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Comptes publics - La Cour des comptes demande à l'Afpa de réduire son train de vie

L'actuel plan de refondation de l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) constitue une "dernière chance" pour assurer sa pérennité, estime la Cour des comptes. Dans un rapport rendu public le 29 janvier, la Haute Juridiction dénonce les "difficultés d'adaptation" de l'association ouverte à la concurrence depuis 2009 et ses "erreurs stratégiques successives". Ce qui s'est traduit par une perte de 92 millions d'euros en 2012, obligeant l'Etat à lui apporter une aide de 110 millions d'euros en juin 2013...
"L'Afpa a tardé à adapter son offre localement et à professionnaliser ses équipes pour répondre aux spécificités des attentes des financeurs et notamment de leurs appels d'offres", indique la Cour, alors que la spécialité de l'Afpa – la formation des publics en difficulté – la place au centre de l'actuelle réforme de la formation et du plan d'urgence pour la formation des chômeurs lancé à l'automne 2013.
Le plan de refondation, lancé fin 2012, repose sur un triple objectif "de mutation pédagogique, de développement de l'activité et de redressement financier". Il doit se traduire par une économie de 107 millions d'euros d'ici à 2017.
Malgré une amélioration ces derniers mois, l'Afpa a enregistré une nouvelle perte de 30 millions d'euros en 2013.

Les élus privilégient l'aménagement du territoire

Pour la rue Cambon, l'association n'a pas su rompre le cordon ombilical avec les pouvoirs publics. Elle a maintenu de trop nombreux centres (216 en janvier 2013), principalement mis à disposition par l'Etat, "notamment parce que les collectivités territoriales souhaitent en pérenniser l'existence, alors même que leur entretien est coûteux". Les élus privilégient "une logique d'aménagement du territoire qui n'est pas systématiquement compatible avec la rationalisation du maillage territorial, dans la mesure où celle-ci implique la fermeture des centres de formation non rentables", développe le rapport.
Même si elle reste l'un des principaux organismes de formation en France, l'Afpa n'a pas su adapter son offre à l'arrivée de la concurrence sur son marché, ni au rôle croissant des régions chargées depuis 2009 de la formation professionnelle - désormais chaque région organise son achat de formation, soit sous forme d'appel d'offres, soit en contractualisation sous forme de service d'intérêt économique général, ce qui est le cas de 9 régions dont la Champagne-Ardenne, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Entre 2007 et 2012, elle a perdu près de 33% de stagiaires, demandeurs d'emplois ou publics spécifiques, perte qui n'a pas été compensée par un accroissement de sa part dans la formation en entreprises. Ainsi, en 2012, elle a formé 82.000 chômeurs, contre 123.885 en 2007.
Au-delà de ce manque de compétitivité, la Cour dénonce un train de vie trop élevé par rapport à la situation financière de l'association, avec un parc de 120 logements de fonction dont 60 sont vacants et 39 affectés à des salariés, dont 29 directeurs de centres qui bénéficient ainsi de logements allant de 80 m2 à 308 m2 en contrepartie d'une redevance forfaitaire mensuelle de 400 euros "pour la gratuité du chauffage et de l'électricité, quelle que soit la composition de la famille". L'Afpa dispose par ailleurs d'un parc de 928 véhicules dont profitent notamment la totalité des directeurs régionaux et directeurs centraux…

12 recommandations

Pour assurer la pérennité de l'Afpa, la Cour formule 12 recommandations, demandant notamment à l'Etat de "clarifier sa stratégie" vis-à-vis d'elle, c'est-à-dire de sortir de l'ambiguïté de son soutien financier dans le contexte concurrentiel. Le rapport invite aussi l'Afpa à poursuivre la restructuration de son maillage territorial "en tenant compte de la capacité des centres à atteindre l'équilibre financier" et à renforcer le rôle des directions régionales. En matière de formation, la Cour des comptes suggère de "systématiser les analyses de marché nationales et régionales" ou d' "améliorer la qualité de l'orientation et des prescriptions de formation" des chômeurs. Elle préconise aussi de réduire les effectifs administrations et de mieux encadrer les rémunérations. Enfin, l'Afpa est invitée à réaliser "dans les meilleurs délais" un audit de son patrimoine immobilier dans chaque région.