L'ex-ministre Sarah El Haïry prend la tête du Haut-commissariat à l'Enfance
L'ancienne ministre chargée de l'Enfance et figure du MoDem Sarah El Haïry a été nommée ce mercredi 5 mars Haut-commissaire à l'Enfance. Cette nomination, évoquée depuis plus de trois mois, a été confirmée par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas à l'issue du conseil des ministres.
A 35 ans, Sarah El Haïry renoue avec des sujets dont elle s'était brièvement occupée en tant que ministre déléguée chargée de l'enfance, de la jeunesse et des familles, sous le gouvernement Attal, entre février et septembre 2024 (elle avait été précédemment secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du service national universel, en 2022-2023, puis brièvement de la biodiversité). De nombreux dossiers attendent l'ancienne députée de Loire-Atlantique. Interrogée à ce sujet à l'Assemblée nationale en février, sa ministre de tutelle Catherine Vautrin avait notamment évoqué "la politique de prévention des violences faites aux enfants", "la question de l'adoption", la politique "de soutien à la parentalité", la "stratégie d'usage des écrans" ou le service public de la petite enfance. Sans oublier naturellement l'aide sociale à l'enfance (ASE).
La création du poste de Haut-commissaire à l'Enfance avait été promise par Emmanuel Macron en décembre dernier, en réponse aux critiques soulevées par l'absence d'un ministère de plein exercice dédié à cette question dans le gouvernement Bayrou.
Ce nouveau poste n'éteint pas les inquiétudes des associations qui craignent que le cadre retenu par l'exécutif n'apporte pas la même garantie "en matière de prérogatives gouvernementales ou dans les moyens humains et financiers pour mener des politiques ambitieuses".
En outre, l’hypothèse d’un rattachement du Haut-commissaire à l'Enfance au Premier ministre n’a pas été retenue. Sarah El Haïry est placée "auprès du ministre chargé de l'enfance", c’est-à-dire de Catherine Vautrin, et est aussi "en lien avec le ministre de l'Éducation nationale et le ministre de la Justice".
Selon le décret publié le 11 février au Journal officiel, le Haut-commissaire doit notamment organiser "la concertation avec les acteurs du secteur" et "coordonner au niveau interministériel la politique de l'enfance". En particulier "en matière de protection de l'enfance, de santé de l'enfant, de soutien à la parentalité, d'adoption, de petite enfance et d'accueil du jeune enfant" et "contribue également à l'élaboration et à la mise en œuvre des politiques conduites à l'égard des professionnels de l'enfance". Il "dispose de personnels mis à disposition" et "peut faire appel aux services des ministères concernés" (Solidarités et Santé, Éducation nationale, Justice, Intérieur, Affaires étrangères, corps d’inspection, conseils et délégations sur ces thèmes, organismes de sécurité sociale).
Cette "approche globale" est saluée par Florine Pruchon, responsable du pôle plaidoyer à SOS Villages d'enfants et coordonnatrice du réseau La dynamique pour les droits des enfants. "On espère vraiment que cela ne va pas être à nouveau une instance pour faire un état des lieux, des rapports", dit-elle à l'AFP. "Il y a plein de rapports, maintenant il faut agir, il faut mettre en place une stratégie nationale globale et cohérente sur l'enfance". Si la Haut-commissaire "n'aura ni les pouvoirs ni l'autorité d'une ministre", Sarah El Haïry "peut contribuer à animer la politique gouvernementale pour l'enfance et conduire à l'adoption de mesures d'urgence à brève échéance", estime la Convention nationale pour la protection de l'enfance (Cnape). Pour la députée socialiste et rapporteure de la commission d'enquête parlementaire sur l'ASE Isabelle Santiago, si la nomination a le mérite de mettre fin à "plusieurs semaines de flottement", de nombreuses questions demeurent. "Quel budget ? Quelle feuille de route ? Quels poids politiques", s'inquiète-t-elle dans un communiqué.