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Culture - Maison de l'histoire de France : plus de maison, mais peut-être un réseau

Aurélie Filippetti a annoncé, le 24 août, la fin du projet de "Maison" de l'histoire de France. Un projet qu'elle juge "contestable idéologiquement" et "extrêmement coûteux".

Intervenant, le 24 août, sur France Inter, la ministre de la Culture a mis un terme au projet de Maison de l'histoire de France - qui devait ouvrir ses portes en 2015 -, du moins dans sa forme envisagée à l'origine. Au début du mois de juillet, Aurélie Filippetti avait déjà fait part de ses réticences sur le projet, en demandant un "moratoire sur toute décision prise" par le comité d'orientation installé au début de 2011 et présidé par l'historien Jean-Pierre Rioux. Le 24 août, elle a été beaucoup plus précise, évoquant à la fois "un projet contestable idéologiquement" et "un projet extrêmement coûteux" (7 millions d'euros déjà dépensés pour l'avant-projet et 80 millions d'euros prévus pour l'installation dans les anciens bâtiments des Archives nationales dans le Marais, libérés par le départ à Pierrefitte).
Reprenant les arguments des historiens opposés au projet, la ministre de la Culture a estimé que "vouloir montrer une manière de raconter l'histoire de France est un projet daté". En effet, si le projet de Maison de l'histoire de France - issu d'une décision de Nicolas Sarkozy - disposait désormais d'un cadre juridique et d'un lieu d'accueil (malgré l'opposition des personnels des Archives, peu désireux d'abandonner le Marais pour la Seine-Saint-Denis), il n'a pas réussi à susciter une adhésion suffisante parmi les historiens. Certains d'entre eux se montraient en effet très hostiles à certains de ses aspects - notamment la "Galerie des temps" qui devait donner une vision chronologique de l'histoire de France - et, plus largement, à l'idée même d'un discours sur l'histoire de France.

Quel pilote pour le réseau ?

A défaut de la "maison" envisagée, Aurélie Filippetti a néanmoins indiqué qu'"on s'oriente sur une formule plus souple, sur une mise en réseau de nos musées d'histoire à travers un organe pilote incarné par un site internet". Cette approche était déjà prévue dans le projet initial, puisque la maison de l'histoire de France devait précisément jouer ce rôle de "tête de réseau" pour près de 1.000 musées ou lieux d'histoire répartis dans toute la France (voir nos articles ci-contre). Il reste désormais à savoir quel sera l'"organe pilote" évoqué par la ministre et chargé d'animer le réseau et de porter le site internet correspondant.
Sur un plan juridique, la structure existe déjà, puisqu'un décret du 22 décembre 2011 porte création de la Maison de l'histoire de France (voir notre article ci-contre du 16 janvier 2012), présidée par Maryvonne de Saint-Pulgent, qui fut en particulier directrice du patrimoine au ministère de la Culture entre 1993 et 1997. Le décret du 22 décembre 2011 prévoit notamment que l'établissement "favorise la constitution et le développement de réseaux nationaux d'institutions publiques et privées intervenant dans le domaine de l'histoire". Ce même décret pérennise le comité scientifique, sous la forme d'un "comité d'orientation scientifique", dont le président est nommé pour une durée de deux ans renouvelable. Reste désormais à savoir si ce dispositif, conçu pour porter la Maison de l'histoire de France, peut se redimensionner pour s'adapter à la mise en œuvre du seul réseau ou si le ministère préfère envisager une structure ex nihilo, au risque de nouveaux délais. Les premiers éléments de réponse pourraient être fournis lors de l'examen des crédits de la Culture dans le projet de loi de finances pour 2013.

 

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