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Formation professionnelle - Marché de la formation : le torchon brûle entre les régions et les syndicats de l'Afpa

La situation entre les régions et les syndicats de l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) est tendue. D'un côté les syndicats demandent les conseils régionaux passent à la subvention pour leurs achats de formation. De l'autre, les conseils régionaux souhaitent conserver leurs modalités d'achat actuelles, basées sur la procédure de mise en concurrence.

La guerre est-elle déclarée entre les régions et les syndicats de l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) ? Pour les syndicats, l'Association des régions de France (ARF) a signé un "acte de guerre" en publiant le 21 janvier 2015 un communiqué mentionnant que les conseils régionaux refusent d'utiliser la subvention pour leurs achats dans la formation professionnelle.
Face à la situation catastrophique de l'Afpa (4.000 suppressions de postes en cinq ans) et à la sous-utilisation des places de formation (40.000 places remplies sur 55.000 disponibles), les syndicats avaient en effet demandé à ce que les régions recourent à la subvention au lieu d'utiliser, comme à l'heure actuelle, des procédures de mise en concurrence entre plusieurs organismes de formation. D'après les syndicats, la bascule est légalement envisageable dans le cadre du dispositif juridique européen des services sociaux d'intérêt général (SSIG).
Mais de leur côté, les régions estiment que "les syndicats se trompent de cible" en les mettant en cause, car "elles ne peuvent s'affranchir des règles légales qui régissent la commande publique", détaille le communiqué de l'ARF. L'association signale aussi que les conseils régionaux préfèrent garder leur système de mise en concurrence. Une procédure qui "donne satisfaction aux régions dans la mesure où elle leur permet de co-construire et adapter dans une durée plus longue une réponse de formation adaptée sur l'ensemble du territoire régional", indique le communiqué de l'ARF. Autre intérêt : faire appel à des prestataires autres que l'Afpa sur certaines thématiques pour lesquelles l'association n'est pas forcément la mieux placée (préqualifications, travailleurs handicapés, demandeurs d'emploi de longue durée…).

"Les régions achèvent l'Afpa"

En revanche, l'ARF avance plusieurs propositions pour aider l'Afpa comme la mise à niveau de ses plateaux techniques. L'association préconise aussi de continuer à construire des offres de formation individualisées afin de développer des pédagogies différenciées adaptées aux différents publics, et de développer une ingénierie propre aux grands enjeux actuels comme la transition énergétique, le très haut débit ou les filières d'avenir. "Les régions réaffirment leur volonté de voir se pérenniser l'Afpa, un acteur majeur de la formation professionnelle, un des acteurs au coeur des services publics régionaux de la formation", affirme l'ARF, dans son communiqué.
Les syndicats comptent quant à eux "répondre à la hauteur de l'agression", comme l'explique à Localtis Bruno Péraire, secrétaire général de la CFDT-FPA. "En refusant cette option, les régions de France achèvent l'Afpa, assure un communiqué du syndicat publié le 23 janvier, la concurrence, déloyale en règle générale et l'appel d'offres destructeur des conseils régionaux fragilisent son existence, ses salariés et ses principaux usagers que sont les demandeurs d'emploi…"
Une plateforme commune de revendications est en cours de rédaction et des actions sont en préparation. "Nous nous voyons la semaine prochaine pour déterminer les modalités d'actions, mais ce sera du spectaculaire et du visible, ça va chauffer en interne à l'Afpa", prévient Bruno Péraire.