L'Europe a subi en 2023 un nombre record de jours de "stress thermique extrême"
L'Europe a connu en 2023 un nombre record de jours où la chaleur ressentie a été "extrême" pour les corps humains, à cause de températures au-delà de 35°C ou 40°C, selon un rapport de l'observatoire européen Copernicus et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) publié ce 22 avril.
"L'année 2023 a atteint un nombre record de jours de 'stress thermique extrême', c'est-à-dire de journées où la 'température ressentie' a dépassé l'équivalent de 46°C", selon un rapport (en anglais) de l'observatoire européen Copernicus et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) publié ce 22 avril. Cet indice de "stress thermique" prend en compte l'effet sur le corps humain de la température combinée à d'autres facteurs (humidité, vent, rayonnement), sachant qu'une exposition prolongée à ce phénomène augmente le risque de maladie et est particulièrement dangereuse pour les personnes vulnérables.
Etés de plus en plus chauds et meurtriers
Le rapport annuel du service changement climatique (C3S) de Copernicus, réalisé avec l'agence de l'ONU chargée des questions relatives au temps, au climat et à l'eau s'attarde particulièrement sur l'impact sanitaire des canicules, alors que le réchauffement climatique rend les étés de plus en plus chauds et meurtriers sur le continent. "Nous observons une tendance à la hausse du nombre de jours de stress thermique en Europe, et 2023 n'a pas fait exception" avec ce nouveau record, qui n'est toutefois pas quantifié dans le rapport, a déclaré Rebecca Emerton, climatologue à Copernicus.
Pour mesurer le confort thermique, le C3S et l'OMM se réfèrent à l'Indice universel du climat thermique (UTCI en anglais) qui représente la chaleur subie par le corps humain en prenant en compte non seulement la température, mais aussi l'humidité, la vitesse du vent, l'ensoleillement et la chaleur émise par l'environnement, dont l'effet est plus prononcé dans les villes où les matériaux tels que le béton ou le goudron absorbent davantage les rayonnements solaires.
L'indice, exprimé en équivalence d'une "température ressentie" en degrés Celsius, comprend dix catégories différentes : du stress froid extrême (au-delà de -40) au stress chaud extrême (+de 46) en passant par l'absence de stress thermique (entre 9 et 26). Le 23 juillet dernier, au plus fort de la canicule, 13% de l'Europe connaissait un degré au moins de stress thermique, du jamais-vu. La chaleur extrême a frappé surtout le sud du continent, où la température de l'air a atteint jusqu'à 48,2°C en Sicile, soit 0,6 degré de moins que le record continental.
Les chiffres de la surmortalité liée à la chaleur en 2023 ne sont pas encore connus, mais le rapport rappelle que des dizaines de milliers de personnes sont mortes en Europe au cours des étés étouffants de 2003, 2010 et 2022.
Un réchauffement deux fois plus rapide en Europe
Causé par les émissions de gaz à effet de serre de l'activité humaine, le réchauffement climatique augmente l'intensité, la durée et la fréquence des canicules. Le phénomène est particulièrement visible en Europe, qui se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne de la planète, alors que le climat mondial est déjà au moins 1,2°C plus chaud qu'avant l'ère industrielle.
Le réchauffement accru en Europe, associé au vieillissement de la population et à l'augmentation du nombre de citadins, aura de "graves conséquences pour la santé publique", alerte le rapport. Et "les mesures actuelles de lutte contre la canicule seront bientôt insuffisantes" pour y faire face.
Au niveau mondial, 2023 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée, sous l'effet du changement climatique accentué par le retour du phénomène cyclique El Niño. Et la température des océans, qui absorbent 90% de l'excès de chaleur provoqué par l'humanité, se maintient à des chaleurs inédites depuis un an.
Catastrophes naturelles de plus en plus intenses et fréquentes
Outre les canicules, le continent européen a subi de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes au cours de l'année 2023 : deux millions de personnes ont été touchées par des inondations ou des tempêtes, des sécheresses sévères ont affecté la péninsule ibérique et l'est de l'Europe et le plus grand incendie de forêt de l'histoire du continent a dévasté 96.000 hectares en Grèce, égrène le rapport de Copernicus et de l'OMM. Ces catastrophes ont coûté 13,4 milliards d'euros, à 80% imputables aux inondations lors d'une année marquée par des précipitations très au-dessus de la moyenne, notent les deux institutions. L'année 2023 a aussi été marquée par un nombre de jours de neige inférieur à la moyenne, en particulier en Europe centrale et dans les Alpes en hiver et au printemps. Combinée à des températures élevées en été, cette baisse de l'enneigement a contribué à une diminution des glaciers partout en Europe, l'exemple le plus frappant se situant dans les Alpes où les glaciers ont perdu 10% de leur volume entre 2022 et 2023.