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Dépendance - Les salariés aidants, des acteurs indispensables, mais largement ignorés

A l'occasion de la Journée nationale des aidants, le 6 octobre, la Fondation Médéric Alzheimer et le groupe de protection sociale Malakoff Médéric publient une étude intitulée "Agir pour les salariés aidants". Celle-ci explore un domaine jusqu'alors peu investigué et pourtant essentiel à la prise en charge de la dépendance. Les salariés aidants - les proches qui aident un parent dépendant tout en continuant d'exercer une activité professionnelle - sont constitués de la génération dite "pivot", autrement dit de la tranche d'âge 40-64 ans. L'enquête montre que 70% d'entre eux apportent leur soutien à leurs parents et/ou à leurs enfants tout en travaillant.

Un âge moyen de 54 ans

L'étude, qui se concentre sur ceux aidant un parent âgé, montre que deux aidants sur trois (68%) de la tranche d'âge 40-64 ans ont une activité professionnelle (55% à temps plein et 13% à temps partiel). Ils ont en moyenne 54 ans, sont à 53% des femmes (proportion qui monte à 57% pour les aidants d'un parent atteint de troubles cognitifs), vivent à 74% en couple et 24% d'entre eux ont en outre au moins un enfant de moins de quinze ans à charge (proportion qui monte à 30% pour les aidants en emploi).
L'aide apportée est d'intensité variable : 23% assurent une aide quotidienne, 46% toutes les semaines et 31% tous les mois. De même, les aidants salariés effectuent en moyenne deux "tâches" pour leur parent dépendant. Les plus citées sont le soutien moral (53%), les tâches administratives (49%), les tâches ménagères (48%), la surveillance (26%) et la gestion du budget (23%). Les soins personnels (13%) et les aides financières (9%) sont nettement moins cités.

Un impact sur la vie professionnelle

Un aidant salarié sur cinq déclare que l'aide apportée a un impact sur sa vie professionnelle : 8% ont dû refuser une mobilité géographique, 6% ont réduit leur temps de travail, 4% ont refusé des heures supplémentaires, 3% ont refusé une promotion professionnelle et 3% ont carrément arrêté leur activité professionnelle.
L'aide apportée à un proche a également pour conséquence d'accroître fortement le temps de trajet quotidien moyen (entre le domicile personnel, le lieu de travail et le domicile de la personne aidée).
Malgré l'aide apportée, 67% des aidants se déclarent néanmoins en bonne santé, 25% déclarent un état de santé "satisfaisant" et seuls 8% se disent en mauvaise santé.
Enfin, interrogés sur la façon dont ils ressentent l'aide apportée à leur proche, 41% disent avoir peur de ce que l'avenir réserve à leur proche, 30% disent sentir que leur proche est dépendant d'eux et 24% disent sentir qu'ils sont la seule personne sur laquelle compte leur proche pour prendre soin de lui.
La Fondation Méderic Alzheimer a également interrogé un échantillon de 40-64 ans - aidants ou non aidants - sur leurs opinions et leurs attentes. Parmi les résultats, on retiendra que 61% estiment que c'est à l'Etat et non aux familles de prendre en charge les personnes âgées dépendantes et - sans surprise - que 91% jugent que l'Etat devrait soutenir davantage les aidants (congés payés, indemnités, formation...). De même, 83% pensent que les entreprises devraient elles aussi davantage soutenir leurs salariés aidants.