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Culture - Les pratiques culturelles n'échappent pas aux inégalités sociales

L'Observatoire des inégalités publie une synthèse sur "Les pratiques culturelles selon les catégories sociales et les revenus" qui confirme que le secteur n'échappe pas aux inégalités. Et cela, même si "les pratiques culturelles (lecture, cinéma, musées, théâtre, etc.) se sont diffusées au cours des trente dernières années, notamment parce que l’élévation du niveau de diplôme et des niveaux de vie se sont conjugués avec la croissance de l’offre culturelle et sa meilleure mise en valeur (bibliothèques, patrimoine culturel, expositions...)".
Malgré cette amélioration d'ensemble, les écarts demeurent importants, avec des différences significatives selon les activités culturelles. Bien qu'utilisant les mêmes données, la vision de l'Observatoire se révèle toutefois plus pessimiste que celle du Crédoc qui consacrait, l'été dernier, une analyse détaillée à la visite des musées, des expositions et des monuments. Il est vrai que cette activité a l'avantage d'être relativement peu coûteuse (voir notre article ci-contre du 12 juillet 2012).
Le coût n'est toutefois pas la seule explication des écarts. L'observatoire montre ainsi que 20% des ouvriers sont allés au théâtre ou au concert au moins une fois au cours des douze derniers mois, contre 61% des cadres supérieurs. Mais l'écart est pourtant du même ordre pour un loisir qui peut être quasi gratuit comme la lecture (grâce aux bibliothèques de prêt) : 28% des ouvriers ont lu au moins un livre au cours des douze derniers mois, contre 81% des cadres supérieurs. Le cinéma se révèle l'activité culturelle la moins inégalitaire, puisque 38% des agriculteurs - pénalisés par le manque de salles - ont vu au moins un film en salles au cours des douze derniers mois, contre 80% chez les cadres supérieurs. Les écarts sont également plus resserrés pour la fréquentation des expositions, musées ou sites du patrimoine : le pourcentage des personnes ayant fréquenté l'un de ces lieux au cours des douze derniers mois va ainsi de 44% chez les ouvriers à 86% parmi les cadres supérieurs. Ce pourcentage tient toutefois essentiellement à la fréquentation des sites du patrimoine, dont l'accès est gratuit ou à très faible coût. Si on retire les sites du patrimoine, les écarts se creusent : 20% chez les ouvriers et 67% chez les cadres et professions intellectuelles supérieures.
L'observatoire montre aussi que le niveau de revenus est moins discriminant que le niveau d'éducation. Ainsi, 54% des hauts revenus (supérieurs à 3.000 euros par mois pour une personne seule) ont visité au moins une exposition ou un musée contre 23% des bas revenus (inférieurs à 1.200 euros) . De même, 23% des ouvriers disent avoir renoncé à visiter une exposition, un musée ou un monument au cours des derniers mois parce que c'était trop cher. Mais c'est aussi le cas de 28% des cadres et professions intellectuelles supérieures...