Investissements d'avenir - Pierre Moscovici : "L'investissement est une cause nationale"
En quelques mois, les entreprises ont vu passer le pacte de croissance pour la compétitivité et l'emploi, le nouveau programme d'investissements d'avenir (PIA), les 34 projets de la Nouvelle France industrielle, les 40 mesures du plan pour l'innovation, les 7 ambitions pour l'innovation de la commission Lauvergeon. Tout ceci s'inscrit dans une "politique économique globale ", a assuré le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, jeudi 28 novembre, en ouverture d'une conférence parlementaire sur le "grand plan d'investissements", à la Maison de la chimie. Une politique dont le "fil conducteur" est l'investissement dont le ministre veut faire "une cause nationale". "Si notre taux d'investissement demeure un peu plus élevé que chez nos voisins, la qualité laisse parfois à désirer", a-t-il déploré. Pierre Moscovici est revenu en détail sur le deuxième PIA doté de 12 milliards d'euros annoncé le Premier ministre le 9 juillet dernier. Ce programme financé en partie par des cessions de participations de l'Etat succède au "Grand Emprunt" de Nicolas Sarkozy, doté de 35 milliards d'euros. 3,7 milliards financeront la recherche et l'université, 2,3 milliards d'euros la transition écologique et énergétique et la ville de demain, 1,7 milliard l'innovation industrielle durable. L'excellence technologique dans les industries aéronautique et spatiale et de défense bénéficieront respectivement de 1,3 et 1,5 milliards d'euros. L'économie numérique, la santé, la jeunesse, la formation et la modernisation de l'Etat se partageront environ 1,5 milliard d'euros.
Si ce programme s'inscrit dans la continuité du précédent, ce dont s'est félicité l'ancien ministre des Finances Eric Woerth, pour qui il a gardé "sa pureté originelle", plusieurs aménagements sont été apportés.
French Tech
Thierry Francq, commissaire général adjoint à l'investissement, s'est ainsi félicité du renforcement de l'innovation technologique avec le rôle des démonstrateurs Ademe, mais aussi du soutien à l'innovation non technologique. Les autres priorités vont de l'évolution des pratiques industrielles et collectives entre entreprises et territoires, avec le rôle des "prêts verts", le respect d'une éco-conditionnalité, le développement de secteurs plus spécifiques comme l'industrie de la santé, la compétitivité (prêts à la robotisation, prêts à l'industrialisation, développement du très haut débit), ou encore le programme des quartiers numériques destiné à labelliser des écosystèmes urbains propices à l'économie numérique. Ce programme a été présenté mercredi soir par la ministre déléguée à l'économie numérique Fleur Pellerin. Il est désormais baptisé French Tech (en référence à la French Touch) et bénéficiera de 215 millions d'euros du PIA.
"Ces actions entrent en résonnance avec les 34 plans industriels et seront intégrées dans les feuilles de route", a précisé Thierry Francq. Il a également souligné qu'une place très importante serait accordée à la formation professionnelle : "Nous voulons essayer de financer les initiatives collaboratives entre les organismes d'enseignement, de formation professionnelle et les entreprises."
Le président du Conseil national du numérique, Benoît Thieulin, s'est félicité du financement de l'innovation non technologique et du nouveau programme French Tech. "Twitter n'aurait pas été éligible au Grand Emprunt, ce n'est pas de l'innovation technologique, mais uniquement de l'innovation d'usage, a-t-il pris pour exemple. Il faut investir dans les Twitter français." Il s'est aussi livré à un réquisitoire contre la lenteur de la tuyauterie des financements. "Les investissements d'avenir ont fait la part belle à l'industrie traditionnelle et pas aux start-up (…). Le mode de sélection des financements détermine à qui on donne, il faut qu'on soit plus créatif", a-t-il dit, préconisant des "financements à cliquets", c'est-à-dire en plusieurs échéances plutôt qu'en une traite, afin d'éviter les effets Quaero. Le "google français" lancé il y a cinq ans pour rivaliser avec le géant américain a mobilisé 300 millions d'euros d'investissements. "Où c'est ?", a laconiquement demandé le président du CNM. Il a également proposé une pré-sélection à l'oral des dossiers pour éviter de faire perdre leur temps aux recalés. "Il faudrait que ce PIA devienne le premier PIA 2.0, a étayé le porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, le député de l'Essonne Thierry Mandon. La vitesse est la clé (…). Les financements doivent arriver plus vite."