L'Umih propose ses hôtels pour loger les soignants, le gouvernement les réquisitionne pour les SDF
Touchés par la désertion des clients, les hôtels, dont beaucoup ont préféré fermer, pourraient rapidement jouer un rôle dans la lutte contre le coronavirus. Deux démarches, qui peuvent d'ailleurs être tout à fait complémentaires, semblent en effet émerger. D'un côté, l'Union des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie (Umih) propose de mobiliser ses établissements pour l'accueil des personnels soignants. De l'autre, le gouvernement annonce recourir à des hôtels pour loger les personnes sans abri.
Dans un communiqué du 17 mars, l'Umih annonce que "les professionnels de l'hôtellerie-restauration [sont] mobilisés pour l'accueil des personnels soignants". Il s'agit là d'"une volonté exprimée par de nombreux hôteliers, prêts à rouvrir en 24 heures leur établissement, fermés pour certains". Ces établissements se disent prêts à assurer "l'hébergement, la restauration en chambre, le lavage du linge et les services numériques, comme le Wifi gratuit". Bien que la question ne soit pas évoquée, les frais pourraient être pris en charge par l'État. L'intérêt d'une telle mesure serait évidemment de permettre aux personnels de santé de se loger au plus près de leur lieu d'exercice, évitant ainsi de devoir perdre du temps et de s'exposer dans les transports.
Dans son communiqué, l'Umih indique attendre "le cadre et les consignes définis par le gouvernement pour venir en soutien le plus vite possible aux personnels hospitaliers". Elle affirme même que "le travail de recensement des hôtels a commencé dans nos départements, nous devons aller vite et pour cela nous souhaitons travailler en lien avec les préfets".
Près de 3.000 places mobilisés pour les SDF
Lors de la séance exceptionnelle de questions au gouvernement du 19 mars, Nathalie Elimas, députée (Mouvement démocrate et apparentés) du Val-d'Oise, a posé la question de l'accompagnement des personnes sans abri face à l'épidémie. Elle a rappelé que "pour ces personnes déjà malades et dont il faut majorer l'âge, les mesures de confinement seront particulièrement compliquées à mettre en place, tout comme les gestes barrières". Cela d'autant plus que "les accueils de jour sont contraints de fermer, alors que les centres d'hébergement sont déjà saturés. Le matériel de protection manque malgré le risque accru de contamination et les bénévoles et personnels des associations ne peuvent actuellement bénéficier de système de garde d'enfants".
Dans sa réponse, Julien Denormandie a reconnu que "c'est évidemment compliqué, car cela nécessite des dispositifs particuliers". Le ministre de la Ville et du Logement a indiqué privilégier notamment les chambres individuelles et les hôtels, "avec lesquels nous travaillons beaucoup pour libérer le plus grand nombre possible de chambres". Les premières chambres ont ouvert dès le 18 mars au soir et 170 places seront ouvertes à Paris avant la fin de la semaine, "et nous allons continuer ainsi jour après jour".
Reste le cas des personnes sans abri "qui auraient malheureusement été infectés par le Covid-19, mais qui n'auraient pas besoin d'aller à l'hôpital car leurs symptômes ne seraient pas graves". Julien Denormandie annonce l'ouverture de centres dédiés – baptisés centres de desserrement –, "qui offriront avant la fin de la semaine 150 places à Paris et dans ses environs, 80 sites ayant par ailleurs été identifiés à cette fin partout sur le territoire national". Pour financer ces mesures, une enveloppe de 50 millions d'euros a d'ores et déjà été dégagée, "et, s'il le faut, nous irons plus loin".
Le ministre de la Ville et du Logement confirme ainsi l'annonce qu'il avait faite la veille lors d'un point avec les réseaux associatifs en charge de l'hébergement d'urgence (voir notre article ci-dessous du 18 mars 2020). Julien Denormandie avait précisé à cette occasion que les 80 sites envisagés offriraient une capacité de 2.875 places.