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Conjoncture - Les travaux publics toujours dans l'attente d'une relance de l'investissement local

Les travaux publics ne voient toujours pas le bout du tunnel. A 39,9 milliards d'euros en 2012, le chiffre d'affaires du secteur a connu un recul de 1,5% en euros constants par rapport à 2011 et le niveau d'activité est redescendu à celui d'il y a dix ans, a annoncé ce 11 décembre la Fédération nationale des travaux publics (FNTP). "Après un début d'année très bas pour cause d'intempéries suivi d'une remontée au printemps et au début de l'été, on a constaté un décrochage en septembre avec de mauvaises anticipations sur la fin de l'année", analyse Patrick Bernasconi, président de la FNTP.
La profession constate aussi des déséquilibres croissants entre territoires et entre ses différents types de clients. "Le monde rural et les petits chantiers sont sinistrés alors que le monde urbain et les grands chantiers sont davantage préservés", constate Patrick Bernasconi. "Sur les dix dernières années, alors que l'activité est restée étale en moyenne sur le territoire, elle a progressé de 25% en Ile-de-France et diminué du même pourcentage en Limousin", illustre-t-il. Côté donneurs d'ordres, l'investissement privé recule de 5%, les investissements d'Etat périclitent (-13%) tandis que l'investissement des collectivités locales, qui représente 45% de l'activité du secteur, se situe à un niveau très bas à ce point du cycle électoral, observe la FNTP. "Les communes ont à peine maintenu leurs investissements alors que deux ans avant les élections, les chiffres devraient être en hausse, note le président de la FNTP. Les départements ont continué à réduire leur demande, qui est 23% plus basse qu'en 2008."
Seuls les grands chantiers comme les programmes de rénovation des grands opérateurs ferroviaires et d'électricité ont véritablement tiré leur épingle du jeu. Les lignes à grande vitesse ont représenté quatre points d'activité et les transports en commun trois. En termes d'emploi, l'addition est lourde : 20.000 suppressions de postes en dix ans dont 3.000 en 2012.

2013, nouvelle année noire ?

Pour 2013, le secteur redoute une amplification de la crise avec un recul d'activité de 2,5% en volume, pour un chiffre d'affaires de 38,9 milliards d'euros. Il s'attend à une baisse de 9% de la demande du secteur privé et de 8% de celle de l'Etat. Du côté des grands opérateurs, la FNTP se montre beaucoup plus optimiste, en anticipant une hausse de 8% en volume. La construction des lignes ferroviaires à grande vitesse Tours-Bordeaux et Bretagne-Pays de la Loire devrait notamment avoir un effet stimulant, de même que les projets de tramways et transports en commun en site propre (96 en cours en 2013 contre 80 en 2012) et la poursuite des programmes de rénovation menés par RFF et RTE.
Reste un gros point d'interrogation sur le comportement des collectivités locales. "Même si nous sommes satisfaits des dispositifs qui se mettent en place pour faciliter le financement des projets, les anticipations des collectivités restent négatives", estime Patrick Bernasconi, qui s'attend à une baisse de 2,5% de leur demande. "Du jamais vu en année pré-élections municipales", insiste-t-il. "Nous anticipons une baisse de la demande des communes et des intercommunalités de 1%, le gel des dotations de l'Etat se cumulant avec un financement bancaire cher, poursuit-il. Quant aux régions et surtout aux départements affectés par le repli attendu des recettes issues des droits de mutation, le repli sera de 7 et 8%."
Pour le président de la FNTP, il faudrait encore aider le système bancaire à mettre des liquidités en face des prêts qu'il accorde aux collectivités. "On pourrait faire en sorte qu'une partie des surplus de liquidités du livret A reste dans les banques pour financer des crédits à moyen et long termes aux collectivités locales", suggère-t-il. Il
reconnaît toutefois que cette importante évolution passe par une modification de la législation.
La FNTP prépare aussi pour janvier 2013 une campagne de communication en direction des collectivités sur le thème "On n'arrête pas le futur". Car pour la profession, leurs marges de manoeuvre restent importantes. "Sauf exception, la majorité des collectivités sont dans une situation financière saine et capables de s'endetter pour financer l'investissement", souligne Patrick Bernasconi. Il faut aussi selon lui mieux faire connaître l'offre bancaire, en particulier celle de la Banque postale qui prévoit de mettre 5 milliards d'euros à disposition des collectivités locales en 2013 pour des prêts allant jusqu'à vingt ans après leur avoir déjà alloué 2,5 milliards de prêts en 2012.
Et si les grands projets restent un enjeu important, il y a aussi tout lieu de s'intéresser à la qualité des infrastructures, qui est "loin d'être satisfaisante", estime le président de la FNTP. On le constate ainsi dans le domaine de l'eau – 190.000 litres sont perdus toutes les 30 secondes pour cause de fuite -, de l'électricité – la coupure moyenne par an et par foyer est de 73 minutes – et de la voirie – 20% des 120.000 ponts routiers en béton ont un besoin urgent de réparation et le taux de renouvellement de la chaussée d'une route qui devrait être de 8% est plus proche de 5%. 

 

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