Absentéisme - Moins d'arrêts maladie dans l'économie sociale
Le travail, c'est la santé – tout particulièrement pour les salariés des associations, des coopératives et des mutuelles. Une étude auprès de quelque 550.000 employés de l'économie sociale révèle en effet qu'ils n'ont été que 5,5% à être en arrêt maladie, une fois ou plus, au cours de l'année 2008. Ce taux est remarquablement bas : pour l'ensemble des actifs, il était d'environ 22% en 2007... Quant aux accidents du travail, on en décomptait à peine 7 pour 1.000 salariés de l'économie sociale en 2008 – contre 38, globalement, la même année.
Cette étude, qui porte sur des salariés assurés par la mutuelle Chorum, dans le cadre d'une prévoyance collective, relève toutefois quelques disparités à travers l'économie sociale. Ainsi les arrêts maladie sont-ils encore moins fréquents dans les entreprises de 250 salariés et plus : on n'en décompte que 19,6 pour 1.000 salariés, alors que la moyenne est de 80 pour 1.000. "Derrière la taille de la structure, c'est l'existence de collectifs de travail jouant le rôle d'espace de discussions et de mobilisation autour des problèmes du travail mais aussi de solidarités entre travailleurs qui est sans doute en jeu", notent les trois auteurs du Centre nantais de sociologie et de Cides, le pôle de recherches de Chorum. De même, les accidents du travail surviennent moins fréquemment dans ces grandes entreprises.
Les différents secteurs d'activité de l'économie sociale sont aussi inégalement touchés par ces absences. L'étude dénombre pas moins de 706 arrêts maladie pour 1.000 salariés dans les missions locales, et 605 dans le champ de la petite enfance. La fréquence est de 268 dans l'aide à domicile, et de 269,5 dans l'ensemble du secteur sanitaire. "Ces résultats confirment qu'il existe bien des liens entre travail et arrêts maladie, puisque les différences entre secteurs d'activité sont importantes", concluent Marie Cartier, Emmanuelle Paradis et Johanna Rousseau. "Il est en revanche plus délicat de démêler quelles dimensions précises du travail (conditions de travail, organisation du travail, propriétés des travailleurs) nourrissent ces liens."
Et peut-on au moins expliquer pourquoi l'ensemble de ces salariés sont moins souvent en congé maladie que dans le secteur lucratif ? A l'Usgeres, syndicat d'employeurs de l'économie sociale, le délégué général Sébastien Darrigrand avance une interprétation : "Quand on interroge ces salariés, ils peuvent certes se plaindre de leurs rémunérations, ou encore du manque de visibilité sur leurs évolutions professionnelles. Mais ils valorisent le fait de donner un sens à leur travail, en participant à un projet collectif." De quoi mieux résister, sans doute, aux rhumes passagers...