Participation citoyenne : "Il n'existe pas de crise de l'engagement mais du comment"

Les 9es rencontres européennes de la participation citoyenne, organisées par Décider Ensemble, se tiennent du 17 au 19 mars à Strasbourg et doivent réunir plus de 1.500 personnes autour de la thématique "Démocratie, l'urgence de construire ensemble". Objectif : créer en France une culture de la décision partagée. 

"Il s'agit de créer en France une culture de la décision partagée dans laquelle la méthode est au moins aussi importante que le fond." Bertrand Pancher président de l'association Décider Ensemble a exposé les ambitions des 9es rencontres européennes de la participation (REP) qui se tiennent du 17 au 19 mars 2025 à Strasbourg. Le temps d'un déjeuner presse mercredi 12 mars à Paris, il était entouré de Marc Papinutti, président de la Commission nationale du débat public (CNDP) et de Carole Zielinski, adjointe à la maire de Strasbourg. Ces 9es REP doivent réunir pendant deux jours et demi 900 personnes sur place et environ 700 personnes connectées autour de 75 ateliers dont 26 (un tiers) d'initiatives européennes (à noter : les inscriptions aux ateliers sont ouvertes via une application mobile "REP 2025"). 75 élus en charge de la participation citoyenne doivent s'y rendre. 

Transmettre "l'effervescence du plan local au plan national"

Sous le thème global de la "démocratie, l'urgence de construire ensemble", les REP proposent trois sous-thématiques : les échelles, les conflits et "redonner confiance". Les participants animent les ateliers. "Le but est de réussir à faire en sorte que l'effervescence au plan local puisse se transmettre au plan national dans un pays hyper centralisé", aspire le président du think tank. Pour y parvenir, Décider Ensemble convie "acteurs locaux, collectivités territoriales, entreprises, associations, fédérations de professionnels et un certain nombre d'organisations". Bertrand Pancher, également maire de Bar-le-Duc,  rappelle qu'il y a "moins de temps perdu en associant dès le début les citoyens à la décision politique par des consultations, des concertations et des débats plutôt que de vouloir passer en force, changer de stratégie, se prendre l'opposition de l'opinion publique et perdre deux, trois, cinq ans…". "Des Notre-Dame-des-Landes, il y en a plein partout en France", regrette-t-il. Le projet d'autoroute Toulouse-Castres de l'A69 (notre article du 25 février 2025), les bassines de Sainte-Soline (notre article du 19 décembre 2024) sont devenus d'autres exemples emblématiques de conflits qui s'enlisent. 

Gestion d'un conflit

L'équipe de Décider Ensemble rappelle que les prix de la participation citoyenne - présidés depuis deux ans par Marc Papinutti – permettent chaque année d'identifier des initiatives remarquables de démocratie participative dans les villes, avec des prix pour chaque strate démographique, en partenariat avec la Banque des Territoires et le Cerema. La CNDP - l'autorité publique qui veille au respect du droit à la participation du public dans l'élaboration des projets et des politiques publiques ayant un impact sur l'environnement - animera les débats autour de la gestion d'un conflit. Le nucléaire, est "un sujet que la CNDP commence à connaitre", ironise Marc Papinutti. Il souligne que les garants de la CNDP se déplacent également pour profiter de ces expériences. 

"On augmente les standards de la démocratie"

Selon Carole Zielinski, adjointe à la maire de Strasbourg en charge de la démocratie locale et de la citoyenneté européenne, "il n'existe pas de crise de l'envie de participer – les gens ont envie de participer, de se sentir impliqués, de sentir considérés- mais une crise du comment participer". "Cela fait des années que localement nous expérimentons et que ces expériences amènent du résultat en termes de confiance, de lien à la décision…", se réjouit l'élue.  Et d'ajouter : "à Strasbourg, c'est notre parti pris : on augmente les standards de la démocratie". 

Le "jury citoyen Strasbourg Capitale de Noël", en serait une bonne illustration. "Trois millions de visiteurs sur un mois, c'est merveilleux mais c'est affolant" et cela a provoqué un sentiment de déconnexion de la part de la population avec le marché de Noël. Une grande enquête - environ 1.500 répondants - avait permis de mettre à jour quatre sujets concernant ce marché, traités chacun sous forme de convention citoyenne. "Ce marché de Noël est très partenarial mais il manquait un acteur : le citoyen, que nous avons remis autour de la table", conclut l'élue strasbourgeoise. 

"La démocratie permet l'expression des conflits mais de manière organisée"

Elle estime enfin que la méthode est "la clé à travailler" : "les citoyens qui ont vécu une expérience démocratique locale de qualité exigent de retrouver par la suite la même". Selon elle,  "la démocratie permet l'expression des conflits mais de manière organisée". A ce titre, Strasbourg se revendique d'être un laboratoire d'innovation démocratique : après les rencontres européennes de lutte contre les violences faites aux femmes, les rencontres européennes de l'économie sociale et solidaire, les assises européennes de la transition énergétique, place aux 9es rencontres européennes de la participation. 

 

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