Plus d’un million de nouveaux inscrits à France Travail du fait de la loi pour le plein emploi
Entre "900.000 et 950.000" bénéficiaires du RSA devraient être inscrits à France Travail avec l’application de la réforme pour le plein emploi. S’y ajoutent 130.000 jeunes. France Travail annonce déjà des redéploiements d’effectifs pour adapter son accompagnement.
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Double pression pour France Travail. Le nombre de chômeurs en catégorie A inscrits à France Travail a augmenté de 3,7% sur un an et la Banque de France table sur un taux de chômage de 7,8% en 2025. De mauvaises nouvelles qui tombent pile au moment où l’opérateur public s’attelle à la mise en œuvre exigeante de la loi pour le plein emploi. Faire plus et mieux pour augmenter le retour à l’emploi des bénéficiaires du RSA en mal d’accompagnement et sans effectifs supplémentaires : telle est l’équation à résoudre pour France Travail en coopération avec les autres acteurs de l’emploi.
150.000 orientations depuis janvier
Depuis janvier, l’inscription automatique à France Travail est en train de monter en charge pour recenser les personnes déjà inscrites auprès des différents partenaires de France Travail. "Les équipes sont encore en train de terminer de traiter les fichiers qui ont été transmis par la Cnaf pour faire les inscriptions réelles et le traitement des données mais on peut dire qu'on sera entre 900.000 et 950.000 bénéficiaires du RSA nouvellement inscrits", a déclaré Thibaut Guilluy lors d’une conférence de presse organisée ce vendredi. 260.000 jeunes sont désormais dans les listes de l’opérateur public, parmi lesquels la moitié - 130.000 – n’étaient pas inscrits auparavant, selon les données encore non définitives de la direction. En y ajoutant les primo inscrits, 150.000 personnes ont fait l’objet d’une orientation après entretien téléphonique. Et 50.000 ont d’ores et déjà signé un contrat d’engagement.
Nul doute que France Travail devra mobiliser des moyens supplémentaires pour suivre les allocataires du RSA. Les expérimentations dans les territoires pilotes ont montré que 47% d’entre eux ont été orientés en parcours professionnel, 25% en socioprofessionnel et 28% en social. Reste à voir si les généralisation des nouvelles procédures d’orientation depuis janvier donnera lieu aux mêmes résultats.
En tout cas, ces nouvelles procédures vont permettre de "connaître la réalité des besoins pour chaque personne", affirme Thibaut Guilluy. Avec les tableaux de bord "on va mettre en visibilité l'offre des missions locales, des CAP emploi, des départements mais aussi de l'insertion par activité économique. Et à partir de ce moment-là, on va se rendre compte du différentiel entre le besoin des personnes et l'offre qui est disponible sur le territoire et si elle est adaptée".
Un millier de conseillers supplémentaires auprès des allocataires du RSA
Bien qu’automatisée, la procédure d’orientation devra cependant tenir compte des marges de manœuvre locales, notamment en cas de portefeuilles "saturés" ça et là. D’où l’intérêt des comités locaux pour l’emploi afin d’affiner qui fait quoi. Thibaut Guilluy annonce entre 370 et 380 bassins de vie au total, dont 200 comités locaux déjà mis en place, "mais surtout une centaine sur lequel on met en place la méthodologie France Travail".
D’ici là, du côté de France Travail, au moins un millier d’agents seront redéployés en 2025 vers l’accompagnement des bénéficiaires du RSA, ce qui permettra de réaliser "plus de 100.000 accompagnements supplémentaires", selon Thibaut Guilluy. Ces redéploiements sont attendus grâce à différents gains d’efficience. L’enjeu c’est de "supprimer, simplifier, automatiser toute la charge administrative, de reporting" afin de pouvoir "la redéployer sur les priorités".
Mobilisation générale
Face à l’ampleur de la tâche, le préfigurateur de la réforme la nécessité d’un travail collectif. "Ce n’est pas France Travail seul qui doit endosser la responsabilité de prendre en charge toutes les personnes pour qui il n’y aurait pas de solution sur le territoire. S'il manque des offres d'accompagnement pour 3.000 bénéficiaires du RSA dans tel département, c'est bien les services de l'État avec le département qui devront décider s'ils investissent ou non pour pouvoir apporter une réponse", a indiqué Thibaut Guilluy.
Une mobilisation générale qu’il appelle de tous ses vœux afin d’amplifier les résultats des expérimentations qu’il juge déjà positifs. Sur les 17 territoires qui expérimentent la réforme depuis 2023,14 présentent déjà une baisse du RSA supérieure au reste du département dans lequel ils sont, dont 7 supérieure à 10 points. L’augmentation du taux de retour à l’emploi, qui doit être confirmée par une évaluation de la Dares, serait de 3 à 5 points. "Ce sont des chiffres qui vont être amenés à évoluer et j’espère positivement puisque le déploiement des systèmes d’information et la montée en compétence des équipes sont tous des leviers qui vont permettre d’améliorer l’efficacité de l’accompagnement intensif", souligne Thibaut Guilluy.