Les territoires fous des Micro-Folies
Lancées en 2017, les Micro-Folies ont rencontré le succès. Ces structures souples et peu coûteuses, qui proposent un accès aux œuvres dans des territoires souvent sous-dotés en équipements culturels, ont passé le cap des cinq cents ouvertures et continuent de s'implanter partout en France.
C'est une tradition... qui remonte à décembre 2021. À chaque fin d'année, l'Opéra national de Paris propose la diffusion d'une œuvre dans le cadre de son partenariat avec le réseau Micro-Folie. Ce vendredi 13 décembre, quelque deux cent cinquante Micro-Folies devaient diffuser en direct l'opéra Cendrillon, de Jules Massenet, chacune selon ses modalités propres. Ce nombre de deux cent cinquante est important. Il ne représente pourtant que la moitié des cinq cents Micro-Folies existant en France en cette fin d'année 2024. Car depuis le lancement du concept en 2017, le succès a été aussi régulier qu'important.
Si ce dispositif porté par le ministère de la Culture a rencontré le succès, c'est parce qu'il a su répondre à un besoin de culture d'une façon inédite : en apportant, partout en France, à commencer par les endroits dépourvus d'offre culturelle, des milliers de chefs-d'œuvre artistiques mais pas seulement. Chaque micro-folie repose d'abord sur une galerie d'art numérique – avec projection des œuvres sur grands et petits écrans – aujourd'hui alimentée grâce à seize collections issues de 320 établissements partenaires et coordonné par La Villette. La première originalité tient dans la souplesse de l'offre : les collections peuvent être visionnées à la manière d'une exposition ou commentées par un conférencier, ce qui ajoute à la structure une dimension d'éducation artistique et culturelle particulièrement adaptée au jeune public.
Territoires prioritaires
Au delà de cette "brique" de base d'environ 40 à 60 mètres carrés, l'espace de chaque micro-folie peut s'enrichir de multiples apports : café, salle de lecture, atelier en accès libre, fablab, cinéma, scène pour spectacles, etc. Au final, chaque lieu est adaptable, modulable, installé qui dans un bâtiment patrimonial, qui dans un tiers-lieu, un centre commercial ou une église désacralisée. Certaines micro-folies sont mobiles, mais toujours d'un faible coût, puisque l'investissement minimum est de 40.000 euros en comptant les frais d'études du projet et peut faire l'objet d'une subvention de l'État. Une formule qui a permis un déploiement dans les territoires prioritaires : les quartiers de la politique de la ville (QPV), les communes labellisées Action cœur de ville (ACV) ou Petite ville de demain (PVD), ou encore les zones rurales sont ainsi majoritairement représentés parmi les territoires accueillant des structures.
Si la plupart des micro-folies sont portées à l'échelle d'une commune, ou même d'un arrondissement dans le cas de Paris, d'autres le sont à l'échelle intercommunale, voire départementale, comme dans les Alpes-Maritimes ou les Bouches-du-Rhône.
Un développement encore inégal
Toutes les régions ne sont pourtant pas logées à la même enseigne en termes de déploiement des micro-folies. L'Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes sont ainsi largement en tête avec, respectivement, 89 et 84 structures existantes, devant le Grand-Est (62) et la Nouvelle-Aquitaine (59). Des régions aussi peuplées que l'Occitanie (26 structures), Provence-Alpes-Côte d'Azur (29) et les Hauts-de-France (31) apparaissent en retrait. On trouve en queue de classement la Corse (10 structures), la Bourgogne-Franche-Comté (11) et la Bretagne (13), bien que cette dernière possède une micro-folie mobile qui a le mérite de couvrir quinze îles dispersées du nord au sud tout autour de ses limites continentales.
Ces différences de développement devraient toutefois s'atténuer dans un proche avenir. 362 projets de micro-folies sont en effet en cours. Ces ouvertures devraient par exemple doubler rapidement le nombre de lieux ouverts en Bretagne et Bourgogne-Franche-Comté. En attendant, trois nouvelles micro-folies vont être inaugurées au Vésinet (Yvelines), à Sancerre (Cher) et dans le pays de Nay (Pyrénées-Atlantiques) d'ici fin décembre.