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Défense - Nouvelles restructurations dans l'armée : les élus en attente des mesures d'accompagnement

Deux régiments et quatre sites de l'armée de l'air sont concernés par les restructurations militaires dans le cadre de la nouvelle loi de programmation militaire. La Fédération des villes moyennes s'attend à d'autres annonces de restructurations mais elle estime que, pour le moment, l'impact de cette nouvelle programmation sera moindre pour les territoires.

"Quand un régiment part, c'est une véritable catastrophe pour la collectivité territoriale." La Fédération des villes moyennes (FVM), par la voix de son chargé de mission Armand Pinoteau, fait part de ses craintes concernant les fermetures de sites annoncées par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le 3 octobre 2013, dans le cadre de la loi de programmation militaire pour les années 2014-2019. Au total, deux régiments et quatre sites de l'armée de l'air sont concernés.
Il s'agit tout d'abord du 4e régiment de dragons (RD), installé depuis 2009 sur le camp militaire de Carpiagne, près de Marseille, qui compte 1.000 militaires et civils. Il sera dissous en 2014. L'autre, le 1er régiment étranger de cavalerie (REC), composé de 900 légionnaires et installé à Orange depuis 1967, quittera la ville en 2014 pour s'installer à Carpiagne.
Concernant les sites de l'armée de l'air, il s'agit de la base aérienne (BA) 116 de Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône, qui va perdre "Servance", son escadron de défense sol-air, soit quelque 200 hommes, et qui va connaître une baisse de l'activité de ses Mirage 2000-5 de défense aérienne. L'activité aérienne permanente de la BA 102 de Dijon sera quant à elle arrêtée. Elle abrite notamment un escadron d'entraînement sur Alpha jet qui sera transféré à Cazaux en Gironde. 350 militaires et 15 civils vont ainsi partir. Par ailleurs, l'emprise du détachement air 277 de Varennes-sur-Allier va être fermée entre l'été 2014 et l'été 2015. 236 personnes y travaillent, dont 98 civils. Enfin, l'unité de commandement de la BA 279 de Châteaudun dans l'Eure-et-Loir sera transformée en un "élément air rattaché" à la BA 123 d'Orléans-Bricy, ce qui représente 100 effectifs en moins.
Toutes ces évolutions font partie de la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) qui va être discutée au Sénat à partir du 21 octobre. Elle prévoit la suppression de 23.500 postes d'ici 2019, faisant suite à une baisse de 54.000 postes dans le cadre de la précédente loi de programmation.
Les annonces ont aussitôt provoqué la colère des élus concernés. Pour le député-maire d'Orange, Jacques Bompard, il s'agit d'une "catastrophe". Pour Luxeuil-les-Bains, déjà touchée par la précédente restructuration, c'est le coup de grâce. "Il y avait 1.550 personnes sur la base en 2012, aujourd'hui 200 de moins, et on nous en retirera encore 228 en 2014. Pour la communauté de communes de Pays de Luxeuil (15.000 habitants), c'est une perte considérable", a réagi le maire UMP de Luxeuil-les-Bains, Michel Raison, cité par l'AFP...

Des "blessures longues"

La FVM prévoit un impact moindre cette fois-ci. "Lors de la précédente vague, les territoires ont été particulièrement touchés, notamment ceux du Nord et de l'Est, explique à Localtis Armand Pinoteau. Là, cela a changé car dans le cadre du début de cette deuxième restructuration, les réductions d'effectif sont moitié moindres." Cependant, la fédération s'attend à de nouvelles annonces de restructurations.
Dans certains territoires, les compensations prévues dans le cadre des premières restructurations n'ont jamais eu lieu. C'est le cas à Cambrai, qui a vu sa base aérienne fermer après 2011 et qui devait, en contrepartie, récupérer un centre d'expertise comptable des armées. Finalement, le ministère a considéré le projet comme "inopportun", et la ville n'a jamais vu le centre ouvrir… "Cela ne s'est jamais fait et la ville en garde un goût amer", souligne-t-on à la FVM, où l'on estime que les restructurations de ce type constitue des "blessures longues".
Autre problème : la pollution des sites. "Dès qu'il y a pollution, cela gèle le site, et dans certains cas, on ne peut plus rien faire", explique Armand Pinoteau.
Tout dépendra donc des mesures d'accompagnement mises en place. Face aux inquiétudes des élus, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a promis le 4 octobre "de mettre tous les moyens sur la table en concertation avec les élus, les forces vives, pour que lorsqu'une unité doit fermer, on trouve les réponses en termes d'emplois et en termes financiers". Un budget de 150 millions d'euros est prévu pour les mesures d'accompagnement dans les territoires les plus affectés. Des mesures qui devraient être plus ciblées et recentrées sur un nombre limité d'actions.
Les malheurs des uns faisant parfois le bonheur des autres, certains territoires ont pu tirer leur épingle du jeu. Ainsi, à l'inverse de la plupart des sites, Evreux (Eure) a vu sa base de défense (BA 105) se développer au fil des restructurations militaires. Constituée de 2.600 personnes, elle a gagné 1.000 militaires en trois ans, et se présente maintenant comme la grande base tactique du transport aérien militaire.