristes", par exemple en imposant la maîtrise de l'anglais de base pour l'accès à certaines professions comme les agents des musées nationaux et les chauffeurs de taxi. Un nouveau conflit à la Uber en perspective ?...