Attentats - Police municipale : l'exposition des agents oppose les syndicats
Vive polémique parmi les syndicats de police municipale. Alors que les maires s'étaient retrouvés, mercredi 18 novembre, lors un rassemblement national au Palais des Congrès pour assurer l'Etat de leur mobilisation dans la lutte contre le terrorisme, les syndicats, eux, s'écharpaient sur la question de leur participation. Quatre organisations représentatives (CGT, CFDT, Unsa et FA-FPT) se sont ainsi fendues d'un communiqué pour dénoncer "l'indécence" d'autres syndicats appelant "l'ensemble des policiers municipaux à abandonner la voie publique et par là même la protection de celles et ceux qu'ils se sont engagés à protéger". "Nous dénonçons ces communiqués irresponsables, les rédacteurs de ceux-ci ne peuvent se prévaloir d'appartenir à un corps de police", fustigent-ils. Les quatre syndicats demandent au contraire à l'ensemble des policiers municipaux d'être présents "au plus près de nos concitoyens dans l'espace public" et d' "opérer avec la plus grande visibilité pour rassurer celles et ceux à qui les événements du vendredi 13 novembre font craindre pour leur sécurité au quotidien". Ils les invitent par ailleurs "à exercer leurs missions avec la plus grande vigilance, à se doter de tous les éléments de sécurité ou d'armement dont ils peuvent être dotés, à l'intérieur comme à l'extérieur des postes de police".
La charge visait l'initiative de syndicats minoritaires, qui, samedi, ont appelé au retrait des agents au motif qu'ils n'étaient pas équipés pour faire face à des armes de guerre. Visée au même titre que le SNPM-CGC ou l'USPPM, la Fnact-CFTC a démenti, jeudi, tout appel au retrait. "Si nous pouvons comprendre le besoin de certains agents d'user de leur droit de retrait face à une situation critique, au cas par cas, nous restons cependant convaincus que les personnels publics doivent rester mobilisés et assurer leurs missions vitales, en particulier dans des situations d'urgence comme celle-ci", a-t-elle tenu à rectifier. "Aussi, si certains de nos policiers municipaux ont pu exprimer leur souhait de retrait face aux risques encourus, cette situation n'a été que l'expression d'une infime minorité. La plupart de nos représentants CFTC de la police municipale sont et ont été fortement investis dans leur rôle pour faire face au drame de ces attentats et prévenir toute récidive."
Dans son intervention au rassemblement des maires de France, mercredi, le président de la République a promis de "protéger nos policiers municipaux en finançant leur équipement et en apportant aux maires qui le souhaitent les armes qui seront prélevées sur les stocks de la police nationale", sans préciser s'il s'agissait de mesures nouvelles ou bien de celles déjà décidées après les attentats de janvier au cours desquels Clarissa Jean-Philippe, une policière municipale de 26 ans, avait été assassinée (voir ci-contre notre article du 19 novembre 2015). Dès lundi, dans un courrier adressé au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, la FA-FPT a relancé la question de l'armement. "Vous connaissez notre attachement à la libre administration des collectivités territoriales, mais dans ce cas particulier le seul choix qui doit être laissé c'est le choix d'avoir une police municipale armée ou de ne pas en avoir", fait valoir le syndicat qui demande également de rendre possible le port de l'arme de service en dehors des heures de travail.
Les policiers nationaux pourront garder leur arme hors service
S'agissant de la police nationale, la Direction générale de la police nationale (DGPN) a donné son feu vert ce 19 novembre : les agents (les policiers actifs à l'exception des élèves, des adjoints de sécurité et des réservistes) vont désormais être autorisés pendant la durée de l'état d'urgence à détenir leur arme de service 24h/24. Jusqu'à présent, le port de l'arme était autorisé sous de strictes conditions, durant le trajet du policier entre le domicile et le travail, et à la condition de porter systématiquement un gilet pare-balles. La décision assouplit considérablement les conditions de port d'arme des policiers hors service, pour leur permettre en cas de danger de se protéger voire de protéger la population dans les lieux publics.
Ce droit à être armé s'accompagnera toutefois de certaines contraintes : il faudra aviser sa hiérarchie de la conservation de son arme, porter un brassard de police sur soi pour pouvoir s'identifier et respecter le nombre de séances de tirs réglementaires. "C'est finalement le b-a-ba pour chaque policier", a estimé Patrice Ribeiro, du syndicat Synergie Officiers, le 19 novembre sur BFMTV.