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Ressources humaines - Lutte contre l'illettrisme des agents : les collectivités redéfinissent leurs actions

La lutte contre l'illettrisme dans les collectivités passe désormais par des formations centrées sur l'acquisition de savoirs qui sont en lien avec les métiers, constate une étude du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), qui se fonde sur des entretiens avec les responsables de 21 collectivités.

Le phénomène de l'illettrisme reste très important dans le monde du travail, notamment dans les collectivités territoriales. Selon l'Insee, 14% des agents territoriaux occupant des emplois d'exécution seraient "en grave difficulté dans la maîtrise de l'écrit". Des collectivités ont tenté d'agir dès les années 1990, en proposant aux personnels concernés des stages de remise à niveau en Français et mathématiques. Les agents reprenaient en quelque sorte le chemin de l'école. La loi du 19 février 2007 sur la fonction publique territoriale a reconnu ce type de formations, comme une catégorie de formations à part. Une consécration officielle qui a encouragé de nouvelles collectivités à mettre en place des formations sur "les savoirs fondamentaux", autre nom donné à la lutte contre l'illettrisme, afin de ne pas stigmatiser les personnes à qui elle s'adresse. Parallèlement, les formations sont devenues moins scolaires en se recentrant sur "les aspects professionnels", ou sur les savoirs en lien avec les métiers exercés par les agents. Selon cette logique, un cuisinier a intérêt à se former en mathématiques, plutôt qu'en Français, parce qu'il en éprouve plus le besoin dans son travail quotidien. Cette manière de procéder correspond mieux aussi aux possibilités financières des collectivités, car beaucoup d'entre elles ne peuvent offrir plus de 16 jours de formation, alors que selon certains organismes de formation, 1.000 heures seraient nécessaires pour que les agents "se sentent vraiment à l'aise".

Anticiper les reclassements futurs

Cette réorientation des formations aux savoirs de base "s'articule avec une volonté de mettre l'accent sur la sensibilisation et l'implication des encadrants", souligne le CNFPT. Un objectif qui se comprend, lorsqu'on sait que beaucoup de cadres ne voient pas l'intérêt direct des formations relevant de la lutte contre l'illettrisme pour ceux qui les suivent.
"Globalement, les collectivités ont encore peu fait le lien entre la conduite de leur politique de ressources humaines et les actions qu'elles mènent en matière de lutte contre l'illettrisme", considère le CNFPT. Certaines collectivités ont toutefois mis en place des formations de "remise à niveau" pour leurs agents de catégorie C exerçant des métiers pénibles, afin de faciliter leur reclassement si un jour cela s'avère nécessaire. Une collectivité projette même la mise en place d'un dispositif faisant le lien entre départs en retraite, reclassement et illettrisme : "l'idée est de faire des agents seniors des tuteurs par rapport à des agents en requalification sur le dispositif de savoirs de base", témoigne un responsable de la collectivité. Un exemple à suivre ?

 

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