Archives

Spectacle vivant - Les opéras en région ont réussi leur mobilisation

Très en pointe dans le combat pour le maintien des subventions de l'Etat, les théâtres lyriques ont réussi la deuxième édition de l'opération "Tous à l'opéra", après une première tentative plus discrète l'an dernier. Organisée par la Réunion des opéras de France (ROF) - présidée par Laurent Hénart, député de Meurthe-et-Moselle et adjoint au maire de Nancy - l'opération bénéficie notamment d'un soutien du ministère de la Culture et de la Caisse des Dépôts. Elle était placée cette année sous le parrainage du ténor Roberto Alagna. Plus de 90.000 personnes se sont rendues, le 18 février, dans les 28 opéras participant à cette manifestation, afin de découvrir les théâtres, les coulisses et les métiers de l'art lyrique. L'objectif affiché est en effet de "faire découvrir la vie des opéras, de bousculer les idées reçues et de défendre le spectacle vivant dans son excellence et sa diversité".
Si Paris a enregistré la plus grande affluence avec 12.000 visiteurs (dont 7.500 au palais Garnier), les opéras de province ont connu un grand succès : 10.000 personnes à Toulouse, 9.500 à Bordeaux, 7.000 à Lyon, 6.000 à Marseille, 4.000 à Tours et à Nice, 3.500 à Vichy ou Massy, plus de 2.000 à Nancy et Toulon et plus de 1.000 à Avignon, Limoges, Longjumeau et Rennes.
Pour le président de la ROF, ce "succès de l'initiative [...] confirme sa pertinence : les opéras sont des lieux ouverts à tous et le succès populaire de cette manifestation prouve qu'ils peuvent trouver de nouveaux auditoires". Un engouement pour l'art lyrique qui semble trouver sa traduction dans les chiffres, puisque les établissements regroupés au sein de la ROF affichent une progression de leur fréquentation de 20% en 2007. La dernière édition des "Cultural Statistics" de l'Union européenne montre cependant que seuls 19% des Français déclarent avoir assisté à un ballet ou à un opéra au cours des douze derniers mois, contre des taux de fréquentation de 32% pour le théâtre, 43% pour les musées et 54% pour les monuments historiques.
Cette réussite de l'édition 2008 de "Tous à l'opéra" - que la ROF vient d'ailleurs de décider de reconduire pour quatre ans - tombe au bon moment pour l'art lyrique. En novembre dernier, une vive polémique publique avait en effet opposé plusieurs directeurs d'opéras en région au ministère de la Culture. Ceux-ci redoutaient une forte réduction des subventions de l'Etat aux opéras de province, voire une suppression pure et simple du financement de l'Etat pour certains d'entre eux, comme Avignon, Metz et Tours. Or, avec une enveloppe d'une trentaine de millions d'euros, l'Etat est le second financeur des opéras en région (12,8% de leurs budgets en moyenne), certes loin derrière les villes (plus de 60%) mais devant les régions (7,4%) et les départements (2,3%). Les opéras ont finalement obtenu gain de cause, puisque la ministre de la Culture a annoncé, à la mi-décembre, une rallonge budgétaire de 34,8 millions d'euros pour l'ensemble du spectacle vivant. Ce double succès place aujourd'hui les opéras de province dans une position de force dans les "Entretiens de Valois" - sorte de "Grenelle" de la culture - que vient de lancer Christine Albanel. Ainsi que l'indique Laurent Hénart, dans le communiqué présentant le bilan de "Tous à l'opéra", "les Opéras en région méritent, de la part de l'Etat, une politique de fond et un investissement dans la durée et, de la part des collectivités territoriales, le renouvellement de leurs engagements".

 

Jean-Noël Escudié / PCA