Environnement - Les ports de plaisance affûtent leurs outils de développement durable
Le 30 octobre, lors de la septième journée de la Fédération française des ports de plaisance (FFPP) qui s'est tenue au Sénat, Yvon Bonnot, maire de Perros-Guirec et président de l'Association nationale des élus du littoral (Anel), a rappelé qu'une saine dynamique portuaire est un "atout majeur pour une collectivité" et que "celles qui savent prendre le risque d'un développement durable de leurs ports ne le regrettent généralement pas". Le thème de la gestion durable était en effet au cœur de la programmation de ce colloque. Après un rappel du contexte réglementaires et des dernières mesures insufflées par les Grenelles de l'environnement et de la mer, Brieuc Morin, directeur des ports au sein de la société d'économie mixte (SEM) qui gère les ports du pays de Lorient, a fait le point sur trois outils : le Pavillon bleu, "une démarche avant tout de promotion touristique et de communication", l'opération "Ports propres", initiée par la région Paca, qui fait l'objet d'un dispositif de certification depuis l'an dernier et repose sur une convention de financement entre partenaires publics, ainsi que l'Iso 14001, une norme de management de l'environnement.
"A Lorient, c'est pour cette dernière démarche qu'on a opté, a expliqué Brieuc Morin. Elle n'est pas très connue dans le milieu portuaire et on avait des doutes quant aux bénéfices attendus, mais elle s'adapte en fait relativement bien à ce type d'infrastructures. Néanmoins la démarche est lourde, cela nous a pris un an pour la mettre en oeuvre et mieux vaut s'appuyer sur un bureau de conseil pour la faire aboutir. Et privilégier une approche concrète en vue d'impliquer au mieux les agents portuaires dans la démarche, par exemple en mettant à plat les problématiques environnementales à travers des éco-cartes visuelles et faciles à appréhender." Au final, cet audit a coûté 5.000 à 6.000 euros et la première visite de contrôle entre 1.000 et 2.000 euros.
Benoît Vasselin, chef du service Mer à la direction de l'environnement de la région Paca, a ajouté qu'il ne fallait pas négliger la formation des agents portuaires et qu'un programme désormais bien rodé dans le cadre de l'opération "Ports propres" se diffusait en ce sens au niveau national. Selon lui, la dimension environnementale est en passe d'être acquise dans les ports. Mais dans une optique de développement durable, il reste à mieux prendre en compte l'aspect culturel, patrimonial et surtout social de "ces équipements publics qu'il est parfois difficile de rendre accessibles, l'objectif étant justement de réduire cet effet d'exclusion". "Leur accessibilité est essentielle et pour l'améliorer, commençons par mieux intégrer les ports dans nos villes et par penser cette intégration à la bonne échelle territoriale, c'est-à-dire au niveau départemental, régional mais aussi à l'échelle des Scot ou schémas de cohérence territoriale", a renchéri Yvon Bonnot. Une initiative va selon lui dans ce sens : la coopération engagée dans les régions atlantique par les conseils économiques et sociaux régionaux (CESR) de cette même façade. En juin dernier, ils ont ainsi remis un rapport riche de 50 propositions en faveur du nautisme durable.
Enfin, un autre outil est en passe d'être dévoilé au public, à l'occasion du Salon nautique qui se tiendra du 5 au 13 décembre prochain : un observatoire des ports de plaisance. Selon Jean-François Jouffray, adjoint au directeur des affaires maritimes au sein du ministère de l'Ecologie, la création de cette plateforme par la direction de la mer vient répondre à un besoin puisqu'"aucun outil de ce type n'existait jusqu'alors et que les derniers états des lieux complets remontent à plusieurs années". D'où l'intérêt de cet outil, destiné à recenser les divers types de structures existantes, leurs modes de gestion et leurs activités, leur nombre d'employés et les actions spécifiques qu'elles mettent en oeuvre, etc. La première année de fonctionnement, les gestionnaires de ports seront plus particulièrement sollicités en vue d'alimenter cette base de données en informations utiles. "Mais il ne s'agira pas seulement d'une base de données, mais bien d'un outil utile à tous les acteurs de la plaisance, y compris les collectivités directement concernées par la vie portuaire", a conclu Jean-François Jouffray.
Morgan Boëdec / Victoires-Editions