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Elections - Nouvelle carte des cantons : l'opposition de droite ironise sur les "ciseaux" de la place Beauvau

Les "ciseaux d'or du tripatouillage électoral". C'est la nouvelle "récompense" politique que des présidents de conseils généraux de droite, du centre et des indépendants ont créée pour dénoncer "les pires résultats" du découpage en cours des cantons. Ils ont décerné quatre prix au cours d'une cérémonie, le 19 novembre à l'Assemblée nationale, en présence notamment de François Sauvadet, président UDI du conseil général de la Côte d'Or et de Bruno Sido, président du conseil général de Haute-Marne et chef de file du groupe de l'opposition à l'Assemblée des départements de France (ADF).
Les ciseaux "ruralicides" ont été remis au département des Deux-Sèvres, tandis que la Nièvre et l'Aisne ont obtenu une "mention spéciale du jury". Dans ces départements, des cantons ruraux auront un nombre d'habitants supérieur à la population moyenne des cantons du département et, parfois, aussi par rapport à la population des cantons constituant le chef-lieu du département. De tels choix ne manquent pas de désavantager les élus de droite, traditionnellement plus implantés dans le monde rural, dénoncent ceux-ci. Selon eux, on peut très bien le voir aussi en Ariège, département qui obtient les ciseaux "droiticides".
Les élus d'opposition reprochent encore à l'exécutif national, muni de "ciseaux fous", de faire fi des limites des cantons actuels et des intercommunalités, ainsi que des bassins de vie. La Haute-Saône l'emporte dans cette catégorie. Enfin, les "ciseaux métropolitains" ont été décernés à la Loire-Atlantique. A partir de 2015, la moitié des conseillers de ce département représenteront l'agglomération nantaise. Ils seront ainsi quasi majoritaires, alors que l'influence de l'institution sur le territoire nantais va diminuer du fait de la création probable d'une métropole à la place de la communauté urbaine, soulignent les opposants au redécoupage.

Sur 30 avis formulés par les conseils généraux, 19 sont favorables

Le jour même où ces derniers exprimaient leur colère, le gouvernement apportait, au Sénat, des précisions de nature à relativiser un peu leurs attaques (voir ci-contre le compte-rendu de la séance des questions orales). "Le relief est pleinement pris en compte dans le remodelage de la carte", assurait-il. "Ainsi, parmi les quinze dossiers de révision de la carte cantonale concernant un département de montagne déjà transmis aux conseils généraux, douze bénéficient d'une ou de plusieurs exceptions à la règle de la moyenne démographique". Autrement dit, le ministère de l'Intérieur a tenu compte, pour délimiter les cantons de ces départements, de critères tels que le relief, l'enclavement ou la superficie.
En outre, s'agissant des cantons dans leur ensemble, le gouvernement a repris "à plusieurs reprises", dans les projets de décrets créant les nouveaux cantons, les dénominations proposées par les conseils généraux, a-t-il indiqué. Peu avant, un sénateur UMP soulignait l'importance de bien choisir les noms des cantons pour favoriser un sentiment d'appartenance.
Sur le terrain, on sait que l'insatisfaction provoquée par les 46 projets de cartes remis aux conseils généraux, à la date du 19 novembre, est ressentie au-delà des rangs des élus du centre et de droite. Le résultat des délibérations prises par les assemblées départementales ne traduit pourtant pas une large désapprobation des choix du gouvernement. Sur les 30 votes qui ont eu lieu, 19 ont été positifs. Dans la suite de la procédure, l'examen par le Conseil d'Etat s'avère être une formalité. "Les quinze dossiers déjà examinés par la section de l'Intérieur ont tous reçu un avis favorable, avec parfois quelques modifications" a précisé le gouvernement.
 

 

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