Mobilisation des "gilets jaunes" : les élus locaux reçus à Matignon
Édouard Philippe a commencé ce 29 novembre un marathon d'entretiens avec les membres du Conseil national de la transition énergétique (CNTE), un organe consultatif qui réunit 50 membres de divers horizons (patronat, syndicats, ONG environnementales, société civile, élus locaux et parlementaires). Cette série de réunions, dont le point d'orgue doit être la rencontre prévue ce vendredi 30 novembre à 14h00 entre le Premier ministre et une délégation de "gilets jaunes" a pour but de dessiner la "grande concertation" locale de trois mois annoncée par Emmanuel Macron ce 27 novembre (lire notre article).
Proposition de moratoire sur la hausse de la taxe carbone
Des représentants des collectivités territoriales et des élus locaux ont été reçus les premiers, à Matignon ce jeudi matin. Ils venaient pour leur quasi-totalité de partis d'opposition - LR, PS, PCF... - ainsi que de l'UDI. Presque tous attendent un nouveau "geste" de l'exécutif, afin que cette concertation dans les départements puisse avoir lieu de façon "sereine" et "apaisée", alors que la mobilisation des "gilets jaunes" se poursuit partout en France. Certains ont réclamé un moratoire sur la hausse de la taxe carbone prévue au 1er janvier. D'autres ont laissé le gouvernement décider de la nature de ce geste mais réclamé qu'il intervienne "avant Noël" ou avant le début des débats locaux qu'essaie de mettre en place le Premier ministre.
Représentant des régions de France, le président LR de la région Grand Est, Jean Rottner, a plaidé "la nécessité au minimum d'avoir une forme de moratoire sur toute taxe supplémentaire" sur les carburants au 1er janvier, afin de permettre "une concertation apaisée". "Avant Noël, il y a une urgence à répondre afin d'avoir un débat serein et pas aigri, parce qu'on n'a pas répondu à des urgences qui sont la fin du mois, voire pour certains le 20 du mois", a pour sa part jugé le maire PCF de Grigny, Philippe Rio, vice-président de l'association d'élus Ville & Banlieue. "Si on veut que le débat se fasse, dans de bonnes conditions, il faut commencer par faire un geste. La balle est dans le camp du gouvernement", a affirmé le député PS Christophe Bouillon, président de l'Association des petites villes de France (APVF). "Pour que les débats soient les plus sereins possibles, cela suppose probablement de faire quelques gestes maintenant, notamment sur les questions fiscales", a suggéré Philippe Laurent, secrétaire général UDI de l'Association des maires de France (AMF).
Concertation : quelle méthode ?
Les élus locaux se sont dit prêts à accueillir la concertation locale voulue par Emmanuel Macron, qui doit associer les "gilets jaunes". L'AMF a suggéré qu'elle se déroule à partir de janvier. Au nom de Régions de France, Jean Rottner, a, lui, proposé au Premier ministre "une méthode de concertation inspirée de celle qui a fait ses preuves dans la région Bretagne". Dans un communiqué, les régions disent être "disposées à co-animer avec l’État, et en lien avec les autres collectivités locales pour définir les périmètres territoriaux pertinents, une conférence élargie qui réunira l’ensemble des forces vives de nos territoires, dont les représentants des gilets jaunes, pour construire une politique d’accompagnement social de la transition écologique. Cette main tendue des régions est conditionnée à un véritable engagement du Premier ministre à ce que l’État accepte de co-construire les solutions et à donner la souplesse nécessaire aux dispositifs nationaux pour pouvoir élaborer des réponses innovantes et spécifiques à chaque territoire".
Après les collectivités territoriales, Édouard Philippe devait enchaîner ce jeudi avec les représentants du patronat, les associations de la société civile, puis les parlementaires. Vendredi matin, avant les "gilets jaunes", ce sera au tour des représentants des syndicats, suivis du président du Conseil économique, social et environnemental, Patrick Bernasconi.