Les Vingt-Sept s’entendent sur le "triumvirat" de l’UE et arrêtent leur programme stratégique 2024-2029
Les Vingt-Sept ont approuvé, jeudi 27 juin, les candidatures d'Ursula Von der Leyen, Antonio Costa et Kaja Kallas aux trois postes clés de l'Union européenne. Si le Pacte vert d'Ursula Von der Leyen a constitué l'alpha et l'omega de son premier mandat, les dirigeants européens souhaitent imposer de nouvelles priorités à côté de la transition écologique, comme la compétitivité et la défense, sans omettre "la cohésion économique, sociale et territoriale".
Les dirigeants européens sont parvenus à un accord, jeudi 27 juin, sur les trois fonctions clés de l'Union européenne. Sans surprise, Ursula Von der Leyen a été choisie pour un second mandat de cinq ans à la tête de la Commission européenne, ce que devront encore valider les députés européens, vraisemblablement lors de leur première session mi-juillet. L'ancien Premier ministre socialiste portugais Antonio Costa succèdera au Belge Charles Michel à la présidence du Conseil européen. Et la Première ministre centriste estonienne Kaja Kallas remplacera l'Espagnol Josep Borrell au poste de Haut représentant pour les affaires étrangères.
Alors que les résultats des dernières élections n'ont pas changé les grands équilibres entre les 3 grandes forces de la coalition au pouvoir (PPE, S&D et Renew), la présidente du Parlement européen la Maltaise Roberta Metsola (PPE) devrait elle-même être reconduite.
Programme stratégique
Les Vingt-Sept ont également arrêté leur "programme stratégique" pour la période 2024-2029. Ils fixent cinq grandes priorités : compétitivité, transition écologique et numérique, immigration, défense et Etat de droit. "Le prochain cadre financier pluriannuel de l'Union devra tenir compte de ces priorités, de sorte que le budget de l'UE soit adapté à l'avenir et que des réponses européennes soient apportées aux défis européens. À cet égard, nous travaillerons à l'introduction de nouvelles ressources propres", souligne le Conseil européen, dans sa déclaration. La Commission doit faire une proposition de budget pluriannuel d'ici au 1er juillet 2025.
Si la reconduction d'Ursula Von der Leyen acte la poursuite de son "Pacte vert", celui-ci se voit placé au second plan derrière la compétitivité (améliorer le bien-être économique et social, augmenter le pouvoir d'achat, créer des emplois de qualité, veiller à la qualité des biens et des services en Europe...). Le texte est également fortement marqué par le contexte géopolitique actuel (guerre en Ukraine, élargissement…) et plaide pour une approche "tous risques" face aux crises diverses, "y compris les catastrophes naturelles et les urgences sanitaires". Les Vingt-Sept maintiennent cependant le cap de la neutralité climatique à horizon 2050 et souhaitent créer "un environnement plus favorable à l'augmentation de la capacité de production de l'Europe pour les technologies et produits zéro net" et investir "dans de vastes infrastructures transfrontières dans les domaines de l'énergie, de l'eau, des transports et des communications". On notera aussi l'allusion à la défense "de communautés rurales dynamiques" et au renforcement de la position des agriculteurs "dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire".
Soutien à la politique de cohésion
Alors que l'avenir de la politique de cohésion s'inscrit pour le moment en pointillé face à ces nouvelles priorités, le Conseil européen lui apporte un soutien appuyé, dans la foulée du conseil "affaires générales" du 18 juin. "Afin de promouvoir un développement harmonieux global de l'UE, nous accentuerons la cohésion économique, sociale et territoriale dans le but de poursuivre la convergence vers le haut, de réduire les disparités, de renforcer notre résilience et notre compétitivité et de stimuler la croissance à long terme dans l'ensemble de l'Union", mentionne-t-il. Une référence saluée par le Comité des régions monté au créneau récemment pour demander à Ursula Von der Leyen de clarifier sa position sur ce point (voir notre article du 18 juin), sachant que le poste de commissaire à la politique régionale n'est pas assuré. Il pourrait être fusionné dans un portefeuille plus large sur l'investissement.
Le président du Comité des régions Vasco Alves Cordeiro, a salué, dans un communiqué, vendredi, les nominations des trois "top jobs". Mais il appelle à un "soutien politique" de la politique de cohésion "parce que l'intégrité de notre Union est en jeu". "Pour concrétiser les ambitions du programme stratégique, telles que la fourniture de services de qualité, la préparation aux catastrophes naturelles et aux urgences sanitaires, les infrastructures transfrontalières et le soutien à nos communautés rurales, nous devons garantir une politique de cohésion forte et rénovée couvrant toutes les régions et fondée sur des dispositions renforcées en matière de gouvernance à plusieurs niveaux afin que les collectivités locales et régionales soient au cœur de la gestion et de la mise en œuvre de la politique", développe-t-il.