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Laïcité - Nouveaux lieux de culte : une large majorité des maires demeurent opposés à un financement public

Musulmans, évangéliques et même parfois catholiques éprouvent ici ou là le besoin de nouveaux lieux pour se réunir. Dans une enquête menée pour la délégation sénatoriale aux collectivités et à la décentralisation, les maires se montrent sensibles à ce sujet. Mais, fidèles à l'esprit de la loi de 1905, ils rejettent la possibilité d'un financement public direct.

L'attachement des maires à la laïcité ne faiblit pas. Une nette majorité d'entre eux se disent défavorables au financement public des lieux de culte érigés après 1905, interdit par la loi concernant la séparation des Eglises et de l'Etat. Selon une enquête menée par TNS Sofres pour la délégation sénatoriale aux collectivités et à la décentralisation, 59% des maires ne souhaitent pas que ce principe soit remis en cause. 2.800 maires ont exprimé leur réponse au cours de l'été dernier, donc bien avant les récents attentats survenus dans la région parisienne. Selon l'institut de sondage, qui a par ailleurs réalisé 20 entretiens avec des maires, ces résultats traduisent la volonté de respecter la loi de 1905, qui "est jugée claire et pertinente".
A l'inverse, 10% des maires sont prêts à ce que la France finance publiquement les lieux de culte sur son sol. Mais seulement 2% de maires se disent tout à fait favorables à cette évolution et on précisera utilement que le taux de non-réponse est élevé (31%).
Faut-il y voir le signe que les esprits évoluent chez les élus locaux ? Peut-être, si l'on prend en compte aussi le fait qu'un système de cofinancement des nouveaux lieux de culte séduirait 29% des maires. La commune assumerait ces charges avec d'autres acteurs, tels que les organisations religieuses (elles sont citées par 73% des maires), l'Etat (45%), ou les particuliers (42%). On notera que les autres collectivités (région et département) ne sont citées que par 30% des maires. Pour ces élus, le financement public par la voie d'un cofinancement répond à la "nécessité de transparence pour mieux contrôler ces nouveaux lieux de culte et éviter certaines dérives".

Projets de mosquées : entre peur et promotion de l'égalité

Selon le sondage, les besoins de nouveaux lieux de culte concernent assez nettement la religion musulmane, principalement dans les communes de plus de 5.000 habitants. Mais, plus que les autres, les projets de mosquées génèrent localement des conflits. La peur des réactions des citoyens pèse parfois dans la balance lorsque le maire doit se prononcer sur des demandes de construction d'une mosquée exprimées par les citoyens de confession musulmane. L'impératif d'assurer la liberté religieuse et l'égalité entre les cultes peut aussi les conduire à soutenir un tel projet, relève TNS Sofres. Les élus sont par ailleurs "très attentifs et vigilants" vis-à-vis des projets d'implantation portés par les mouvements sectaires. Les lieux de culte évangéliques font également l'objet d'un suivi particulier, car ils ne respecteraient pas toujours les normes de sécurité d'accueil du public.
A l'inverse du financement public des nouveaux lieux de culte, celui qui concerne les édifices cultuels construits avant la loi de 1905 est globalement bien accepté, alors même qu'il conduit les communes à engager des dépenses souvent importantes, voire "excessives" pour certains édiles. Ainsi, 60% des maires sont favorables à cette règle. Parmi eux, 21% y sont même tout à fait favorables. Mais 28% des maires sont opposés à ce principe, tandis que 12% ne fournissent pas de réponse.
"Alors que la France traverse une épreuve difficile, les élus locaux envoient un signal fort en faveur d'une République ouverte", commente Hervé Maurey. Le sénateur UDI présentera prochainement, au nom de la délégation sénatoriale, un rapport sur les collectivités territoriales et le financement des lieux de culte.

 

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