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Plan de relance : des avancées à court terme mais peu de visibilité à moyen terme

Les effets du plan de relance de 100 milliards d'euros lancé en septembre 2020 par le gouvernement commencent à se faire sentir. 47 milliards d'euros ont déjà été engagés, et 29 milliards décaissés, ce qui permet au comité d'évaluation du plan d'affirmer que l'objectif de 70 milliards engagés d'ici fin 2021 sera atteint. Mais le comité met aussi en doute la capacité du plan à avoir un impact à moyen terme sur les économies d'énergie dans les bâtiments, la résilience des chaînes de valeur industrielles ou encore l'insertion professionnelle des jeunes.

L'objectif global de 70 milliards d'euros de France Relance engagés d'ici la fin de l'année 2021 semble atteignable. C'est l'une des conclusions du comité d'évaluation du plan de relance, présidé par Benoît Cœuré, dans son premier rapport publié fin octobre 2021. Si l'évaluation est encore partielle et provisoire, la totalité de ce plan de 100 milliards d'euros s'étalant jusqu'à la fin de l'année 2022, ce premier travail d'analyse fait ressortir quelques points forts. A la fin août 2021, 47 milliards d'euros ont été engagés et 29 milliards décaissés. Représentant 5% du PIB, l'ampleur sans précédent du plan est jugée par le comité proche de celle des plans de relance des principaux partenaires européens de la France. Sur les trois volets que comporte le plan (30 milliards d'euros pour l'écologie, 34 pour la compétitivité et 36 pour la cohésion), les choses avancent à bon rythme. 464.000 dossiers MaPrimeRénov' ont été validés pour un montant de 1,4 milliard d'euros entre janvier et septembre 2021. 81% des bénéficiaires sont des ménages aux revenus modestes et très modestes. En matière de rénovation énergétique des bâtiments publics de l'Etat, 4.214 travaux répartis sur l'ensemble du territoire sont soutenus, représentant un montant de 2,7 milliards d'euros. Les données ne sont pas encore disponibles pour mesurer l'impact réel des rénovations des bâtiments des collectivités, une analyse devrait être réalisée par la direction générale des collectivités locales "d’ici la fin d’année 2021", précise le rapport. Et côté industriel, 11 milliards d'euros de projets d'investissement sont subventionnés à hauteur de 2,4 milliards d'euros. Il s'agit principalement de projets portés par des PME dans tous les secteurs industriels, qui ont pour objet la modernisation de l'appareil productif ou sa transformation. Enfin, sur l'emploi, le plan "1 jeune 1 solution" a permis l'attribution à fin août 2021 d'au moins 2,1 millions d'aides (primes à l’embauche ou à l’alternance, de parcours d’accompagnement ou d’entrées en formation) pour un montant de 3,6 milliards d’euros.  Au total, 5,1 milliards d'euros ont été engagés sur ce volet à la fin août 2021.

Ne pas négliger les objectifs de moyen terme

Ces résultats à mi-parcours permettent d'espérer retrouver le niveau d'activité d'avant-crise d'ici l'été 2022, comme le prévoit le plan, ce qui ne sera pas le cas en Italie, au Royaume-Uni et en Espagne, signale le rapport. Le taux d'emploi des jeunes en France a quant à lui déjà retrouvé son niveau d'avant-crise. Mais le comité pointe toutefois un risque dans la mise en œuvre des objectifs du plan à moyen terme. "Ces différents objectifs n'ont pas été précisés par des cibles quantitatives, souligne le rapport, aussi est-il difficile d'apprécier leur atteinte" et "les éléments disponibles ne permettent pas de garantir, à ce stade, que l'impact des dispositifs évalués sera optimal". En matière de rénovation énergétique des bâtiments publics et des logements notamment, le soutien n'a pas forcément ciblé les projets les plus efficients du point de vue des économies d'énergie à long terme. En cause : la structuration progressive de la filière. Même chose sur les projets d'investissement industriel soutenus et leur effet sur les objectifs environnementaux et de résilience des chaînes de valeur industrielles. "Quant au plan '1 jeune 1 solution', les effets à moyen terme de l'élargissement des dispositifs sur l'insertion professionnelle des jeunes demeurent incertains à ce stade", précise le document.
Une évaluation plus complète de l'impact du plan de relance est prévue à partir de 2022.