Police de sécurité du quotidien : Gérard Collomb lance une "large concertation"
Le ministre de l'Intérieur a lancé, le 28 octobre, depuis La Rochelle, la concertation sur la future police de sécurité du quotidien. Cette concertation se déroulera jusqu'au 20 décembre, pour une expérimentation prévue dans une quinzaine de sites début 2018. Cette police sera "sur mesure", "mieux équipée", "plus connectée", "partenariale" et aussi "plus efficace", a développé le ministre.
C'est depuis La Rochelle que le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a officiellement lancé, samedi 28 octobre (avec quelques jours de retard), la concertation sur la future "police de sécurité du quotidien" (PSQ). Histoire de montrer que cette nouvelle police plus proche du terrain, voulue par le président de la République, partira de "la base en allant vers le haut". Cette "large concertation" sera conduite aux plans national (avec les organisations syndicales, y compris celles de la police municipale, les associations d'élus...) et local et sur la base d'un questionnaire envoyé aux 250.000 policiers et gendarmes. Le ministre a ainsi annoncé avoir envoyé une lettre aux préfets le même jour pour leur demander de préparer la consultation locale. Celle-ci associera dans chaque département, "les associations d'élus, organisations syndicales de la police et instances de concertation de la gendarmerie, représentants des policiers municipaux, acteurs de la sécurité privée et des transports, la justice, les associations, les usagers, les bailleurs sociaux ainsi que des universitaires", précise le ministère, dans un communiqué du 28 octobre.
La concertation se déroulera jusqu'au 20 décembre. Elle donnera lieu à la rédaction d'une "feuille de route", qui sera "la référence pour les prochaines années en matière de sécurité publique" et pourra "donner lieu à des évolutions législatives et règlementaires". Les conclusions seront livrées "dans les cinq jours" qui suivront la fin de la consultation, a précisé le ministre (soit aux environs du 25 décembre), afin de permettre les premières expérimentations au début de l'année 2018 dans une quinzaine de sites. Ces sites refléteront "la diversité du pays et de ses problématiques (quartiers urbains, zones péri-urbaines, territoires ruraux), dans l'hexagone et outre-mer", ajoute le ministère.
Une police équipée de tablettes
La PSQ devra être "sur mesure", "mieux équipée", "plus connectée", "partenariale" et aussi "plus efficace", a déroulé le ministre.
Le "sur mesure" passera par "la déconcentration de certaines décisions" et une "association plus étroite des maires", a insisté l'ancien maire de Lyon. En matière d'équipement, le ministre a assuré que les dotations de l'Etat se monteraient cette année à 150 millions d'euros, soit 50 de plus que les années précédentes. 30.000 véhicules seront livrés d'ici cinq ans, 60.000 gilets pare-balles d'ici fin 2018 et... 115.000 tablettes numériques. Car pour Gérard Collomb cette police du quotidien doit profiter de la "transition numérique". "Ce sera du temps gagné, une efficacité accrue et un lien de confiance rétabli", a-t-il déclaré. Les policiers n'auront plus besoin d'appeler leur commissariat pour avoir accès aux fichiers lors d'une interpellation, ceux-ci seront accessibles directement depuis leur tablette "Neo".
Policiers et gendarmes disposeront aussi d'une application smartphone pour procéder aux contrôles d'identité. Gérard Collomb compte aussi sur le déploiement des caméras-piétons pour améliorer les relations avec la population. Dans un entretien au quotidien Sud-Ouest paru samedi, il a annoncé l'acquisition de 10.400 caméras-piétons supplémentaires, s'ajoutant aux 2.800 caméras déjà en place sur le territoire.
Mobiliser l'expertise des maires
Le ministre veut aussi un partenariat le plus large possible, associant les élus locaux, les services et bailleurs sociaux, les autorités judiciaires, les polices municipales, la sécurité privée, les associations, les commerçants, les réseaux de voisinage comme les Voisins vigilants... "C'est en mobilisant l'expertise d'un maire que l'on peut prendre les bonnes décisions stratégiques dans la sécurisation ; c'est en travaillant sur les espaces urbains, en s'appuyant sur les réseaux de vidéoprotection municipaux que l'on peut proposer des solutions complètes de sécurité", a-t-il jugé.
Enfin, la mise en place de cette police s'accompagnera d'une réforme de la procédure pénale, pour plus d'efficacité, en remplaçant par des amendes forfaitaires certaines peines jamais appliquées (sur la détention de stupéfiants, les petites incivilités, le harcèlement...).
Par ailleurs, le ministre a rappelé l'engagement du président de recruter 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires pendant la durée du quinquennat. 1.850 le seront dès 2018.