Réindustrialisation - 34 projets pour relancer l'industrie française
"La France se réinvente." C'est le slogan choisi pour le lancement des 34 plans d'action destinés à redresser l'industrie française en perte de vitesse depuis une dizaine d'année. Du TGV du futur aux nanotechnologies en passant par les véhicules à pilotage automatique ou la rénovation thermique, ces projets ont été identifiés au terme d'un an de travail au sein du ministère du Redressement productif et du Conseil national de l'industrie, en lien avec les pôles de compétitivité et les comités de filières.
Même si dans la vidéo de présentation de ce programme baptisé "la Nouvelle France industrielle" on entend la voix du Général De Gaulle, François Hollande a précisé, jeudi, qu'il ne s'agissait "pas de revenir aux grands plans des années 60 et 70 où l'Etat était à la fois inventeur, prescripteur, producteur et client final". Le président de la République s'exprimait, à l'Elysée, devant un parterre d'industriels venus présenter leurs innovations technologiques. Ce sont ces mêmes industriels qui "connaissent les marchés, les clients, les technologies", a ajouté François Hollande, accompagné de nombreux ministres. Selon lui, l'Etat doit être là pour "définir un cadre, accompagner, stimuler". La Banque publique d'investissement bpifrance, le Commissariat général à l'investissement, la Caisse des Dépôts et les pôles de compétitivité seront ainsi mis à contribution. Les projets, dont certains sont déjà sur les rails (comme la voiture consommant moins de deux litres aux cent kilomètres) seront financés par le programme d'investissements d'avenir présenté le 9 juillet par le Premier ministre. Au total, 3,7 milliards d'euros d'argent public pourraient être consacrés aux projets (sur un total de 12 milliards d'euros dévolus au PIA), avant de passer le relais à l'initiative privée. "Pour un euro d'argent public prêté, pas subventionné mais prêté, nous espérons en recueillir dix fois plus", a ainsi précisé le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, jeudi sur Europe 1.
475.000 emplois créés ou sauvés
Selon les estimations du cabinet McKinsey, sollicité pour l'occasion, 475.000 emplois pourraient être créés ou sauvés dans les dix ans grâce à ces 34 projets, dégageant 45,5 milliards d'euros de valeur ajoutée et 18 milliards d'euros pour l'exportation en plus. C'est dans les transports et le numérique que les perspectives sont les plus importantes avec une fourchette de 120 à 170.000 emplois créés dans chacun des deux secteurs, suivis de la santé et de la transition énergétique.
Ces annonces ont cependant été accueillies avec scepticisme par Guillaume Cairou, le président du Club des entrepreneurs. "Arnaud Montebourg nous indique que ces projets doivent créer 475.000 emplois en dix ans sauf qu'il faut mettre en face les 750.000 emplois industriels perdus dans les dix dernières années", a-t-il réagi, dans un communiqué. Parmi ces projets, "deux seulement viseront les outils et technologies de production […]. Or, le problème de la France, c'est sa productivité, c'est cet outil productif sur lequel il faut investir massivement !", a-t-il insisté.
Moins sévère, le président du Medef, Pierre Gattaz, a "salué très positivement" le plan mais a prévenu qu'il resterait "lettre morte" s'il n'était pas accompagné de baisses des charges. Quant à la CFDT, elle estime que la réussite du plan implique "un ancrage territorial qui passe par une gouvernance adaptée et une place reconnue aux partenaires sociaux".
Arnaud Montebourg sera très attendu par les régions qui tiennent leur congrès à Nantes les 19 et 20 septembre. Alain Rousset, le président de l'Association des régions de France, a jugé, lors d'une conférence de presse, mercredi 11 septembre, que les pôles de compétitivité n'avaient pas suffisamment créé d'emplois, alors que c'était l'un des objectifs affichés lors de leur lancement en 2005. "Recréer des emplois industriels en France, c'est autre chose que de garder des compétences", a-t-il souligné. Dans un communiqué du 11 septembre, les régions demandent à être désignées comme "l'opérateur du volet modernisation des PME du plan Usine du futur".