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Plan de relance : Amorce compte les présents et les absents

Globalement satisfaite des mesures et des enveloppes annoncées dans le plan de relance, Amorce, l'association d'élus et d'entreprises chargées de la gestion des déchets, de l'eau et de l'énergie, en pointe aussi les insuffisances, notamment dans les énergies renouvelables et le financement de la transition écologique territoriale.

Face à une fusée à étages multiples, c’est volet par volet que l'association Amorce préfère raisonnablement commenter le plan de relance et ses 30 milliards d'euros fléchés vers la transition écologique. Selon Nicolas Garnier, son délégué général, "le volet économie circulaire doté de 500 millions d’euros supplémentaires répartis sur 2020, 2021 et 2022 prévoit des orientations positives". Doublement du fonds économie circulaire de l’Ademe, modernisation des centres de tri (84 millions d’euros sur trois ans), soutien aux équipements pour le tri à la source et la valorisation des biodéchets (100 millions d’euros sur trois ans), ce plan comporte bel et bien "des avancées majeures" qu'il s'agit maintenant de rendre concrètes dans les territoires.
Sur ces modalités de mise en œuvre territoriale, l’association dit rester vigilante. Et de citer les financements qui sont par exemple consacrés au tri dans l'espace public, dont il faut veiller à ce qu’ils servent bien "à compléter le financement que doit enfin apporter l’éco-organisme en charge des emballages pour développer la collecte sélective de tous les emballages consommés hors foyer, et non le déploiement de dispositifs de collecte spécifique des bouteilles plastiques".

Même sens de la nuance du côté des biodéchets, "soutenir de l’achat d’équipement, c’est bien mais on sait qu’une part importante du coût du tri à la source des biodéchets est liée à l’augmentation des dépenses de fonctionnement". Pour appuyer le développement d’une politique privilégiant les combustibles solides de récupération (CSR), issus de gisements hétérogènes (encombrants, déchets industriels, refus de collecte sélective) et fabriqués dans des unités spécifiques, l’enveloppe annoncée de 80 millions d’euros sur trois ans est la bienvenue. Amorce suggère que son utilisation n’exclut pas les installations de CSR qui en produisent à partir d’un tri mécano-biologique (TMB). 

Concernant la rénovation énergétique (6,7 milliards d’euros), l’association souligne pour celle des logements cette autre avancée que constitue l’élargissement de MaPrimeRénov' aux propriétaires bailleurs, aux copropriétés, ainsi qu'aux ménages des 9es et 10es déciles. Pour la rénovation des bâtiments publics perdure un certain flou : "Quatre milliards d'euros d'investissement de l'État sont annoncés sur trois ans, dont 300 millions affectés aux régions pour rénover les lycées, mais les modalités précises et la répartition de cette enveloppe entre bâtiments de l'État et bâtiment des collectivités ne sont pas encore connues".

Rien pour les énergies renouvelables ?

Jean-Patrick Masson, vice-président d'Amorce, pointe pour sa part un bilan plus mitigé pour les énergies renouvelables : "Une grande place est accordée à l’hydrogène vert mais rien n'est prévu concernant le photovoltaïque, le solaire thermique, la chaleur renouvelable des logements et les réseaux de chaleur". L'enveloppe conséquente pour décarboner l'industrie (1,2 milliard d'euros) permettra certainement de financer des projets de chaufferies vertes. "Nous défendons l'idée qu'on puisse y puiser des financements pour les réseaux de chaleur", complète Amorce. Même angle mort pour le biogaz, en particulier celui produit par les collectivités. Or, c'est une filière "qui souffre", à la fois d’incertitudes sur le plan réglementaire et du risque de disparition de dispositifs de soutien.
Enfin, dernier grand absent, le financement de la transition écologique territoriale : "Ce volet territorial de la transition écologique est insuffisamment développé". Ce plan de relance intègre, certes, un volet de soutien aux collectivités. "Mais il se contente de reprendre des mesures déjà prévues par le troisième projet de loi de finances rectificative pour 2020 adopté en juillet", tranche Amorce.