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Grand Marseille : Emmanuel Macron veut faire de la métropole le "laboratoire de l'école du futur"

Le séjour du chef de l'État à Marseille aura duré trois jours du 1er au 3 septembre 2021. Une durée exceptionnelle à la mesure de la métropole des superlatifs. Géante, la métropole marseillaise concentre aussi les difficultés : écoles, habitat insalubre, insécurité, transports... Le chef de l'État a promis des aides pour "donner un nouvel élan à Marseille" mais sans "grand plan, ni chèque en blanc". 

Le délabrement officiel de 174 écoles "tel que l'apprentissage y est devenu impossible", la prolifération de logements insalubres à l'origine de la mort de huit personnes le 5 novembre 2019 rue d'Aubagne, l'enclavement des quartiers Nord dépeint avec brio dans le film "Bac Nord"... sont désormais aussi connus que l'insécurité liée au trafic de drogue de la métropole marseillaise, sa pénurie de transports en commun – deux lignes de métro pour une ville "grande comme deux fois et demie Paris". Au terme de trois jours de visite où il a pu entendre les "attentes colossales", le président de la République a annoncé que l'État aiderait à financer des projets mais sans "grand plan, ni chèque en blanc". 

"Je pense qu'aider aujourd'hui Marseille à réussir, c'est bon pour le pays tout entier", a déclaré Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 devant un parterre d'élus. Une idée pas tout à fait nouvelle. On se souvient d'un comité interministériel, en 2012, qui s'était tenu sous la houlette de Jean-Marc Ayrault et dont l'ambition était déjà de faire de "l'agglomération marseillaise […] une grande métropole et le pôle de rayonnement dont la France a besoin au sud du bassin rhodanien et sur la rive nord de la Méditerranée" (voir notre article du 7 septembre 2012) et qui dénonçait déjà "des années d'inertie". Depuis, dans l'agglomération devenue métropole depuis la loi Maptam de 2015, les difficultés s'enkystent.

Nouvelle méthode dans 50 écoles dès la rentrée 2022

Dans son discours, le président a donc proposé de faire de Marseille "le laboratoire de l'école du futur" où "une nouvelle méthode" serait testée dans 50 écoles de la ville dès la rentrée prochaine. Emmanuel Marcon souhaite expérimenter une école "qui n’existe pas en France", dans laquelle les directeurs pourront "choisir leur équipe pédagogique" et "associer des acteurs extrascolaires" au projet pédagogique. 
Cinquante écoles de la ville seront identifiées avec les élus, les familles, les parents d’élèves, les associations et les enseignants, "dans les tout prochains mois". "On pourra donc adapter, repenser les projets d’apprentissage, les rythmes scolaires, les récréations, la durée des cours, les façons d’enseigner", dès la rentrée 2022-2023. Le président évoque la duplication du dispositif "dans plusieurs autres quartiers de la République", s’il se révèle "concluant".
Par ailleurs, le chef de l'État propose d’ouvrir dès la rentrée 2022 dix micro-collèges et dix micro-lycées à Marseille - des classes d’une vingtaine d’élèves, intégrées aux établissements existants -, dans les quartiers les plus en difficulté pour apporter "la réponse éducative qui convient" aux décrocheurs "très jeunes".

Rénovation du bâti scolaire : "des subventions" et "des avances remboursables"

Très attendu par la municipalité sur la question de la rénovation du bâti scolaire marseillais, Emmanuel Macron a annoncé qu'une SPLA-IN (société publique locale d'aménagement d'intérêt national) sera créée "d’ici la fin de l’année", dédiée à la rénovation et à la reconstruction des écoles les plus dégradées. Pilotée par l’État, elle sera présidée par le maire de Marseille, Benoît Payan. Le président souhaite que les nouvelles écoles proposent "des locaux modulables, adaptés aux pratiques sportives, artistiques et aux innovations pédagogiques". Il ne s’engage pas sur le budget qu’apportera l’État dans cette société, mais annonce "des subventions" et "des avances remboursables". "La mise en place d’une SPLA-IN permettra d’accélérer la rénovation et la reconstruction des écoles, notamment en rassurant les banques grâce à un partenariat public-public", s'est félicité Pierre-Marie Ganozzi, adjoint au maire de Marseille en charge du plan école, du bâti, de la construction, de la rénovation et du patrimoine scolaire.

150 millions d’euros pour un hôtel de police et 200 policiers de plus dès 2022

Sur le plan sécuritaire, Emmanuel Macron a annoncé 150 millions d’euros pour un hôtel de police et 200 policiers de plus dès 2022. Le 1er septembre au soir, dans les quartiers nord de Marseille, Emmanuel Macron est allé à la rencontre des policiers du commissariat central de la division Nord. Le président a annoncé une "accélération" de l’arrivée des 300 policiers supplémentaires prévus sur Marseille, qui devait se faire sur trois années à compter de 2021. Une centaine de policiers supplémentaires ont déjà été affectés dans la cité phocéenne. "Compte tenu de l’évolution de la situation et de l’efficacité qu’on observe", les 200 fonctionnaires restant arriveront finalement dès 2022.

Sur la question matérielle, le président a assuré que le renouvellement supplémentaire de 220 véhicules de police se ferait en 2022 à Marseille, soit le "deuxième tiers" du parc automobile. Le déploiement des caméras-piétons pour les policiers sur la voie publique va par ailleurs être accéléré. Enfin, Emmanuel Macron a proposé au maire de Marseille que l’État assure le financement du déploiement de 500 caméras de vidéosurveillance supplémentaires notamment dans les quartiers les plus difficiles. "Nous savons que le cancer qui ronge la ville, comme d’autres villes", et qui se "concentre dans certains quartiers, c’est la drogue". "La réponse, elle n’est pas que dans vos mains", a assuré le président. "La réponse profonde" passera par "l’école, le travail avec les familles, le logement, les formations, l’emploi, parfois la destruction de certaines cités et le relogement".

Doublement de l’enveloppe Anru, aides pour les transports

Les thématiques de l'habitat et des transports ont aussi été abordées. Le président de la République a rappelé l’engagement de l’État dans la lutte contre l’habitat indigne et la nécessité "d’accélérer" les projets engagés. Il évoque également un doublement de l’enveloppe Anru pour la ville et ouvre la porte à "une grande opération d’intérêt national".

Le président a également annoncé que l'État aiderait à financer des projets de transports, pour désenclaver les quartiers populaires du nord de la ville, les plus déshérités et touchés par la violence découlant du trafic de drogue. Il s'est toutefois refusé à toute grande annonce chiffrée. Le montant total des nouvelles aides de l'État - 1,5 milliard d'euros, hors rénovation des écoles - a été précisé par la suite par un de ses conseillers. Parmi les projets que l'État aidera, Emmanuel Macron a cité notamment l'automatisation du métro, la création de quatre nouvelles lignes de tramways et de cinq lignes de bus à haut niveau de service.

Les annonces du chef de l'État constituent le point d'orgue d'un séjour très médiatisé, où il s'est montré au côté des habitants, des associations, des policiers, des enfants ou encore des médecins. Malgré l'accueil chaleureux et les clichés fédérateurs, des habitants et élus locaux restaient sceptiques sur le résultat de cette visite, alors que de nombreux plans ont été annoncés depuis des décennies pour Marseille.