Nappes phréatiques : une situation toujours "très fragile" en Languedoc-Roussillon

La situation des nappes phréatiques reste "très satisfaisante sur une grande partie" de la France, avec toutefois une "situation très fragile" dans le Roussillon, qui connaît parfois des minima historiques, et l'ouest du Languedoc, selon le nouveau bulletin mensuel du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) publié ce 16 octobre.

"En septembre, la situation des nappes reste très satisfaisante sur une grande partie du territoire, avec des niveaux modérément hauts à très hauts", indique le bulletin mensuel du BRGM publié ce 16 octobre. 73% des niveaux sont au-dessus des normales mensuelles alors qu'en septembre 2023, 66% des nappes se situaient sous les normales. Cette situation est due à "une recharge 2023-2024 excédentaire" et aux pluies abondantes du printemps et, "plus ponctuellement" de l'été, souligne l'organisme qui relève que septembre 2024 se classe "au deuxième rang des mois de septembre les plus humides pour les nappes depuis 30 ans (après septembre 2001 affichant 81% des niveaux au-dessus des normales mensuelles)".

Moins de prélèvements liés à l'agriculture et au tourisme

Une majeure partie du territoire connaît une année particulièrement humide depuis janvier et les cumuls annuels moyens ont déjà été dépassés en neuf mois dans plusieurs villes comme Paris, Nice, Saint-Nazaire, Strasbourg ou encore Le Mans, selon Météo-France. Ces précipitations induisent une "faible pression des prélèvements" d'eau liés à l'agriculture ou les loisirs, "surtout sur le sud de la France où la pression touristique a été un petit peu moins prégnante que d'habitude", a expliqué lors d'un point presse mercredi Violaine Bault, hydrogéologue chargée du bulletin mensuel.

De nombreuses nappes présentent des situations très favorables, avec des niveaux hauts à très hauts par rapport aux mois de septembre des années antérieures. "Les nappes inertielles à peu réactives de la craie et des formations tertiaires du littoral d'Artois-Picardie, de Bourgogne et du Gâtinais, de Sologne et du Sancerre, de la Brie au Tardenois affichent des niveaux hauts à très hauts", détaille le BRGM, et "de nombreuses nappes réactives du pourtour du Bassin parisien, du Jura, du Massif central, du sud du Massif armoricain et du Bassin aquitain ont été fortement soutenues par les pluies printanières et estivales", note-t-il.

Risque d'inondations par remontée de nappe

Conséquence de la pluviométrie exceptionnelle, il existe par endroits des risques d'inondations par "remontées de nappe" selon leur réactivité, a mis en garde Violaine Bault. "À ce stade, une attention particulière mérite d’être portée sur les nappes réactives qui affichent en septembre des niveaux très hauts et qui pourraient atteindre des niveaux hauts historiques prochainement", indique le bulletin qui préconise "une surveillance accrue pour les semaines/mois à venir" sur certains secteurs - nappes des calcaires jurassiques du Berry, au sud de Bourges, nappes des calcaires du Jurassique supérieur de Charentes, au nord d’Angoulême et de Cognac et, localement, nappes du socle du plateau du Limousin et nord de la nappe des formations plio-quaternaires du Bassin aquitain.

"Surveillance particulière" des nappes du Languedoc-Roussillon et du nord-est de la Corse

À l'inverse, la situation reste "très fragile, avec des niveaux bas à très bas sur les nappes du Roussillon et de l'ouest du Languedoc (Aude, Hérault et Orb)", tandis que "sur la plaine du Roussillon et le massif des Corbières, l'état des nappes est très préoccupant", note le bulletin. "Les niveaux sont en baisse depuis plus de deux ans, atteignant parfois des minima historiques", souligne le BRGM. La Corse présente quant à elle un tableau très contrasté : "Les niveaux sont hauts à très hauts sur le littoral ouest mais ils sont inquiétants, de modérément bas à très bas, sur le cap Corse et les plaines orientales."

Pour les mois à venir, l'organisme souligne que les prévisions sont "optimistes quant à l'absence de sécheresse hivernale sur les nappes affichant actuellement des niveaux au-dessus des normales mensuelles". Mais la situation devra être "particulièrement surveillée" sur les nappes du Roussillon, de l'ouest du Languedoc et du nord-est de la Corse qui observent actuellement des niveaux bas à très bas. "L’état actuel de ces nappes est préoccupant et l’étiage 2024 s’annonce très sévère, prévoit le BRGM. La période de recharge 2024-2025 devra faire l’objet d’une surveillance accrue." Selon l'organisme, la recharge devra en effet être "particulièrement longue et abondante pour permettre de reconstituer durablement les réserves des nappes les plus basses".