Accès au logement - L'Unafo réclame une relance de la construction de résidences sociales en Ile-de-France
Dans un manifeste très argumenté, l'Unafo (Union professionnelle du logement accompagné) demande une relance des résidences sociales en Ile-de-France. Face aux besoins régionaux en matière d'accès au logement, l'association juge nécessaire d'y produire chaque année 5.000 logements en résidences sociales. Celles-ci proposent en effet "des logements autonomes, abordables et accessibles aux ménages les plus modestes, voire en situation de grande exclusion pour les pensions de famille".
Une moyenne de 4.050 logements entre 2011 et 2014, mais 2.500 en 2015
Les résidences sociales répondent notamment aux besoins de petits logements pour les isolés, les jeunes, les familles monoparentales, "tous particulièrement visés par les difficultés d'accès au logement". La raison de la mobilisation de l'Unafo tient à la soudaine chute de la construction de résidences sociales observée en 2015. Entre 2011 et 2014, la production de ce type de structures en Ile-de-France s'est maintenue autour d'une moyenne de 4.050 logements financés par an. Mais cette production est tombée à 2.523 logements en 2015, soit une chute de 38%.
Parmi les raisons de ce brusque recul, l'Unafo cite "un désengagement inquiétant des financements d'Etat aux résidences sociales". La subvention de l'Etat était en moyenne de 15.000 euros par logement en 2009 et 2010, avant de tomber aux alentours de 10.000 euros en 2013 et 2014. Ce désengagement conduit à augmenter la part des prêts - par nature plus coûteux, malgré la baisse des taux -, qui passe ainsi de 51% à 59% sur la période.
Des injonctions contradictoires de l'Etat et des collectivités
L'Unafo pointe également un autre phénomène : "Nous faisons face quotidiennement à des injonctions contradictoires : des projets soutenus par des collectivités locales ne sont pas retenus par l'Etat, au moment où des projets soutenus par l'Etat ne recueillent pas l'assentiment des collectivités locales". A cette contradiction s'ajoute "un autre paradoxe", avec la montée des exigences des pouvoirs publics - à commencer par l'Etat -, "au moment même où il peine à assurer le financement des missions du logement accompagné".
Selon l'Unafo, l'Etat demande en effet d'ouvrir l'accès des résidences sociales à des publics de plus en plus fragiles, alors qu'il diminue les différents financements destinés à l'accompagnement de ces publics : aide à la gestion locative sociale (AGLS), accompagnement vers et dans le logement (AVDL), mais aussi difficultés des départements pour financer l'accompagnement social lié au logement (ASLL) sur les crédits du Fonds de solidarité logement (FSL).
Mieux articuler les priorités et les dispositifs
Face à cette baisse des financements, les besoins ne diminuent pas. S'appuyant sur le diagnostic préalable à l'élaboration du schéma régional de l'habitat et de l'hébergement, l'Unafo rappelle que l'Ile-de-France compte plus de 950.000 personnes mal logées et que 15% des Franciliens sont pauvres et vivent avec moins de 990 euros par mois.
L'Unafo demande donc un renforcement des moyens pour la production des résidences sociales et l'accompagnement des publics. Mais elle demande aussi "que soient reconnues la diversité des publics et la complémentarité des solutions proposées". L'association juge en effet nécessaire de mieux articuler "la multiplicité des priorités de l'action publique, qui relèvent toutes, aujourd'hui, de dispositifs spécifiques ou de niveaux différents de décision politique".
Dans cet esprit, elle réclame un "renforcement du dialogue entre Etat et collectivités locales pour soutenir les projets de résidence sociale". Pour cela, elle propose la réunion régulière d'instances départementales autour de la mise en oeuvre des objectifs diversifiés de production de résidences sociales.