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Emploi - L'industrie a perdu 24.000 emplois en 2012

Les fermetures d'usines ont progressé de 42% en 2012 et les suppressions d'emplois ne sont pas compensées par les créations, selon la dernière livraison du cabinet Trendeo, qui s'attend à une détérioration de l'économie française en 2013. Les régions ne subissent pas les mêmes conséquences, celles du Nord-Est pâtissant toujours plus de la crise.

Une détérioration de l'économie française en 2013, plus probable qu'une amélioration. Les prévisions de l'observatoire de l'emploi et de l'investissement de Trendeo, société de veille et conseil, diffusées le 5 février 2013, ne sont pas très optimistes. Elles se basent sur les années passées et sur les dernières données mensuelles collectées, celles de janvier 2013. "Le mois de janvier, avec les annonces de suppressions d'emplois de Renault puis de Goodyear, est le plus mauvais depuis que nous collectons des données", précise ainsi l'étude.
La conjoncture économique s'est dégradée en 2012, alors que l'économie française se redressait jusqu'à la mi-2011, après une année 2009 très dure. Résultat : le nombre de femetures d'usines a progressé de 42% en 2012. "Depuis janvier 2009, nous dénombrons 1.087 fermetures d'usines (sites industriels employant plus de dix salariés)", détaille l'étude. Les destructions d'emplois l'emportent largement sur les créations. L'industrie a ainsi perdu 23.897 postes en 2012. Entre 2009 et 2012, les pertes atteignent 121.946 postes. Mais sur le total, les chiffres de 2009, annus horribilis, pèsent très lourd : l'industrie manufacturière avait enregistré près de 80.000 pertes cette année-là ! Pour mauvais qu'ils soient, ces résultats doivent donc être relativisés puisque l'industrie était déjà sur un rythme de 500.000 emplois supprimés en dix ans. Ils montrent en revanche que le discours volontariste des pouvoirs publics n'a pas permis d'inverser la tendance.
A noter que les délocalisations n'expliquent que pour une faible part les destructions d'emploi ; elles représentent 3,1% des destructions dans l'ensemble de l'économie et  8,5% dans les industries manufacturières. A l'inverse, malgré leur médiatisation, les relocalisations ne constituent que 0,2% des emplois créés depuis 2009 et 0,6% dans l'industrie.
Dans le même temps, les secteurs du tertiaire ne jouent plus le rôle de relais. "Pour le secteur du commerce, le solde net des emplois créés a été divisé par presque trois de 2010 à 2012", signale l'étude. 
Seul point positif : les filières vertes, que Trendeo suit avec attention, et qui ont créé à elles seules 24.000 emplois depuis 2009 (9.441 créations d'emplois dans l'éolien, 4.148 dans le solaire et 3.315 dans la méthanisation ou recyclage/dépollution). Pour la seule année 2012, elles ont créé 9.191 emplois contre 4.144 en 2011, 5.092 en 2010 et 5.562 en 2009.

Les régions du Nord-Est toujours les plus touchées

Les régions sont différemment touchées par la crise et "ont des taux de créations d'emplois très disparates", explique Trendeo. Dans celles qui résistent le moins bien, on retrouve les régions du Nord-Est, marquées par une forte tradition industrielle. Il s'agit de la Lorraine, où le solde cumulé des emplois créés et supprimés de 2009 à 2012 rapporté à la population active atteint -0,58% en 2012, l'Alsace (-0,31%), la Franche-Comté (-0,23%) et la Champagne-Ardenne (-0,18%).
D'autres s'en tirent bien. La Basse-Normandie est ainsi classée au premier rang du dynamisme économique régional avec un taux entre emplois créés et emplois détruits positif de 0,91%, dû principalement à l'annonce en 2012 de l'implantation à Cherbourg par Alstom et EDF Energies nouvelles d'un site de fabrication d'éoliennes en mer.
Les régions Aquitaine (+0,85%), Midi-Pyrénées (+0,82%), Pays de la Loire (+0,73%), Provence-Alpes-Côte d'Azur (+0,49%), Rhône-Alpes ou Nord-Pas-de-Calais, s'en sortent également bien avec des créations d'emplois dynamiques et peu de suppressions d'empois. Certaines d'entre elles sont tirées par des secteurs spécifiques, comme la région Paca avec les services (commerce et hôtellerie-restauration).
D'autres bénéficient de créations d'emplois publics importantes. C'est le cas de la région Centre qui bénéficie d'un plan de restructuration des armées plus favorable qu'ailleurs. Enfin, les régions moins peuplées et périphériques (Limousin, Auvergne) ont du mal à tirer leur épingle du jeu. Une cartographie qui rejoint la fracture territoriale décrite par Laurent Davezies, professeur au Cnam et à Sciences-Po (voir ci-contre notre article du 31 janvier 2013).
Trendeo isole le cas de la région Ile-de-France jugé plus "complexe" : "Le secteur automobile y était important et souffre beaucoup, et la présence massive francilienne du secteur banque et assurance se révèle un handicap quand le secteur réduit fortement ses effectifs." La région, qui reste de très loin la première en matière de dynamisme économique, subit des annonces de suppressions d'emplois supérieures aux créations (-0,26%).