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Communication - Pau n'a pas de chance avec ses logos

Ce pourrait être une simple anecdote, mais elle montre pourtant l'intérêt croissant porté par les habitants aux logos de leurs collectivités et à la place qu'ils occupent dans l'espace public. Il y a quelques années, la ville de Pau s'était doté d'un logo assorti d'une signature certes originale, mais très conceptuelle : "La vie rêvée des villes". Le concept était d'autant plus compliqué que le logo comportait en outre une "base line", placée immédiatement sous le nom de la ville avec pour mention "Pyrénées Océanes" (bien que Pau se situe à une centaine de kilomètres de la mer). Le logo et la signature ont été diversement appréciés par la population. La nouvelle municipalité, arrivée aux commandes en 2008, a donc souhaité se doter d'une nouvelle image, à travers la création d'une véritable marque territoriale. Une tendance qui se développe rapidement parmi les collectivités (voir par exemple la marque "Only Lyon") et qui va au-delà de la simple élaboration d'une identité graphique.

De la mer à la montagne

La démarche a débouché sur des changements radicaux. Tout d'abord, dans une logique de marque territoriale, la nouvelle identité visuelle sera commune à la ville de Pau et à la communauté d'agglomération, solution de plus en plus utilisée quand des considérations politiques ne s'y opposent pas. Ensuite, le ville et l'agglomération opèrent un virage à 90 degrés. Oublié le regard - lointain - vers l'océan, Pau se tourne désormais vers les Pyrénées. La nouvelle signature est donc, depuis le 7 janvier : "Pau Porte des Pyrénées". Une signature en totale synergie avec le nouveau logo : "PPP". Ce sont en effet ces trois lettres - graphiquement isolées les unes des autres - qui composent le logo. Chacune est dotée de sa couleur propre (successivement orange, vert et bleu) et de son symbole, inséré dans la boucle du "P" : une vache couronnée (l'emblème du blason de la ville de Pau et du drapeau béarnais), un cœur ("signe du partage des habitants entre eux et avec la terre qu'ils habitent, de l'homme au cœur du projet de territoire") et la silhouette du pic du Midi d'Ossau (élément emblématique du paysage qui se déploie depuis le célèbre boulevard des Pyrénées). Selon les indications du dossier de présentation, ces trois lettres correspondent aussi à "une vision idéale du territoire", autour de trois grands mots valises : la paix, le partage et la passion.

Une signature qui plaît, mais un budget qui passe mal

Comme avec le logo "la vie rêvée des villes", les réactions semblent mitigées. La signature - ou la marque - "Pau Porte des Pyrénées" a ainsi été très bien accueillie. En revanche, le logo "PPP" et ses trois lettres à la graphie un peu infantile suscitent des interrogations, voire quelques ricanements. Les commentaires des internautes sur le site de "La République des Pyrénées" - qui consacre également plusieurs articles aux critiques qui "pleuvent sur le nouveau logo de Pau" - ne sont guère flatteurs. Les critiques se sont accrues au vu du coût de l'opération - indiqué par la mairie - de 87.000 euros. Selon un sondage en ligne organisé par le quotidien (et avec les réserves habituelles sur ce type d'enquête), 67% des internautes se déclarent choqués par le coût du logo et de la signature et 15% se disent pas très convaincus par l'argument des 3 P. Mais seuls 9% regrettent "la vie rêvée des villes". Des esprits chagrins auraient pu également relever que l'agence parisienne Dragon Rouge, s'est largement inspirée d'un travail qu'elle avait elle-même mené en 2008 pour le département voisin des Landes, doté du logo "XL" ("L" pour Landes) et de la signature "Les Landes c'est plus grand, c'est XL" (voir notre article ci-contre du 25 septembre 2009). L'interview, dans la presse locale, d'un dirigeant de l'agence  - au ton un peu condescendant - n'a pas vraiment arrangé les choses. Mais elle a au moins inspiré les lecteurs, qui ont aussitôt trouvé un autre usage à l'acronyme PPP : "Palois, pauvres ploucs" ! Une preuve de plus - finalement plutôt positive - que les logos ne suscitent pas l'indifférence.