Mobilité dans les territoires ruraux : un guide des solutions alternatives à l'"autosolisme"

Comment remédier à l'"autosolisme" dans les zones rurales, qui représentent 80% du territoire français et accueillent 30% de la population ? Malgré les perspectives ouvertes par la loi d'orientation des mobilités (LOM), les défis restent énormes pour offrir des alternatives à la voiture individuelle, qui continue à représenter plus de 80% des déplacements dans ces territoires (lire notre article). Isolement, problèmes d'accès à l'emploi et aux services … : sans voiture, les habitants des communes rurales se heurtent à de nombreux obstacles (lire nos articles des 30 avril et 23 mai 2024). Et parmi ceux qui en possèdent une, certains peinent à faire face aux dépenses qu'elle entraîne.

En collaboration avec des collectivités territoriales et des acteurs de la mobilité, la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) a publié un guide destiné aux élus locaux et aux autorités organisatrices de la mobilité qui présente des solutions concrètes permettant les déplacements sur des trajets longs du quotidien et ouvertes à tous les publics - il ne traite pas par conséquent des mobilités actives et des transports d’utilité sociale.

Six réalisations innovantes

Transport à la demande intégré à l’offre multimodale locale, à l'initiative d'une communauté de communes de l'Allier, service public de covoiturage déployé par un pôle d'équilibre territorial et rural dans le Bas-Rhin, digitalisation du transport à la demande réalisée par Colmar Agglomération, transport à la demande mutualisé desservant les zones rurales de Saint-Louis Agglomération (Haut-Rhin), service public de lignes de covoiturage spontané et solidaire de la communauté de communes du Gévaudan (Lozère), politique de mobilité multimodale et multi-acteurs entre la Drôme et l'Ardèche : six réalisations locales sont présentées sous forme de fiches détaillées (rappel du contexte, contenu de la solution, gouvernance, financement, cibles et populations visées, modalités de déploiement, retours d'expérience…).

Besoin de temps... et d'argent

De ces exemples, les auteurs du guide tirent quelques enseignements et préconisations : "la nécessité d’un accès à des ressources pérennes et dédiées à la mobilité pour les collectivités locales ; la possibilité de créer une offre de mobilité locale, en optimisant les services régionaux, scolaires ou PMR [personnes à mobilité réduite] préexistants, en créant des synergies avec les intercommunalités voisines ; la nécessité de développer les compétences locales en ingénierie et de favoriser les échanges entre les différentes parties prenantes, notamment les intercommunalités et les régions". Selon eux, ces offres de mobilité rurale dans être intégrées dans le panel des offres existantes à l’échelle régionale voire nationale, pour proposer une mobilité multimodale. Il faut aussi laisser ces solutions se développer sur un temps long afin de permettre leur appropriation par le public, défendent-ils.

Faciliter l'utilisation de l'offre

Autres recommandations : intégrer cette offre dans les applications existantes (intercommunales, régionales voire nationales) de recherche et réservation des mobilités, de type MAS (mobilité par adaptation de services, aussi dénommée MaaS ou mobilité servicielle) ; communiquer et mettre en œuvre les outils "de façon à permettre une bonne visibilité, une bonne lisibilité et une facilité d’utilisation de l’offre" et instaurer "une tarification simple et lisible, ainsi que des modalités d’achat faciles et ouvertes à tous".