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Voirie - Paris va privatiser le contrôle du stationnement payant en surface en 2018

A l'issue d'une procédure d'appels d'offres, le contrôle des quelque 140.000 places de stationnement payant en surface à Paris va être confié à des gestionnaires privés à partir du 1er janvier 2018, a annoncé la maire de Paris, Anne Hidalgo, dans une interview au Journal du Dimanche (JDD) le 23 octobre.
Cette réforme, qui était à l'étude depuis plusieurs mois, doit permettre à la ville de s'assurer d'un meilleur recouvrement des frais de stationnement : selon Anne Hidalgo, 91% des automobilistes "ne mettent pas d'argent dans le parcmètre", soit un manque à gagner de "300 millions d'euros", "l'équivalent du coût annuel de fonctionnement de toutes les crèches parisiennes".
La maire de la capitale affirme avoir voulu profiter de deux évolutions législatives "pour changer complètement la donne" : d'une part la loi Maptam (Modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles) de 2014 qui donne aux collectivités, à partir du 1er janvier 2018, la pleine maîtrise de leur politique en matière de stationnement payant en surface - la fameuse "dépénalisation-décentralisation" du stationnement payant (lire nos articles ci-contre) ; d'autre part, le projet de loi réformant le statut de Paris, dont l'examen débute en novembre au Parlement, qui prévoit le transfert de compétences à la collectivité parisienne en matière de circulation et de stationnement.
Concrètement, "la ville de Paris va récupérer la maîtrise complète du stationnement payant, du stationnement gênant et des fourrières, éléments essentiels de la politique des déplacements", a souligné Anne Hidalgo. Les quelque 1.600 ASP (agents de sécurité de Paris, les anciennes "pervenches"), aujourd'hui chargés du contrôle de stationnement, seront placés à l'horizon 2018 sous l'autorité directe du maire de Paris alors qu'ils sont aujourd'hui sous le commandement du préfet de police. Ils seront libérés du contrôle du stationnement payant et "affectés aux missions prioritaires : lutte contre les incivilités, contre la pollution, surveillance de bâtiments municipaux, contrôle de nos politiques de déplacements (couloirs bus, opérations 'Paris Respire'...) et stationnement gênant", a précisé Anne Hidalgo.
Le Conseil de Paris doit se prononcer sur les principes de la réforme du stationnement payant à la mi-novembre et un appel d'offres sera lancé en 2017. Le marché sera "divisé en trois lots géographiques, qui représentent chacun environ 50.000 places de stationnement payant", a expliqué la maire de Paris, précisant qu'un "même gestionnaire ne pourra remporter plus de deux lots" pour "éviter toute situation de monopole". "La ville conservera la maîtrise totale de sa politique du stationnement : c'est elle qui fixera les tarifs, le tarif des deux heures de stationnement actuellement autorisées restera d'ailleurs inchangé. C'est aussi elle qui percevra les recettes du stationnement", a souligné Anne Hidalgo.
Seule l'opération de contrôle sera externalisée. Les futurs prestataires devront utiliser un outil commun de gestion "qui nous assurera que la qualité de service est identique dans tous les arrondissements et qu'il y a bien une égalité de traitement des usagers", a ajouté la maire de Paris. Ils devront en tout cas "moderniser les pratiques de contrôle, qui existent déjà dans d'autres villes, en utilisant notamment des moyens numériques et automatisés". Dans les villes qui ont mis en place ce type d'organisation, "le taux de recouvrement du stationnement payant peut atteindre 90%", estime Anne Hidalgo. "A Madrid, par exemple, cette délégation génère plusieurs centaines de millions d'euros chaque année pour financer les services publics", poursuit-elle.
Avec le nouveau dispositif de contrôle, Paris compte faire progresser le taux de respect du stationnement rotatif, "c'est-à-dire faire mieux que les piteux 9% d'aujourd'hui", pointe Anne Hidalgo, et lutter aussi plus efficacement contre le phénomène des véhicules "ventouses" pour que les Parisiens comme les visiteurs trouvent plus facilement une place pour se garer.