Parier sur l’interactivité et l’échange pour favoriser l’égalité hommes femmes (31)

« L’égalité entre les hommes et les femmes et la lutte contre les discriminations, qui peinent à se concrétiser dans les faits, sont des enjeux forts de nos politiques publiques. D’autant plus dans cette période où les crises sanitaire, économique, énergétique et sociale fracturent notre société, exacerbant les individualismes et multipliant les propos et comportements stigmatisants. Élus, nous devons être vigilants à ce que les coupes budgétaires dans les services publics, telles que celles vécues lors de la récession économique de 2008, ne se reproduisent pas car elles impactent, notamment, l’emploi des femmes et la qualité de leur vie quotidienne. Par ailleurs, la parité est un enjeu démocratique essentiel pour une représentation juste des femmes dans les exécutifs. Les stéréotypes entre filles et garçons contribuent à freiner la marche vers l’égalité hommes femmes, c’est pourquoi notre intercommunalité en a fait l’une de ses priorités », précise Catherine Gaven, vice-présidente du Sicoval, en charge de la cohésion et des innovations sociales et de la politique de la ville. Concrètement, ce choix politique se traduit par un plan Égalité hommes femmes déployé depuis 2020 à tous les niveaux de la collectivité et des sessions spécifiques sont intégrées au plan de formation.

Un partenaire hébergé sur le territoire

En partenariat avec The SEED Crew, entreprise née et accompagnée dans la pépinière du Sicoval, le service formation propose aux managers volontaires de participer à une session de trois heures. En 2021, six sessions ont accueilli une soixantaine d’agents (chefs de service en première ligne), tandis que 2022 a permis à une trentaine de managers de participer à trois sessions. « L’objectif est de permettre une prise de conscience facilitée par l’interactivité et les échanges entre les participants. Il s’agit ensuite de dégager des pistes d’actions pour alimenter le plan Égalité », explique Marie-Pierre Depré, cheffe du service formation. Parmi ces propositions, un congé parental identique pour les hommes et les femmes ou bien la création d’un guide du nouvel entrant intégrant ces sujets de discriminations. Autre objectif des sessions : que cette sensibilisation des managers irrigue peu à peu leur service et, plus largement, qu’à tous les niveaux de la hiérarchie, l’exemplarité soit de mise, chez les élus aussi bien que chez les agents. Preuve que cette culture de l’égalité se diffuse, l’investissement d’autres directions. Celle de la communication vient de produire des messages mis en exergue sur des affiches exposées dans les couloirs et parties communes, comme autant d’invitations à discussion.

Un jeu vidéo pour repérer les comportements

« Notre volonté est de rendre accessible ces différents sujets et d’amener les participants à une prise de conscience de leur complexité, ce, sans moralisation. Parce qu’il permet de s’immerger et de s’identifier, le jeu vidéo est un bon outil pour déclencher les discussions sur les comportements. L’échange entre pairs est particulièrement animé au Sicoval car le jeu, RecovR, est collectif », explique Chabane Hadji, cofondateur et président de The SEED crew. Très important également, une cellule de signalement anonyme a été mise en place dès 2020 au Sicoval pour accueillir les personnes qui ont subi un comportement sexiste. « C’est une force de pouvoir, à la fin des sessions, parler aux agents de cette cellule mise à leur disposition », estime Chabane Hadji.

Des actions concrètes

Concrètement, une séance de trois heures compte une introduction générale sur les inégalités, 1 h 15 environ de jeu au cours duquel les joueurs repèrent, ou pas, des situations sexistes et échangent entre eux. La dernière phase de formation est consacrée à l’émergence de propositions pour agir concrètement contre les discriminations et, au final, les faire disparaître. « Nous avons besoin d’outils interactifs qui stimulent les débats pour imaginer avec les managers, des pratiques réalisables dans leur service et qui auront un réel impact », précise Marie-Pierre Depré. Tout au long de la session, et ce point a été renforcé en 2022, des données théoriques (état des lieux des comportements sexistes, définition d’un préjugé sexiste, introduction aux biais cognitifs…) sont apportées en partenariat avec Olympes, structure créée en 2019 pour accompagner les entreprises dans l’expérience collaborateur par le biais de kits et d’outils ludo-pédagogiques.

Avant même le bilan de 2022, il apparaît que « le niveau de sensibilité des agents augmente et on sent une volonté d’avancer sur ces questions ». Côté budget (coût total : 7 500 €), le Sicoval a bénéficié d’une subvention régionale (4 500 €) dans le cadre de l’appel à projets pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes en Occitanie. Malgré un contexte difficile, les ambitions de la communauté d’agglomération restent bien présentes : « L’égalité professionnelle et l’autonomie économique des femmes sont les conditions sine qua non d’une réelle égalité entre les femmes et les hommes. C’est pourquoi le Sicoval poursuivra son engagement, même si la situation budgétaire des collectivités s’annonce difficile pour 2023 », conclut la vice-présidente du Sicoval.