Economie - L'industrie ne pèse plus que pour 11,2% de l'économie française
Si l'annonce de la vente de sous-marins à l'Australie a de quoi redonner des couleurs à l'industrie française, sur la longue période, le tableau reste sombre. C'est celui d'une progressive désindustrialisation du pays. Le poids de l'industrie dans l'économie française a ainsi été divisé par deux entre 1970 et 2014, selon une étude l'Insee, publiée le 26 avril. Elle est ainsi passée de 22,3% (soit le niveau de l'Allemagne aujourd'hui) à 11,2% de la valeur ajoutée totale. Dans le même temps, la part des services a augmenté de 50% passant de 31,7% à 45,4%. Celle du commerce à légèrement décru, passant de 12,5% à 10,3%.
L'Insee avance plusieurs explications à cette désindustrialisation. Il y aurait bien eu une progression de la valeur ajoutée de l'industrie, mais plus lente que dans le reste de l'économie. Si la valeur ajoutée de la branche a été multipliée par 8,6 dans l'intervalle, cela n'a pas été assez pour rattraper l'ensemble de l'économie qui a crû deux fois plus rapidement. Ce qui s'expliquerait avant tout par un "effet prix" lié à des gains de productivité plus élevés dans l'industrie manufacturière : la productivité s'est accrue de 3,2% dans l'industrie contre 1,7% dans l'ensemble de l'économie, précise l'étude. Mais l'externalisation et les délocalisations dans le contexte de mondialisation comptent aussi pour beaucoup dans ce recul. "Les entreprises industrielles ont externalisé une partie de leurs activités vers les services, la concurrence étrangère s'est développée et la structure de la demande s'est déformée au profit des services", explique l'Insee. Si le recours à des sous-traitants pour toutes sortes de tâches (entretien, services informatiques...) a été important pendant les années 1990, il s'est depuis nettement ralenti.
La désindustrialisation plus marquée entre 2000 et 2007
Viennent ensuite les délocalisations. Selon l'Insee, "l'impact négatif de la hausse des importations sur la production domestique suggère une substitution entre les biens importés et les biens produits en France". Ainsi, la production industrielle s'est accrue de 5,2% entre 1970 et 2014, quand dans le même temps les importations ont crû de 8,2%, créant un déséquilibre entre importations et exportations. "Au total, le solde extérieur des produits manufacturés s'est dégradé après un excédent record en 1997, et devient déficitaire en 2007. Le déficit est maximal en 2011, puis se réduit."
C'est entre 2000 et 2007 que la désindustrialisation a été la plus marquée, avec une part qui est passée de 15,7 à 12,7%, essentiellement en raison d'une baisse des prix liée aux gains de productivité, explique l'Insee. Depuis 2007, la baisse est moins forte mais résulte davantage d'une contraction de la production dans le contexte de crise.
Depuis 2000, les cinq branches industrielles qui ont le mieux résisté sont la pharmacie, les matériels de transport, les industries agroalimentaires et la réparation-installation. La pharmacie est l'une des rares activités manufacturières à accroître son volume de production et à dégager un excédent extérieur.