Aménagement urbain - Paris teste quarante objets urbains intelligents
Pour concevoir des mobiliers "pratiques, ludiques et beaux qui rendent des services utiles et améliorent la vie au quotidien", la ville de Paris a invité les professionnels à faire preuve de créativité dans le cadre d'un appel à projets lancé en 2010 et à l'issue duquel quarante objets urbains intelligents ont été sélectionnés pour être implantés en un ou plusieurs endroits de la capitale. Un travail complexe de répartition, d'instructions techniques et de finalisation des prototypes a été entrepris pour préparer ces implantations équitablement réparties sur les vingt arrondissements. Environ un tiers des projets sont effectivement installés et soumis aux Parisiens, et de nouvelles installations sont prévues. L'apport du numérique - notamment les puces "sans contact" (RFID), les écrans tactiles, les capteurs - a fortement contribué à la transformation de ces objets urbains.
Nouvelles tendances
Tout d'abord, les puces et capteurs RFID se répandent. La présence de capteurs géolocalisables dans un ensemble de fauteuils contemporains (Sharly Designer Studio) permet aux promeneurs d'identifier sur leur "smartphone" les places assises disponibles en temps réel. Quant au projet Mobulles (Connecthings), il prévoit une utilisation plus étendue des étiquettes intelligentes RFID comme relais d'information et sur tous types de mobiliers (boîtes à lettres, abris de voyageurs).
L'abri de voyageurs devient un espace suréquipé et technologique. L'immobilité temporaire des usagers à un arrêt de bus inspire les concepteurs. Ainsi, le projet d'Abribus intelligent (JC Decaux) accueille un écran tactile (de 22 ou 42 pouces) et un bouquet d'applications dans une logique de plateforme ouverte aux développeurs. L'usager consulte des annonces locales, des informations utiles sur les transports ou sur la vie du quartier, recharge un appareil électronique et bénéficie d'une connexion wifi gratuite.
L'écran digital renforce son pouvoir dans la rue. Il remplace l'affiche, le journal mural, les panneaux d'information, devient tactile et "multitouch", c'est-à-dire capable de traiter plusieurs utilisateurs simultanément. Le Totem digital (JC Decaux) est un écran numérique couleur positionné sur un mât qui diffuse le journal d'information de Paris et relaie une sélection de "tweets" diffusés par "@paris". Nautreville (Ecole nationale supérieure de création industrielle) est un panneau interactif translucide qui centralise les informations de quartier (mairie, école, plans et histoire de Paris). Il pivote sur 360 degrés et permet de découvrir la ville en réalité augmentée. La Pelle interactive, point d'information à écran tactile de la taille d'une tablette numérique (Tracetel), délivre une information culturelle muséographique et pratique.
Enfin, l'espace public accueille des lieux-concepts nouveaux, en particulier dédiés aux usagers qui souhaitent travailler, consulter des informations ou se reposer. L'escale numérique (JC Decaux) est un espace inédit, très éloigné du classique banc public des parcs et jardins. Il s'apparente plus aux tiers lieux et aux espaces de "co-working" en offrant des assises pivotantes pour s'isoler ou pour interagir avec les autres, un toit végétalisé, une connexion wifi, des prises pour recharger des appareils électroniques et un écran tactile "multitouch" pour accéder aux applications ouvertes de la ville.
Les Parisiens sont pour le moment invités à évaluer la pertinence de ces équipements ainsi que leur solidité en communiquant leurs impressions sur le site pendant une dizaine de mois. La mairie aura ensuite à faire des choix, puisqu'elle prévoit de remplacer ses abris de voyageurs et ses cabines téléphoniques dans les deux prochaines années.
