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Conjoncture - Les travaux publics touchés par la baisse des investissements des collectivités

2010 risque d'être une année sombre pour le secteur des travaux publics. "L'accumulation de mauvais indicateurs me conduit en milieu d'année à revoir à la baisse nos prévisions et anticiper un recul du chiffre d'affaires de 3%", a prévenu Patrick Bernasconi, président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) en présentant à la presse l'activité semestrielle du secteur ce 22 juin. "En trois ans, le chiffre d'affaires des entreprises de travaux publics se sera réduit de 15%", a-t-il ajouté.
Sur les 4 premiers mois de 2010, l'activité a baissé de 5% et les marchés conclus se sont repliés de 3%. Deux phénomènes ont joué : les intempéries hivernales, qui ont entraîné un nombre record d'heures chômées (+ 70% par rapport à la moyenne des dix dernières années) et l'attentisme des collectivités locales. Sous l'effet conjugué des élections régionales et des inquiétudes soulevées par la réforme de la taxe professionnelle, les collectivités, qui représentent 50% de l'activité des travaux publics, ont le plus souvent attendu la mi-avril pour voter leur budget. Concernant les appels d'offres, la baisse du nombre de lots enregistrée depuis le début de l'année est de 4% et de 19% pour les seuls départements.

 

Coupes claires dans les dépenses d'investissement des départements

Le recul de l'investissement des collectivités inquiète particulièrement la FNTP. "Après l'effort de 2009 lié au plan de relance et au remboursement anticipé d'un an de la TVA, les collectivités locales arbitrent désormais entre dépenses de fonctionnement, dépenses sociales et dépenses d'investissement, au détriment de l'investissement", a fait remarquer Patrick Bernasconi. La FNTP a passé au crible 79 budgets de département et relevé une chute de 12% des investissements consacrés aux travaux publics en 2010. Leurs dépenses d'entretien sont en recul de 7% et les subventions aux autres collectivités de 11%.
Une situation d'autant plus inquiétante que l'Etat prévoit un plan d'économies budgétaires de 45 milliards d'euros. Non seulement les dotations aux collectivités vont être gelées mais les dépenses d'intervention auprès des grands opérateurs comme RFF, EDF ou les transports en commun vont être réduites de 10%. "L'Etat n'a toujours pas annoncé comment il bouclerait le budget de l'Afitf (Agence de financement des infrastructures de transport de France, NDLR) dont les dépenses prévisionnelles sont pour 2011 de 2.610 millions d'euros et dont les ressources affectées sont de 1.159 million d'euros", a poursuivi le président de la FNTP qui a aussi rappelé que le schéma national des infrastructures de transport, prévu par le Grenelle 1, est attendu depuis un an.
D'importants chantiers comme le tram-train de La Réunion ont été abandonnés et beaucoup d'interrogations pèsent sur les capacités de financement d'autres grands projets comme les 1.500 kilomètres de transport en commun en site propre prévus par la loi Grenelle 2, le nouveau réseau de transport public du Grand Paris, le programme de construction et de rénovation des stades dans la perspective de l'euro 2016 ou encore le Plan Internet à très haut débit. "Il s'agit d'annonces qui, si elles se concrétisent, ne déboucheront pour la plupart qu'au-delà de 2011, sans calendrier précis ni financement clairement dédié", estime Patrick Bernasconi qui fustige le manque de "visibilité" pour l'activité future des entreprises du secteur.

En attendant, la FNTP redoute des ajustements douloureux. Sur les six premiers mois de l'année, le nombre d'entreprises en redressement ou en liquidation judiciaire a augmenté de 15% par rapport au premier semestre 2009 et 45.000 emplois sont potentiellement menacés.
 

Anne Lenormand

 

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