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Hausse des prix des carburants - Les professionnels des transports publics veulent des compensations

L'UTP pour les transports urbains et la FNTV pour les transports interurbains ont réclamé le 2 septembre l'adoption de mesures destinées à compenser la forte hausse des prix des carburants pour leurs entreprises et à soutenir le développement de l'offre de transports publics.

Face à la forte hausse des prix de l'énergie (1), les professionnels des transports urbains et interurbains - Union des transports publics et ferroviaires (UTP) et Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) - ont décidé de faire cause commune pour formuler auprès de l'Etat et des collectivités un certain nombre de propositions visant à compenser l'augmentation des charges qui en résulte. "Nos professions présentent de fortes similitudes, nous transportons souvent les mêmes personnes qui au cours de leurs déplacements empruntent à la fois les autocars, les autobus et les transports ferroviaires, et nous sommes aujourd'hui confrontés aux mêmes problèmes", ont souligné Michel Cornil, président de l'UTP, et Serge Fouquet, président de la FNTV, au cours d'une conférence de presse commune le 2 septembre.
Alors que le contexte est favorable au développement des transports urbains et interurbains - leurs trafics ont augmenté de 6,3% sur l'année 2007 -, les coûts des entreprises  explosent. Le carburant, qui représentait jusqu'en début d'année environ 12% des charges dépasse aujourd'hui les 15% voire 20% sur certaines activités. Or, les clauses d'indexation des prix prévues dans la grande majorité des contrats avec les autorités organisatrices des transports (AOT) ne permettent pas de suivre de tels niveaux de hausses.

 

Pour une meilleure prise en compte de la hausse dans les contrats

Dans certains cas, l'équilibre économique des contrats peut être remis en cause, ce qui à terme devrait empêcher les entreprises de fournir le service public prévu, s'inquiètent l'UTP et la FNTV. Le surcoût supporté actuellement par un réseau est estimé à environ 4 à 5% depuis le début de l'année. "Cette hausse du coût d'exploitation conduit les entreprises à de grosses difficultés pouvant aller pour certaines entreprises interurbaines jusqu'à menacer leur existence", ont déploré les deux fédérations qui réclament notamment la possibilité de passer des avenants dès ce mois de septembre pour les transports scolaires.
Au moment où de plus en plus de personnes sont tentées de délaisser leur voiture pour emprunter les transports publics, les professionnels s'inquiètent aussi de la capacité d'absorption des réseaux et du développement d'une offre nouvelle. "Face aux pressions financières et à la dégradation continue du ratio recettes sur dépenses, les autorités organisatrices de transport vont être obligées de faire des choix et en conséquence peuvent être amenées à réduire l'offre de transport : suppression des bouts de ligne et des petites dessertes locales, réduction des plages horaires et des offres de week-end, allégement de certains services spécialisés (transport à la demande, par exemple)", ont-ils prévenu.
L'UTP et la FNTV entendent donc proposer aux collectivités de rechercher ensemble des solutions. La FNTV, qui se dit satisfaite de la publication récente d'un décret instituant le contrat type de voyageurs pour les transports occasionnels par autocars permettant notamment la prise en compte automatique des hausses de carburants, a rendez-vous dès le 9 septembre avec l'Assemblée des départements de France (ADF) pour discuter de la révision des conventionnements.

 

Promotion de l'intermodalité

L'UTP et la FNTV interpellent aussi l'Etat pour obtenir des réductions de charges salariales, à l'instar des mesures prises pour l'agriculture et la pêche. Les deux fédérations voudraient obtenir pendant trois ans une franchise des cotisations patronales jusqu'au Smic afin de compenser pour partie la charge que constitue la hausse du gazole et de pouvoir répondre, en liaison avec les AOT, aux demandes nouvelles d'offre de transport public.
Elles souhaitent aussi que les engagements du Grenelle de l'environnement soient tenus, notamment pour la création de transports en commun en site propre (TCSP). "Le secteur du transport public ne peut se satisfaire des délais et des montants énoncés dans le projet de loi Grenelle 1 qui réduit le soutien de l'Etat à 2,5 milliards (au lieu des 4 annoncés à l'issue du Grenelle en octobre dernier, NDLR)", ont rappelé l'UTP et la FNTV. Cette dernière demande en outre au gouvernement des mesures d'accompagnement financier permettant aux entreprises du secteur interurbain de renouveler plus rapidement leur parc et de le remplacer par des véhicules moins polluants et plus sobres en carburant.
Enfin, à plus long terme, l'UTP et la FNTV souhaitent une mise en cohérence des compétences des collectivités et l'amélioration de l'efficacité globale du système de mobilité. "Il faut veiller à la bonne productivité de notre secteur d'activité, a insisté Michel Cornil, et nous attachons beaucoup d'importance au développement de l'intermodalité, c'est-à-dire à la recherche d'une meilleure harmonisation entre nos différents types de transports pour éviter de doublonner les services, de même qu'à la mise en place de véritables autorités organisatrices de la mobilité incluant toutes les compétences (voirie, stationnement, etc.)."  Pour favoriser l'intermodalité et la coopération entre collectivités, les professionnels des transports publics souhaitent également que soient confiés aux régions un certain nombre de compétences transversales telles que la billettique intégrée, l'information voyageurs partagée et la gestion des espaces communs.

 

Anne Lenormand

(1) + 66% pour le prix moyen du gazole professionnel en avril 2008 par rapport à janvier 2004.