Investissements - Plan Juncker : 50 millions d'euros dans les énergies renouvelables en France
La Banque européenne d'investissement (BEI) a signé sa première participation en fonds propres dans le cadre du plan Juncker, jeudi 23 juillet à Paris, au profit de Capenergie 3, un fonds consacré aux infrastructures d'énergies renouvelables. Une première du genre. Intervenant traditionnellement sous forme de prêts ou de garanties, la BEI a cette fois-ci injecté 50 millions d'euros dans ce fonds détenu par la société de capital investissement Omnes Capital. L'objectif du fonds étant d'atteindre 200 millions d'euros pour un investissement total d'un milliard d'euros. "50 millions d'euros qui deviennent 1 milliard d'euros, c'est ça la magie de la BEI", s'est enthousiasmé Fabien Prevost, le président d'Omnes Capital, lors de cette cérémonie, à Bercy, en présence du ministre de l'Economie Emmanuel Macron et du ministre des Finances Michel Sapin.
Le fonds Capenergie 3 investira dans des projets d'infrastructures de production d'énergies renouvelables, essentiellement en France mais aussi en Europe : éolien, solaire, hydro-électricité, géothermie, méthaniseurs… Au total, la société espère ainsi générer entre 500 et 750 MW, avec 1.000 emplois à la clé. "En dix ans, le fonds a déjà financé une trentaine d'investissements correspondant à 1,5 GW, soit à peu près la capacité de deux réacteurs nucléaires", s'est félicité Serge Savasta, son directeur général. "On va faire des petits projets enracinés dans les territoires, a-t-il précisé. Le plan Juncker ne va pas s'intéresser qu'à de grands projets." "On a refusé beaucoup de projets qui n'étaient pas impliqués dans un écosystème durable", a-t-il ajouté, assurant travailler de concert avec les collectivités locales. Deux de ces projets sont déjà en route dans l'éolien. Un accord devrait être trouvé "dans les prochains jours" sur un projet de géothermie et un autre en Italie dans le domaine de l'hydro-électricité. "Les énergies renouvelables sont désormais compétitives, la transition énergétique arrive, c'est le moment d'investir", a insisté Serge Savasta.
Lancement officiel du plan Juncker le 22 juillet
L'annonce de cet accord est intervenue alors que l'encre du plan Juncker n'était pas encore sèche : c'est en effet la veille, mercredi 22 juillet, qu'a été signé l'acte de baptême du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), le nom officiel de ce plan, dont le règlement avait été adopté le mois dernier. Mais les autorités européennes ayant souhaité gagner du temps, les premiers projets ont été sélectionnés avant même cette date, grâce à des préfinancements. "A ce jour 14 projets ont été approuvés en Europe pour un peu moins de deux milliards d'euros, dont 3 en France pour un peu plus de 500 millions de financements", a indiqué Ambroise Fayolle, le vice-président de la BEI. C'est la France qui a eu l'honneur d'ouvrir la valse des projets dès le mois de mai, avec une opération de prêts aux PME innovantes. Quelques jours plus tard était retenue une grosse opération de rénovation énergétique de 40.000 logements, à partir de sociétés d'économie mixte régionales, dont la SEM francilienne Posit'IF. Est venu s'ajouter le financement d'une garantie pour une banque régionale franco-allemande, là encore pour financer des projets d'énergies renouvelables. Mais dans ces trois cas, il s'agissait de prêts et de garanties et non d'une participation directe comme dans le cas de Capenergie 3.
Présenté en novembre 2014 pour relancer l'investissement privé en Europe, le plan Juncker a été mis sur pied avec une "très grande célérité", s'est réjoui Ambroise Fayolle. Le FEIS repose sur une garantie de 21 milliards d'euros issus du budget européen et de la BEI. Neuf pays européens se sont à ce jour également engagés à le cofinancer à hauteur de près de 40 milliards d'euros, dont 8 milliards d'euros pour la France, à travers la Caisse des Dépôts et bpifrance. L'objet est d'attirer les investisseurs privés sur des projets risqués et de mobiliser 315 millions d'euros d'investissements en Europe d'ici trois ans.
Reçu le 22 juillet par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président de l'Association des régions de France (ARF) Alain Rousset lui a fait part de la "nécessité de pouvoir mobiliser les crédits de ce plan sur le financement des infrastructures ferroviaires". Il a également "souligné que les régions étaient pleinement mobilisées sur le volet accompagnement des PME", indique l'ARF, dans un communiqué.