Plan d’investissement dans les compétences : un retour d’expérience sur un bilan mitigé, malgré les efforts…

La Dares publie une synthèse de huit monographies régionales qui livre un retour d’expérience sur la manière dont le plan d’investissement dans les compétences a été mis en œuvre dans ces régions sur la période 2018-2023. 

13,86 milliards d’euros : c’est, pour rappel, la somme investie par l’État entre 2018 et 2023 dans le plan d’investissement dans les compétences, qui visait à augmenter le nombre de demandeurs d’emploi formés par rapport à 2017 ainsi qu’à moderniser l’écosystème de la formation professionnelle. D’une ampleur et d’une ambition inédites, cette politique publique a fait l’objet de quatre rapports d’évaluation par un comité scientifique dont le dernier est paru en début d’année (lire notre article). 

Les monographies régionales* qui viennent d’être publiées par la Dares, mercredi 18 septembre 2024, apportent des retours d’expériences du déploiement de ces plans à l’échelle régionale, plans auxquels ont succèdé depuis cette année des "pactes formation" (lire notre article) révisés à la baisse. Leur synthèse donne à comprendre la difficulté à atteindre certains objectifs assignés aux PIC, malgré les efforts fournis. 

Côté relations entre l’État et les régions, chargés de négocier les pactes régionaux, le bilan est sans accroc. La mise en œuvre a davantage posé problème au niveau des Dreets qui ont eu des difficultés à "assurer pleinement la mobilisation et la coordination des nombreux acteurs impliqués". Par ailleurs, "les partenaires sociaux ont très rarement été pilotes d’actions du PIC au niveau régional", contrairement au "quadripartisme" voulu initialement. Enfin, "en l’absence d’une véritable articulation entre les différents instruments du PIC, son déploiement s’est accompagné de phénomènes de concurrence entre dispositifs", peut-on lire dans le compte-rendu. 

Peu de parcours "sans couture"

La synthèse revient sur les efforts et difficultés à intégrer les publics concernés par le PIC. Les appels à projets visant à repérer les publics invisibles ou relevant de l’appel à projet 100% inclusion "n’ont pas constitué un vecteur important de sourcing vers l’offre de formation régionale". La faute, notamment, à un manque de "cohérence d’ensemble de l’offre de formation" qui a nui à leur appropriation par les acteurs de l’accompagnement et de l’orientation, "dont les pratiques n’ont pas été structurellement modifiées". Mais aussi au "manque d’attractivité de certaines formations" et à l’existence "de freins sociaux trop importants". Et, enfin, au contexte économique et sanitaire marqué par la Covid-19. 

Ce n’est pas faute, pour les régions, d’avoir travaillé l’offre de formation préparatoire, destinée à renforcer les prérequis et compétences des demandeurs d’emploi en amont de formations certifiantes. La synthèse résume là aussi les stratégies entreprises au niveau local afin de proposer des parcours qui se voulaient "sans couture" mais qui ont peu eu lieu en pratique. Un bilan "mitigé" que les auteurs du rapport attribuent notamment à "une relative inertie" de la part des organismes de formation qualifiants, exigeant que les freins des demandeurs d’emploi peu qualifiés soient levés avant leur entrée. 

Les achats de formations adaptées aux besoins des entreprises, autre objectif du PIC et eux aussi décrits dans la synthèse, se sont heurtés à la difficulté de mobiliser les entreprises, d’où l’échec du développement des actions de formation en situation de travail, une alternative à la formation classique. 

 

*Les monographies régionales, téléchargeables, concernent l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bretagne, le Centre-Val de Loire, le Grand Est, la Martinique, la Normandie, l’Occitanie, et les Pays de la Loire.