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Emploi - Les quinquas dans la tourmente

L'activité des seniors en France reste l'une des plus faibles de l'Union européenne. Un problème que les régions rechignent encore à traiter. A de rares exceptions près, comme en Rhône-Alpes.

Dans un marché de l'emploi en berne, la situation des seniors n'est pas des plus enviables. Encore moins en France où le taux d'emploi des seniors (55-64 ans) est déjà l'un des plus faibles des pays d'Europe : 38,3% contre 44,7% en moyenne dans l'Union européenne. On est bien loin de l'objectif de 50% fixé au niveau communautaire. Et plus encore du début des années 1970 où trois quinquagénaires sur quatre étaient en activité en France. Depuis des années les plans se succèdent (plan Fillon en 2003, plan Larcher en 2006) et la situation est toujours la même. Avant même le début de la crise, le gouvernement en a fait une priorité nationale. C'est une condition de réussite de la réforme des retraites. Plusieurs mesures ont été annoncées aux partenaires sociaux dès juin 2008 : favoriser le maintien des seniors dans l'emploi en supprimant les limites d'âge et la mise à la retraite d'office, faciliter le cumul entre pension de retraite et revenus d'activités, relever progressivement l'âge de dispense de recherche d'emploi (DRE) et accompagner les seniors pour favoriser leur retour vers l'emploi. La loi de financement de la Sécurité sociale 2009 a permis certaines adaptations. L'article 87 incite ainsi les entreprises à conclure d'ici le 1er janvier 2010 un accord en faveur de l'emploi des seniors, sous peine de pénalités financières correspondant à 1% des rémunérations. L'article 88 traite quant à lui du cumul emploi/retraite : il est autorisé depuis le 1er janvier 2009, sans restriction, dès 60 ans, lorsque les assurés ont eu une carrière complète et au-delà de 65 ans. Le plafond imposé actuellement au cumul entre le salaire et la pension (1,6 Smic) et le délai de carence de six mois applicables sont supprimés. Enfin, l'article 89 majore le taux de la surcote. Ce taux, qui majore les pensions des assurés qui continuent à travailler alors qu'ils pourraient avoir droit à leur retraite à taux plein, est porté à 5% par an dès la première année.
Laurent Wauquiez, le secrétaire d'Etat à l'Emploi, souhaite aussi recourir au tutorat en entreprise, c'est-à-dire la transmission des savoirs. Sur la base du rapport de Bernard Masingue, directeur de la formation chez Véolia, qui devrait être remis dans les prochaines semaines, des mesures pourraient être insérées dans la future loi sur la réforme de la formation professionnelle qui doit être présentée en 2009.
Le gouvernement entend ainsi revenir à un taux de 45% des plus de 55 ans au travail d'ici cinq ans. C'est déjà moins ambitieux que l'objectif du plan Larcher de 2006 qui tablait, lui, sur un taux de 50% à horizon 2010 conformément aux engagements européens ! Toutes ces mesures pourraient une nouvelle fois de s'avérer vaines si aucun travail n'est fait sur "l'employabilité" des seniors, à savoir la formation professionnelle, essentielle pour se maintenir à flot.

 

Retour à l'emploi

Or, pour le moment, les collectivités territoriales rechignent encore à prendre en charge l'emploi des seniors, considèrant que la tâche revient au gouvernement. Certaines d'entre elles ont toutefois décidé de prendre le problème à bras le corps en favorisant le maintien ou le retour à l'emploi des publics en difficulté. C'est le cas en Rhône-Alpes. La région soutient les petites entreprises dans la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) à travers un dispositif dénommé Securise'RA (Sécuriser l'emploi en Rhône-Alpes). Elle finance ainsi des actions de conseil sur la gestion des âges et la transmission des savoirs. Autre dispositif : les contrats d'aide et de retour à l'emploi durable (Cared). Grâce à ces contrats, initialement développés pour les jeunes et les femmes, "les entreprises s'engagent à embaucher durablement des seniors, en contrepartie, la région permet aux seniors de suivre une formation adaptée", explique Christiane Puthod, conseillère déléguée à l'emploi à la région Rhône-Alpes. 10.000 formations ont pu être ainsi mises en place grâce à ces contrats, tout public confondu. "Si l'emploi des seniors relève de la responsabilité de l'Etat, nous avons souhaité faire du cousu main à travers les Cared pour les seniors."
En Paca, un "plan régional pour l'emploi des seniors" a été lancé en 2007 suite aux assises sur les seniors qui s'étaient déroulées à Avignon. Patronat, syndicats, Pôle emploi, organismes de formation, conseil régional et Etat devraient signer une charte autour d'engagements communs.
Les Agefos PME de la zone Sud (Auvergne, Corse, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Paca, Rhône-Alpes) sont elles aussi très actives et viennent d'éditer un bilan des nombreuses actions menées sur leur territoire. En Midi-Pyrénées, par exemple, le dispositif SécuriPass a permis de mener des "diagnostics sécurisation des parcours professionnels" auprès des 710 TPE et PME en 2008 pour évaluer leurs besoins. 400 salariés (dont un quart de plus de 45 ans) ont ensuite bénéficié d'un accompagnement auprès du Centre institutionnel des bilans de compétence (CIBC) avant d'être aiguillés vers les dispositifs adéquats : droit individuel à la formation (DIF), période de professionnalisation, validation des acquis de l'expérience (VAE), etc. Le modèle finlandais avec ses résultats édifiants (55% des seniors en activité) n'est peut-être pas le seul à mériter de l'intérêt.


E.Z. et M.T.

 

"La cinquantaine est le moment idéal pour créer son entreprise"

Environ 16% des créations d'entreprises sont le fait des 50 ans et plus. C'est ce que révèle une étude sur les seniors et la création d'entreprise réalisée par l'APCE et les chambres de commerce à l'occasion du Salon des entrepreneurs. Si 81% de ces créateurs d'entreprise ont moins de 60 ans, tous sont unanimes : "La cinquantaine est le moment idéal pour créer son entreprise." D'un côté, les contraintes familiales sont moindres, de l'autre, ils ont atteint une certaine maturité dans leur parcours professionnel. D'après l'étude, 12% des seniors envisageraient de se lancer dans l'aventure. Un chiffre qui grimpe à 18% pour la tranche des 50-64 ans, soit un vivier potentiel de 2,5 millions de créateurs de 50 ans et plus en France.

E.Z.