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Muriel Pénicaud place 2020 sous le signe de la dynamique inclusive

Pour "réconcilier les deux France" et favoriser l’insertion de tous les Français, la ministre du Travail a, à l’occasion de ses vœux le 30 janvier, rappelé ses priorités pour 2020 parmi lesquelles la montée en puissance de l’insertion par l’activité économique, l’intensification de la formation et la réussite de la réforme de l’apprentissage, alors que le financement du nouveau modèle fait l’objet d’une évaluation.

Muriel Pénicaud a introduit son discours des vœux ce jeudi 30 janvier en soulignant un "paradoxe démocratique" entre l’amélioration "incontestable" de l’emploi, mais qui ne concerne pas toute la France ni tous les Français – "il reste encore plus de 3,5 millions de demandeurs d’emploi", a-t-elle indiqué - et la crise sociale qui perdure doublée d’un sentiment d’injustice ressenti par les citoyens. Aussi, pour dépasser ce paradoxe et réconcilier les chiffres avec la "perception du vécu quotidien", la ministre du Travail a invité organisations syndicales et patronales, acteurs de l’emploi et de la formation à "porter tous ensembles le projet de dynamique inclusive".

Pour ce faire, Muriel Pénicaud compte rebondir sur les principaux programmes déjà en cours pour la plupart, à l’instar du plan Pauvreté qui prévoit notamment de faire monter en puissance l’insertion par l’activité économique (IAE). L’objectif est de permettre à 20.000 personnes supplémentaires en 2020 de s’inscrire dans ces dispositifs pour porter leurs effectifs à 160.000 bénéficiaires. "L’économie circulaire offre une réelle opportunité à l’IAE dans les territoires", a souligné la ministre qui souhaite également doubler d’ici à 2024 le nombre de personnes en situation de handicap (40.000 actuellement) travaillant dans les entreprises adaptées en accompagnant leur transformation.

"moncompteformation" ouvert aux indépendants

La lutte contre les inégalités territoriales doit s’appuyer, selon la ministre, sur la généralisation des emplois francs élargie depuis le 1er janvier 2020 à toutes les personnes habitant dans un quartier politique de la ville. Elle a donné ce jour des instructions aux préfets pour la réussite du déploiement de ce dispositif "essentiel pour la lutte contre les discriminations à l’embauche". De même, le PIC (plan d’investissement compétences) "s’intensifie" pour former encore davantage de chômeurs non qualifiés, 1 million seront concernés en 2020.

"J’attends beaucoup de la mise en œuvre pleine et entière de l’appel à projet 100% inclusion qui est une vraie R&D sociale et de celui sur le repérage des invisibles", a fait valoir Muriel Pénicaud indiquant que quatre politiques lui tenaient particulièrement à cœur : la transformation de l’apprentissage, la formation, le code du travail numérique et l’index égalité professionnelle qui concernera toutes les entreprises de plus de 50 salariés à compter de mars prochain. Saluant le démarrage "fulgurant" de l’application "moncompteformation" qui a engrangé plus de 850.000 téléchargements en deux mois, la ministre a annoncé que le dispositif sera ouvert aux indépendants.

Apprentissage : craintes sur le modèle financier du nouveau système

Enfin, en matière d’apprentissage, la ministre du Travail présentera le mardi 4 février les résultats de la réforme - qui a totalement refondu le système. Muriel Pénicaud n’a en revanche pas évoqué les craintes sur le modèle financier du nouveau système qui aurait été émises par les CFA, notamment pendant la période de transition 2019/2020.

Le passage au coût-contrat, les nouveaux organismes financeurs (Opco) et la nouvelle gouvernance (France compétences) sans oublier les nouvelles règles de collecte unique enfreindraient la capacité du nouveau système à financer les contrats d’apprentissage signés au premier trimestre 2020. Aussi, comme l’ont révélé les Échos le 29 janvier, Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, et Muriel Pénicaud, qui évaluent à 2,5 milliards d’euros le "besoin de financement" pour l’année 2020 ont missionné, le 18 novembre 2019, l’Igas et l’IGF pour examiner les "conséquences financières de la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle". Les deux organismes doivent d’ici à fin février évaluer les impacts financiers de la réforme et la soutenabilité du système financier de l’alternance et de la formation professionnelle, et en conséquence faire des recommandations.