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Limoges fait la chasse aux économies d'énergie

Le maire de la ville (Haute-Vienne) vient de dévoiler un vaste plan de limitation de la consommation énergétique. Réduction de la température dans les équipements sportifs et les bureaux, fermeture anticipée de la patinoire, modernisation de l'éclairage public… Si les économies espérées, d'au moins 3 millions d'euros, ne sont pas au rendez-vous, des mesures complémentaires seront prises.

Le maire (LR) de Limoges a lancé, le 8 décembre, la bataille des économies d'énergie de l'ancien chef-lieu du Limousin. La flambée des factures énergétiques est un casse-tête pour cette ville d'un peu plus de 130.000 habitants, à qui il revient de gérer pas moins de 617 bâtiments d'une surface totale de 645.000 m2. De 4 millions d'euros en 2021, ses dépenses en électricité et gaz ont bondi à 8 millions d'euros cette année. À consommation inchangée, le record de 16 millions d'euros – soit 10% du budget de fonctionnement pour 2023 – pourrait être atteint l'an prochain, selon les prévisions de la "cellule climat énergie" de la ville. Une perspective que Émile Roger Lombertie veut à tout prix éviter, comme il l'a souligné au cours d'une conférence de presse.

Le plan de sobriété énergétique qu'il a dévoilé vise un objectif d'au moins 3 millions d'euros d'économies en 2023, permettant de limiter la facture énergétique à un maximum de 13 millions d'euros. "Je choisis l'énergie comme variable d'ajustement, parce que, sinon, c'est le personnel", a justifié le maire, en écartant d'emblée cette autre option. Car pour arriver par ce biais à une économie de 3 millions d'euros, la commune devrait renoncer à l'emploi d'une centaine d'agents. Un choix tout simplement inconcevable pour l'élu : "Je ne pourrais continuer le service public."

L'eau des piscines à 26°

La batterie de mesures que Émile Roger Lombertie a détaillée comporte évidemment un certain nombre de points communs avec le plan de sobriété énergétique déployé à l'échelle nationale. En allant parfois un peu plus loin que ce dernier. La température est abaissée à 18° dans les bâtiments municipaux, sauf dans les crèches (20°) et les espaces d'exposition des musées (21°). Dans les locaux administratifs, une ampoule sur deux est retirée – lorsque c'est possible – et le passage à l'éclairage LED est généralisé. Par ailleurs, l'eau chaude est supprimée dans les lavabos (sauf pour ceux de la médecine préventive).

Beaucoup plus énergivores, les équipements sportifs ne sont bien sûr pas oubliés. La température dans les gymnases est portée à 14°, selon la recommandation du ministère chargé des Sports. Dans les trois piscines municipales, l'eau est chauffée à 26°, soit la température fixée par la Fédération française de natation. Les entraînements sportifs sur les 33 terrains prévus à cet effet sont maintenus le soir, mais avec un éclairage en intensité diminuée de moitié. Seuls les matchs nocturnes de football et de rugby de niveau au moins régional sont autorisés.

La patinoire fermera en avril

La patinoire olympique concentre l'attention de la municipalité. De tous ceux qui sont gérés par la ville, l'équipement inauguré en 1982 est le plus énergivore. En 2022, la facture d'électricité atteint 170.000 euros rien que pour lui. Ce service public est aussi "moins indispensable" que d'autres (cimetières, papiers d'identité, écoles), pointe le maire. La municipalité a donc annoncé sa fermeture définitive, après la tenue des compétitions, le 16 avril 2023. Une décision qui ne passe pas, du côté des trois clubs sportifs concernés et de leurs 550 licenciés. "Il ne s'agit pas que de sport mais également d'un outil de lien social local", répondent-ils dans une pétition, qui a réuni 1.500 signatures en une semaine.

Rénovation de l'éclairage public

En ce mois de décembre, les illuminations de Noël (100% LED) sont déployées sur un périmètre restreint de Limoges. Elles sont éteintes chaque soir dès 22 heures – une exception sera toutefois faite les veilles de Noël et du jour de l'An. La mairie espère parvenir à réduire de 60% sa consommation par rapport à 2021.

Comme beaucoup d'autres collectivités, la ville met aussi le paquet sur l'éclairage public. Pour cause : l'usage des 20.300 points lumineux lui a coûté plus de 2,1 millions d'euros en 2021. Depuis cinq ans, 2.500 lampes énergivores ont été remplacées par des ampoules LED. La ville va accélérer, puisqu'elle prévoit de changer 5.000 lampes dans les deux prochaines années. Une économie annuelle de près de 830.000 euros pourrait ainsi être faite (à tarif constant). L'investissement a évidemment un coût, mais celui-ci sera soutenable, grâce à un financement innovant – l'intracting – déployé par la Banque des Territoires. La ville remboursera sur une durée de 12 ans l'avance qui lui est accordée à des conditions financières "réduites" par rapport à celle du marché.

Production d'électricité

Émile Roger Lombertie n'a pas hésité à souscrire au dispositif. L'élu croit au cercle vertueux permis par les investissements en faveur de l'amélioration de l'efficacité énergétique ou de la production des énergies renouvelables. Les marges budgétaires liées aux économies de fonctionnement sont en effet réinvesties dans de nouveaux investissements dédiés à l'efficacité énergétique, qui, à leur tour, occasionnent une réduction des coûts liés à l'énergie... C'est dans cette logique que la ville a investi pour se doter en quelques années de 982 m2 de panneaux photovoltaïques installés sur les bâtiments communaux. L'effort d'équipement sera poursuivi en 2023, notamment par la pose de nouveaux panneaux sur les toitures de logements sociaux qui seront rénovés.

Des ampoules LED seront aussi posées dans les gymnases. Une première étape avant une rénovation thermique progressive de ces "passoires thermiques". Par ailleurs, dans les écoles, plus d'un millier de menuiseries (fenêtres et portes) vont être remplacées pour améliorer l'isolation. Coût : 2,8 millions d'euros.

Bibliothèques et musées seront ouverts moins longtemps

Les consommations énergétiques de la ville seront surveillées de très près, grâce à des outils de suivi mensuel. Si le seuil critique de 13 millions d'euros devait être atteint en cours d'année, le plan de sobriété serait durci. L'éclairage public serait éteint à 22 heures et deux, puis trois piscines seraient mises hors service. Le chauffage serait coupé dans les gymnases et, en cas de grand froid, ceux-ci seraient eux aussi fermés. La fermeture de bâtiments administratifs est aussi prévue. Le partage des bureaux et le télétravail seraient déployés pour assurer la continuité du service public.

Devant la presse, le maire de Limoges a justifié également le plan de sobriété énergétique par le "contrat de confiance" voulu par le gouvernement, qui obligerait la ville à contenir la progression de ses dépenses de fonctionnement à un rythme inférieur à l'inflation. Dans ce cadre, un dérapage des dépenses énergétiques de la ville condamnerait celle-ci à "'taper' dans la culture, dans les sports et plus largement tout ce qui rentre dans les frais de fonctionnement et qui fait la vie de la cité", prévenait Émile Roger Lombertie.

Selon un article du quotidien régional Le Populaire en date du 1er décembre, de premières mesures de réduction de la voilure des services publics municipaux ont en fait déjà été annoncées lors d'une réunion du comité technique. Les plages d'ouverture hebdomadaire des bibliothèques et des deux musées seront réduites. Quant aux crèches, elles seront toutes fermées entre Noël et le 1er janvier et durant les trois premières semaines du mois d’août. Jusqu'à présent, certaines des crèches restaient ouvertes sur ces périodes où la fréquentation est traditionnellement faible.