Sports - Normes : les collectivités engluées dans le règlement de la Fédération française de handball
C'est un sujet a priori anodin, mais il gâche depuis de longs mois les relations entre les collectivités locales et la Fédération française de handball. En cause : les colles et résines dont les joueurs de handball s'enduisent les mains pour mieux saisir le ballon. Selon l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes), elles se déposeraient sur les parquets des salles de sport au point d'occasionner des dégâts coûteux. L'Association nationale des directeurs et intervenants d'installations et des services des sports (Andiiss) estime en effet que la remise en état des sols nécessite l'intervention de deux agents pendant cinq jours deux fois dans l'année, à quoi il faut ajouter l'achat d'une machine pour quelque 10.000 euros ainsi que des produits d'entretien à raison de 600 euros par bidon. Pour les collectivités territoriales, cela ne peut plus durer. "Les fédérations doivent comprendre que nous sommes dans une période difficile, qui le sera de plus en plus. Elles ne peuvent pas se contenter de nous envoyer des factures", plaide Jacques Thouroude, président de l'Andes.
Lors de la réunion de la Commission d'examen des règlements fédéraux relatifs aux équipements sportifs (Cerfres) du 27 février dernier, la Fédération française de handball (FFHB) a présenté un projet de modification de son règlement relatif aux salles de handball, dans lequel elle proposait que les collectivités se chargent elles-mêmes d'autoriser uniquement des résines à base d'eau, supposément plus faciles à laver. Mais le débat s'était conclu sur un désaccord, les collectivités souhaitant de leur côté interdire l'utilisation de ces colles en dehors des matchs "au niveau national". Invitée à proposer une nouvelle rédaction, la FFHB a maintenu son souhait de voir utiliser ces résines à tous les niveaux de compétition, y compris chez les jeunes.
Devant le risque d'opposition des collectivités, le président de la FFHB a décidé de retirer le nouvel examen de son règlement de l'ordre du jour de la réunion de la Cerfres du 12 juin. Cette situation de blocage pourrait, en théorie, entraîner une première dans l'histoire des règlements fédéraux sportifs : la saisine de la CCEN (Commission consultative d'évaluation des normes) ou de l'instance qui va lui succéder tout prochainement, le Conseil national d'évaluation des normes (CNEN). Composée d'élus locaux, de parlementaires et de représentants de l'Etat, cette dernière pourrait ne pas entendre les arguments du mouvement sportif. Et une opposition de sa part mènerait soit à un blocage du dossier, soit à un passage en force de la FFHB, le règlement pouvant entrer en vigueur dans un délai de deux mois malgré un avis défavorable. Autant de scénarios que chacun veut éviter. La concertation devrait donc reprendre rapidement. "La discussion est essentielle, rappelle Jacques Thouroude. Si la FFHB n'accepte pas de revoir son règlement, nous pourrons toujours saisir Alain Lambert, médiateur des normes applicables aux collectivités." Du côté des élus, si le ton est résolu, l'heure est donc à l'apaisement. Et cela d'autant plus que les autres points contenus dans le projet de règlement de la FFHB comportaient de nombreuses avancées, comme l'assouplissement des sanctions financières en cas de non-conformité des installations.