Plan de relance : 100 millions d'euros supplémentaires pour la filière bois
Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé ce 24 juillet en Vendée que dans le cadre du plan de relance, une enveloppe de 100 millions d'euros supplémentaires va être redéployée pour la filière bois, en proie à des difficultés d'approvisionnement et qui peine à répondre à une demande croissante dans le secteur de la construction.
"Dans le cadre du plan de relance, nous allons déployer 100 millions d'euros de plus pour abonder les différents fonds (de soutien à la filière forêt et bois) dès cette année 2021-2022", a déclaré Jean Castex ce 24 juillet, lors de la visite de la scierie, Piveteaubois, un des leaders français du bois de construction, situé en Vendée. "Il faut booster" la filière, a fait valoir le Premier ministre, alors que 200 millions d'euros étaient déjà prévus dans le cadre du plan de relance, dont 150 pour le renouvellement forestier en amont – soit le reboisement de 45.000 hectares, représentant environ 50 millions d’arbres, capables de capter 150.000 tonnes de CO2 chaque année, selon le gouvernement – et 50 millions d’euros pour la modernisation des industries de transformation du bois en aval. "Nous devons passer la surmultipliée", a lancé le chef du gouvernement devant des professionnels du secteur réunis aux Essarts en Bocage.
Tensions multiples
La filière du bois, qui représente 400.000 emplois en France, est érigée en priorité par le gouvernement et le secteur du BTP. Mais elle a aujourd’hui plusieurs défis de taille à relever. En amont, la forêt française subit les effets du changement climatique et doit s'adapter pour continuer à produire du bois de qualité, tout en préservant la biodiversité et en stockant plus de carbone. En aval, les scieries de l’Hexagone subissent depuis plusieurs mois des tensions d’approvisionnement, en raison notamment de l’augmentation de la consommation mondiale de bois (+10% depuis un an), et des restrictions aux exportations décidées par certains pays comme la Russie. Avec des risques de hausses de coûts et d'augmentations de délais voire de pénuries en bois brut pour les industries présentes sur le marché du bois de construction qui est en plein essor.
Assises "à la rentrée"
Des assises se tiendront "à la rentrée" : "tout le monde sera réuni sous l'égide du ministère de l'Agriculture, de l'Industrie et de la Transition écologique sur la forêt et le bois dès le mois de septembre", a indiqué Jean Castex, soulignant qu'"il faut que les professionnels s'organisent et prennent leur responsabilités". Ces Assises seront "un espace de dialogue, décliné dans les territoires, en cohésion entre les acteurs amont et aval, mais aussi les experts, les associations pour nourrir la vision la plus large possible de la forêt française et de la filière bois de demain", a indiqué le gouvernement.
Le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, s'est félicité des moyens supplémentaires "très importants" dont va bénéficier la filière. "Ces financements additionnels ne font sens que si on arrive à faire en sorte qu'ils ne soient pas cloisonnés entre l'amont et l'aval", a relevé le ministre, présent aux côtés du ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester et de la secrétaire d'État à la Biodiversité, Bérangère Abba. Jean Castex a également précisé que la filière bois "aura sa part" dans le plan d'investissements "pour bâtir la France de 2030" annoncé pour la rentrée par Emmanuel Macron le 12 juillet.
L'ONF priée de développer les contrats d'approvisionnement avec les scieries françaises
Face aux tensions sur le marché mondial, le gouvernement français a saisi ce 23 juillet la Commission européenne pour qu'elle prenne "des mesures de sauvegarde au titre de la compétence commerciale, de façon à éviter le pillage de nos ressources forestières", a-t-on expliqué à Matignon. Le Premier ministre a déclaré samedi "ne pas exclure des mesures conservatoires entre-temps", si l'UE ne réagissait pas "avant le 1er janvier". Jean Castex a aussi demandé à l'Office national des forêts (ONF) de développer au maximum des contrats d'approvisionnement avec les scieries françaises pour "éviter" que les productions de bois des forêts domaniales ne soient vendues aux enchères, s'exposant à l'"action de traders" exportant hors d'Europe.